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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°86 - Avril 2001
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> La question identitaire en débat (2)

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La question identitaire en débat (2)



Que les choses soient claires…

Réponse à Régis

En premier lieu il est nécessaire de préciser que l’article en question est " un coup de gueule " et n’a pas prétention à être un article particulièrement " scientifique ". D’où, forcément, un ton virulent et l’absence de données dites " scientifiques ". Cette lettre ouverte aux " anars dogmatiques et aux dogmes de tous bords " n’a pas en ligne de mire une organisation précise mais les individus dogmatiques en question que l’on retrouve un peu partout. Cependant, il est vrai qu’il est fait allusion à la Fédération Anarchiste et que celle-ci mérite un minimum d’excuses étant donné que c’est la seule organisation citée dans le texte. Le résultat étant que l’on peut prendre l’article pour une attaque spécialement dirigée contre la FA. Là n’était pas le propos. Le "Ni français ni basques : rien !" est avant tout un exemple, dont le but est d’illustrer la manière caricaturale d’aborder la problématique des "identités" qui à tendance à passer à la trappe un peu rapidement.

Cependant l’auto-flagellation s’arrêtera là. Revenons aux slogans du style : "Ni français, ni bretons, ni européens : citoyens du monde" (FA de Lorient). Si la démarche est compréhensible ( il s’agit de s’opposer au chauvinisme, qu’il soit français, breton ou autre) le résultat n’en est pas moins risible… Que certains militants libertaires ne se sentent pas une identité particulière (hormis l’identité anar…) se comprend aisément, mais il faudrait éviter de faire de son cas personnel une généralité réductrice. Un peu d’ouverture d’esprit serait appréciable : être libertaire Et breton n’est pas antinomique. La galaxie libertaire est loin d’être uniforme : les anars indépendantistes bretons existent (David Vincent les a vus...). Pour une fois soyons pragmatiques car nier les réalités culturelles existantes ne fera pas avancer les idées libertaires au sein de la population, bien au contraire…Il y a un vide certain laissé par les libertaires en ce qui concerne les questions "identitaires" et les luttes d’émancipation des peuples. Si nous n’investissons pas le terrain en profondeur (et non pas superficiellement, à coup de slogan "négationiste") l’extrême droite se chargera de le faire à notre place ! ! ! Dans cette perspective il devient indispensable, en effet, de se pencher sur des concepts comme celui de nation, de région, de peuple etc… sur la légitimité de ces concepts, de les définir voire de les redéfinir. Cette problématique est-elle par essence réactionnaire ou dépend-elle de ceux et celles qui s’en réclament ? J’aurais plutôt tendance à pencher pour la deuxième solution. Si au début du siècle la langue bretonne était considérée par ses détracteurs comme étant la langue de l’obscurantisme et des curés c’est parce que les curés étaient quasiment les seuls à la défendre ! Les mouvements de libération nationale sont en effet uniformes en ce qui concerne leur volonté de création d’un nouvel Etat, mais n’est-ce pas justement une raison importante d’essayer d’y apporter une alternative anti-étatique et libertaire ?

Ceci étant dit, l’article du groupe de la FA de Nantes qui est cité (et nettement paraphrasé…) est ouvert d’esprit et pertinent sur de nombreux points. Malheureusement le nombre d’articles de libertaires se penchant sur le sujet de manière un tant soi peu développée est minime. Le texte du groupe de Nantes, aussi intéressant qu’il soit, n’est malheureusement pas représentatif de l’ensemble mais fait plutôt figure d’exception (particulièrement sur la question des prisonniers politiques bretons). En abordant le sujet avec des libertaires d’orgas diverses et des individus, on rencontre à la fois des militants ouverts à la question des identités mais aussi des militants frileux, voire totalement bornés sur ces questions. Sur la question de la répression politique que subissent des militants bretons, bien souvent le dialogue est impossible car ceux-ci sont "des nationalistes". En revanche on fait des pieds et des mains pour la libération de Mumia…qui n’est pourtant pas forcément un modèle de "Ni Dieu, ni maître". Au niveau des questions linguistiques, le débat est trop souvent évacué au profit d’un refrain sur l’espéranto qui peut s’avérer ambigu. Car si l’espéranto représente une alternative intéressante en tant que langue de communication internationale je laisserai Emile Masson préciser que : "Songer à détruire les langues nationales pour l’amour d’une langue internationale serait, à mon avis, aussi absurde que de combattre l’idée d’une langue internationale pour l’amour des langues nationales" ( Article paru dans Les Temps Nouveaux, 6 Juillet 1912). Enfin, quand on aborde la question des peuples et de leur droit légitime à disposer d’eux-mêmes, bien souvent on soutient Marcos et son EZLN mais quand il s’agit du peuple breton, corse, basque…il n’y a plus grand monde ! C’est tellement plus exotique et courageux de défendre des causes lointaines et consensuelles… La justesse des causes varierait elle en fonction de l’éloignement ou de la proximité géographiques ?

Mon propos était dirigé vers ceux qui ont tendance à faire preuve d’un certain dogmatisme qui sied mal aux conceptions libertaires de tolérance et de droit à la différence. Ce n’est pas non plus un appel à ramollir ses convictions pour accepter, sous prétexte de tolérance, n’importe quel compromis… Il s’agit beaucoup plus d’un appel à confronter celles-ci de manière ouverte et constructive à la problématique des cultures locales. Je terminerai sur cette question de circonstance : "Ne devons-nous pas penser la relation entre universalisme et particularisme d’une manière entièrement nouvelle ? "(ML 23/06/2000). Le débat est ouvert…

Salutations libertaires bretonnes

Gildas

2001 est l’année européenne des langues miorisées, une Europe où l’Etat français fait figure de "cancre" européen pour ce qui est de sa politique linguistique. Rien de concret n’est fait pour que les langues présentes dans l’Hexagone puissent s’épanouir pleinement. Pendant ce temps l’occitant est langue officielle au Val d’Aran (Etat espagnol) et dans les vallées occitanes de l’Etat italien.

Nous refusons d’être de simples consommateurs inodores, incolores, sans racine ni identité ; et ça quand des secteurs de la société de plus en plus nombreux exigent avec raison la diversité face à l’uniformité. Il est temps de regarder en face l’attitude scandaleuse de l’Etat français et de reconnaître que trois millions d’occitanophones au moins doivent avoir les moyens de vivre pleinement en occitan : savoir qui on est permet de reconnaître l’autre ; les autres c’est un gage de tolérance.

C’est pour ces raisons que le CRoc a décidé de lancer une campagne sur la signalisation en occitan, revendication de plus en plus emblématique de l’affichage de notre langue. C’est un des moyens de sa socialisation, il suffit d’ouvrir les yeux sur ce qui a été fait en Bretagne, Pays basque, Corse.

Un temps fort de cette campagne sera la manifestation du 28 avril à Pau.

CRoc c/o La Tor deu Borreu, 2, costa de la Hont, 64000 Pau


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