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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°85 - Mars 2001
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Une campagne sous haute sécurité


Moins il y a d’opposition entre les programmes de droite et de gauche dans les domaines économiques et sociaux, plus ceux-ci rivalisent dans le domaine sécuritaire, l’immigration étant, sauf dans certaines communes, peu citée pendant les élections municipales. Tous les candidats défendent des recettes identiques : de l’extrême droite aux Verts (sauf l’extrême gauche). La sécurité retient toute l’attention des postulants et la droite a choisi d’en faire son cheval de bataille au vue des résultats "catastrophiques" publiés par le ministère de l’Intérieur en ce début de février. Mais la gauche n’est pas en reste : Comité local de sécurité, vidéo-surveillance, police de proximité, tout l’arsenal est déployé pour rassurer le citoyen. Que les problèmes soient réels, personne ne peut en douter, mais les réponses sont inadéquates : aucune ne peut répondre aux différents problèmes posés par le développement de ce que l’on appelle communément les incivilités et de la délinquance. Deux problèmes très différents, mais assimilés, pérenisant ainsi les fantasmes de ceux qui se terrent dans leur appartement de jour comme de nuit. En cassant les liens sociaux, en dépersonnalisant les conflits, en refusant de mettre au coeur du dispositif les habitants, en faisant appel à "la force publique", les différentes politiques municipales, régionales ou nationales, comme le dit le proverbe mettent du sparadrap sur une jambe de bois. La "tolérance zéro", slogan pour spectacle médiatique, ramené dans leurs valises américaines par des industriels de la sécurité (de gauche et de droite), a pour fonction de développer un marché privé, très juteux au demeurant, pour "suppléer" aux carences de l’Etat.


En dehors d’une transformation des rapports économiques, d’une amélioration de la vie des gens dans les quartiers, c’est la vie sociale qui est à replacer au centre de toute intervention politique. Mais le courage n’étant pas le fort de nos politiciens, personne n’oserait annoncer que la sécurité passe par la solidarité et l’échange, par la rencontre et la discussion, entre TOU-TE-S les habitants ; En enserrant les gens dans des peurs nées de conflictualités et de ressentiments (objectifs et subjectifs), on les place dans l’irresponsabilité vis-à-vis des autres et dans un rapport individuel au besoin de vivre en sécurité. Certes, il est difficile d’avancer sur terrain tant que manque des relais associatifs et une volonté politique de faire autrement. Car il faudrait lancer de véritables débats sur tout ce qui touche au quotidien et donc de la misère - dont l’économie n’est qu’un des facteurs - et le peu de listes alternatives ne peut que nous inciter à de la modestie dans ce domaine.

P.S


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