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Edito

Tu n’as rien, tu n’es rien !

"Tous les animaux sont égaux mais certains le sont plus que d’autres." Par ces mots George Orwell dans La ferme des animaux soulignait à l’époque une des dérives du communisme étatique mis en place par Lénine et consolidé par Staline. L’Egalité n’était plus qu’un beau concept vidé de son sens mais qui régalait toujours autant dans les discours du Kremlin. Pendant ce temps, les porcs se gavaient sur les bords de la mer Noire... Plus de cinquante ans après la sortie du livre, et depuis la chute du mur de Berlin, les tenants dulibéralisme ont beau jeu lorsqu’ils affirment que le libéralisme a triomphé à jamais. Ces quelques mots d’Orwell doivent leur paraître désormais bien désuets, puisque le bonheur est désormais à la portée de chacun(e), avec évidemment un peu d’efforts et un semblant de chance (ah-ah !).

Pourtant, ces lignes, n’ont rien perdu de leur pouvoir d’évocation. Pour nous libertaires, elles collent malheureusement parfaitement au quotidien de la société marchande. Si les apparatchiks ont disparu, les inégalités, elles, ne cessent de croître. Les "plus-égaux" sont désormais ceux et celles qui consomment sans restrictions et sans vergogne : je consomme donc je suis ! Tu n’as rien, tu n’es rien, telle est la nouvelle équation qui détermine nos vies. Il n’y a qu’à observer le consommateur bien-aimé courir les soldes de magasin en magasin pour s’en convaincre. Mais déjà, ses jouets, à peine déballés, tous neufs et tous clinquants, ne l’amusent plus vraiment et l’impression diffuse de contentement et d’une vie "heureuse" s’estompe. Etonnant non ?

Aujourd’hui, les moyens de se réaliser ne sont pas légions. La lutte prend donc toute sa dimension. Elle aide à se réaliser individuellement, elle permet d’espérer tout en s’intégrant et en participant à l’élaboration d’un projet collectif. Lutter c’est vivre ! C’est prendre conscience chaque jour que l’alternative est possible et qu’elle reste à construire. Evidemment, cela ulcère les quelques membres du Rotary club mondial ainsi que leurs majordomes-gouvernants. Alors, la criminalisation et le répression ne traînent jamais bien loin. Remember Nice ! Les peines qui menacent les FTP le rappelle elles aussi lourdement. A Montpellier, lors des procès du 8 et 15 février, les réquisisitions contre les paysans qui refusent les OGM, les diktats libéraux et le productivisme ont été très dures.

Pourtant, malgré les coups de bidule, la résistance et la lutte continuent de s’organiser : Les FTP sont bien vivants ! Les indien(ne)s du Chiapas sont vivant(e)s ! Les féministes sont vivant(e)s ! Les chômeur(se)s et précaires qui militent pour les transports gratuits sont vivant(e)s ! Les Sans-Terres sont vivant(e)s ! La longueur de la liste des vivants prouve que la solidarité est vouée à un bel avenir.

Alors, un peu de patience et bientôt nous constaterons que les tours de la Défense, de Wall-Street ou de la City commencent à sentir le sapin... Tiens !? Y’a pas comme une odeur ?