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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°86 - Avril 2001
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Pour une printemps utopique

Etudiant-e-s, pas de fATTALIsme


A Nantes, depuis le mardi 20 mars, les étudiant-e-s des facs de lettres et de sciences humaines bloquent les amphis afin de faire entendre leur voix. Depuis deux semaines déjà une filière de Portugais s’était mise en grève après l’annonce de sa future suppression. Contre celle-ci mais aussi contre toutes les réformes de privatisations de l’enseignement plus de 100 étudiant-e-s bloquent les accès au cours. Les Assemblées générales rassemblant plus de 500 personnes.


Car la suppression de la filière portugais n’est que la conséquence des réformes et de rapports visant à rendre l’université rentable.

A l’appel d’autres universités en grève (Montpellier, Metz, Le Havre, Paris I, Brest, Reims, Nanterre...), une plate forme hexagonale de revendications a été élaborée. Ces autres universités sont elles aussi victimes de cette privatisation désastreuse, manque de moyens : 7,7 millions de déficits à la faculté de Montpellier (fac de 22000 étudiant-e-s pour 12000 prévus), mise en place des licencenses pro visant à modeler l’étudiant dès l’université aux exigentes entreprises, manque de profs (150 au Havre, 200 à Nantes), de personnel IATOSS, d’outils de répression (installation d’un commissariat à Nanterre, de la vidéo-surveillance), ingérence de la Préfecture dans les notes des étrangers. A terme c’est tout un savoir qui est remis en cause : on ne pourra plus étudier ce que l’on veut car tout le monde n’a pas les moyens financiers de partir étudier à 500 km de chez soi, et même si par chance la filière voulue est présente dans l’université, la plupart des recherches impossibles par manque de moyens. En effet l’Etat investit de moins en moins dans l’université et est remplacé par les régions et les entreprises. Dès lors toutes les thèses jugées non intéressantes car non rentables économiquement par les entreprises vont disparaître. De plus une région riche aura une fac riche et une région pauvre une fac pauvre. Les diplômes reconnus nationalement ne seraient plus que régionaux.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, une première manif a eu lieu le mardi 20 mars à Paris de la part des étudiant-e-s de Metz. Rebelote le 23 mars : Montpellier, Le Havre, Nantes -partis en Train gratuit, ils ont dû pour poursuivre leur chemin régler 50 F-, Paris ont manifesté à près d’un millier ... Réunis en Assemblée générale des délégués, ils ont établi une plate-forme :

- Pour un ré-engagement financier de l’Etat dans l’enseignement supérieur,

- Pour une augmentation conséquente du budget de l’aide sociale,

- Pour la défense d’un véritable service public,

- Pour une véritable égalité.

Certaines facultés développant leur propre revendication comme la suppression de la semestrialisation, l’abrogation de la réforme CAPES/IUFM, le retrait du Medef des conseils d’administration des universités.

Antoine

Nantes : Tous les savoirs pour toutes et tous !

Le plan U3M (Université 3eme millénaire) propose la "définition d’une nouvelle architecture des études unviersitaires, échelonnée sur le long terme."

Cette réorganisation de l’université est appliquée patiemment et insidieusement avec la volonté de tromper les professeurs et les étudiants.

Le plan U3 M est la "synthèse" des commissions ministérielles Minc, Laurent, Attali (le même entendu dans l’affaire Falcone), Monteil et Guillaume qui recommandaient entre autre "le remplacement total des formations de recherches inutiles du point de vue des stratégies économiques par des formations professionnelles" (rapport Laurent).

Les effets de cette réforme sont sans précédent sur la vie étudiante et l’enseignement public. Elle refonde totalement le contrat entre l’Etat et les universités. L’Etat, garant de la diversité des formations et des reherches ainsi que de l’accès pour toutes et tous en faculté, abandonne aux mains des entreprises une institution qu’il ne désire plus financer.

- Pôles d’excellences, Régionalisaton des diplômes ("facs poubelles" contre "facs modèles"), Remplacement progressif des bourses d’études par des emprunts étudiants, élimination des UFR les moins rentables économiquement, droit de regard des entreprises investisseuses sur le contenu pédagogique des enseignements et sur les thèmes de recherche... De plus d’autres problèmes se greffent au plan U3 M, tel celui du statut des étudiants étrangers...

Militons pour garders nos facultés indépendantes, militons pour sauver la force intellectuelle contemporaine, continuons ce mouvement d’ampleur nationale.

S’organiser, s’informer, réfléchir, militer ; Nous sommes toutes et tous dans le C.O.U.

(Collectif d’occupation de l’université)

Depuis fin février, la fac de lettres de Montpellier se métamorphose... la grève sème le trouble dans la vie étudiante. Et si les règles établies n’étaient pas forcément les meilleures ?

Aux revendications préliminaires, rallongement du budget et augmentation de profs et IATOS, se sont greffées peu à peu des réflexions touchant la privatisation de l’éducation impulsée par un capitalisme toujours plus gros, des réflexions sur l’état actuel de l’enseignement (espace de liberté, d’épanouissement, d’indépendance ouvert à toutes et tous ou bien conditionnement à se fondre dans la masse et à s’adapter, apprentissage du silence ). ça couince un peu lorsqu’il s’agit de dépasser l’enceinte de l’université et de se demander pourquoi le peuple kurde se fait massacrer par les autorités turques, d’ailleurs nourries par l’armée française !

A l’occupation de l’atrium ( principal lieu de ralliement du comité de grève ), vient s’ajouter l’investissement de la salle du CA et même du bureau de la présidente. on décore les murs, on pend la présidente devant les fenêtres de l’administration, on mure le distributeur du crédit agricole. les arts plastiques font de la récup’ et l’on croise dans la fac un abat jour suspendu "on est tous des lumières", etc.

Le collectif de la salle des poètes ouvre un endroit autogéré, une salle de cours transformée en maisonnette ( cuisine, matelas, mini bibliothèque et narguilé...). les discussions empiètent parfois un peu trop sur les projets d’ateliers qui demeurent à l’état de projets ( idée de créer un potager parmi les mauvaises herbes ).

Mais en cette fin de mois de mars, les manifs commencent à lasser, les anti-piquets prennent du poil de la bête, la présidente envoie son garde fou, Mr Brutus ( nom véridique et influençable puisque je me suis reçue sa main en pleine poire )et ses acolytes au sourire niais, pour nous enfermer dans notre salle des poètes...

Je crois malheureusement que les cloches de Pâques vont sonner le coup de glas de notre grève.

Isabelle


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