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> N°86 - Avril 2001
(ancienne formule) > A la recherche d’un mouvement libertaire |
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A la recherche d’un mouvement libertaireUn nouvel et enième appel ! Encore un ! Peut-être ? Sans doute beaucoup se disent : "On ne va pas encore perdre notre temps dans cette galère". Ce serait oublier un peu vite l’histoire du Réseau No Pasaran et de ses antécédents.
Souvenons-nous, lorsque quelques uns créèrent le mouvement antifasciste radical au début des années 80, c’était pour répondre à une carence des organisations libertaires. En effet, celles-ci, comme bien d’autres courants politiques ne prenaient pas en considération l’importance de la montée du Front national et la résurgence des groupes néo-nazis. La guerre de chapelles entre organisation battait son plein, l’énergie militante s’épuisait donc dans une certaine stérilité. Celle-ci avait tendance à fuir plutôt qu’à construire. A l’époque, nous souhaitions construire un outil de lutte contre ce phénomène, outil qui devait, entre autres, servir à faciliter la coordination des mouvements radicaux sur le sujet. En 1992, était créé le Réseau No Pasaran. Nos objectifs n’avaient pas changé ; simplement, nous militions pour tenter de favoriser l’émergence de pôles, libertaires et anti-autoritaires, à travers des luttes concrètes, des campagnes... L’évolution du Réseau a fait que le combat anticapitaliste devint un de nos thèmes majeurs au même titre que l’antifascisme. Cela s’est concrétisé lors d’initiatives comme les groupes anti G7 en 1997 lors du sommet de Lyon, l’élaboration d’une Initiative Anti capitaliste, lors de la marche européenne de AC !, la création des Collectifs anti-expulsions, la campagne des Trains Gratuits (Cologne 99), la mobilisation contre le sommet de Nice (2000) et bien d’autres encore. Cela rencontra plus ou moins de succès selon les circonstances. Tout ceci, pour dire que nous avons pleinement conscience de l’importance de constituer des outils de lutte et de réflexion. En effet, aucune organisation libertaire ne peut avoir la prétention à elle seule de pouvoir peser sur la réalité sociale et politique. En outre, lorsque l’on regarde l’activité de multiples groupes dans différentes villes, on s’aperçoit qu’une dynamique unitaire est déjà en oeuvre, sauf qu’elle a bien souvent du mal à s’échapper de sa dimension locale, à quelques exceptions près. Cet "Appel pour un mouvement liberaire" tente de prendre en compte ces réalités. Il comporte plusieurs intérêts : il tente de lutter contre le fonctionnement de chapelle. Sans remettre en cause l’existence des organisations et sans vouloir en recréer une, il propose d’initier, à partir des militant-e-s et des groupes, des liens politiques qui nous permettront de renforcer notre courant politique. Il est évident que si l’on reste dans nos chapelles respectives, chacune et chacun ira coller ses affiches, tiendra son débat public, participera à son cortège de manif, sans que cela ait d’incidences politiques sur l’évolution des dits mouvements ; il correspond à la période que nous traversons. La mondialisation rencontre de plus en plus de résistances, d’oppositions. Il importe pour le mouvement libertaire et anti-autoritaire de se donner les moyens de peser dans ces mouvements de contestation du capitalisme ; il assume notre incertitude sur les modes révolutionnaires. Grand Soir ? Cela devient de plus en plus mythique. Il importe, dès aujourd’hui, par nos créations, actions, les situations, de mettre en place les germes (dans ses modes de fonctionement pluralistes et les métissages) d’une société libertaire. Notre futur doit déjà se vivre dans les morceaux du présent sur lesquels nous voulons et pouvons agir. il ne s’adresse pas exclusivement aux anarchistes. Il souhaite aussi travailler avec toutes les personnes, ne se revendiquant pas forcément libertaires, mais ayant des valeurs et des pratiques radicalement anticapitalistes et anti-autoritaires. Par notre unité concrète, notre solidarité active nous pourrons ouvrir nos imaginations, pas une unité d’états-majors, entre responsables d’organisations, mais une unité fondée sur nos appartenances, nos pratiques, nos spécificités, nos réflexions, nos échanges, nos apports mutuels, nos désaccords. Nous ne voulons pas d’une unité de façade. Le but n’est pas de recomposer un mouvement radical en une seule organisation, mais de construire des lieux collectifs dans lesquels les anticapitalistes et anti-autoritaires pourront se donner les moyens d’agir sur la réalité présente. Des lieux et des moments où nous pourrons réfléchir, nous organiser par rapport à des initiatives concrètes, agir et faire partager nos idées et pratiques. Notre espoir n’est pas totalement infondé. Il existe déjà, dans plusieurs villes en Europe, en Amérique du Sud et peut-être ailleurs, des lieux où l’ensemble de la scène alternative se retrouve, lutte et construit au quotidfien les germes de cette unité, à travers des contre-pouvoirs. Partons de ces réalités et vivons nos luttes comme la mise en oeuvre de notre volonté créatrice d’un autre futur. A travers cet appel, nous affirmons que les libertaires, les anticapitalistes et les anti-autoritaires ont tout à gagner à s’unir en un vaste mouvement. L’anarchisme social, s’il veut pouvoir être un espoir pour les damnés de la tere, mais ausi pour tous ceux et celles en lutte contre cette soiciété profondément inégalitaire et destructrice des êtres humains et de l’environnement social et écologique, ne fera pas l’économie d’une actualisation de ses grands principes ; les libertaires se doivent d’expliquer comment et avec qui ils entendent changer le monde. En effet, "le chemin se trace en marchant". Signez, faites signer cet appel et commençons à construire ce mouvement pour tenter de faire basculer l’histoire comme nous le voulons ! JC |
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