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Le "joli mois de mai" prend des couleurs… brunes

Fachos, le retour ?


Paru dans le journal n°88 – Juin-Juillet-Août 2001

Comme chaque année, le Front national a manifesté dans les rues de Paris à l’occasion du Premier Mai, "pour la Patrie et le Travail". Le MNR de Bruno Mégret, qui a abandonné le terrain au FN sur cette date, s’était contenté d’une réunion champêtre (le parti de Mégret avait tenté, l’an passé, une manif en voiture dans les rue de Paris !), tout en annon« ant pour le 13 mai une Fête de Jeanne à Domrémy, lieu de naissance de la Pucelle d’Orléans.


Le défilé du Front national a regroupé entre 3000 et 4000 personnes qui ont défilé sous la pluie du Musée du Louvre jusque devant l’Opéra où les fidèles de Jean-Marie Le Pen ont pu écouter leur leader faire un de ces discours-fleuves dont il a le secret. Cette année, cependant, Le Pen a préféré éviter le bain de foule habituel pour se jucher sur une estrade placée en face de la statue de Jeanne d’Arc, en compagnie de ses fidèles, Martial Bild et Bruno Gollnisch (Jacques Bompard, jouant la star pour l’occasion, avait visiblement préféré resté chez lui), pour voir passer ses troupes. Les rangs du FNJ, qui ouvrait la marche, étaient aussi clairsemés que l’année dernière, ceux du CNC aussi raides et constipés, et ceux de Chrétienté Solidarité, traditionnellement en fin de cortège, aussi vieux et poussiéreux… Rien de changé donc, du moins en apparence. Car l’atmosphère s’est sérieusement durcie. D’abord, un incident d’une relative gravité est à déplorer : un homme a été sérieusement frappé au visage et sur le corps par des membres du DPS (Département Protection Sécurité, service d’ordre du FN) qui l’ont ensuite poussé dans un chantier pour "terminer leur travail" plus discrètement. Des journalistes témoins de la scène ont également été agressés, et le matériel d’un photographe volé par le DPS. Mais, les médias ayant décrété il y a maintenant plus de deux ans la mort de l’extrême droite, cet incident, tout comme la manifestation du FN d’ailleurs, n’a pas fait de scandale particulier. Le comportement du DPS a incontestablement évolué, et l’absence des caméras a changé l’ambiance. Troquant le blazer des années précédentes (version "pro" du service d’ordre) contre des bombers noirs plus à même de dissimuler toutes sortes d’objets contondants et des casquettes estampillées du logo du DPS (voir photo 1), les gros bras du FN ont donné le ton. A contrario, on a pu noter de leur part une plus grande mansuétude à l’égard des skinheads venus en nombre : naguère interdits dans les défilés du Front, ils se pavanent aujourd’hui, n’hésitant pas à faire des bras tendus devant les caméras des touristes japonais. Cette forme de radicalisation du défilé frontiste apparaît, toute proportion gardée, comme une sorte de retour à la situation que l’on a connue il y a une dizaine d’années, alors que le FN entamait sa progression… Pour ce qui est du discours de clôture, rien de bien nouveau : Le Pen, comme convenu, a annoncé sa candidature pour les élections présidentielles de 2002 (ce qu’il avait déjà fait officieusement dès l’annonce des résultats du second tour des municipales). Comme il le fait depuis bientôt trente ans à chaque élection, il a prophétisé qu’il s’agissait là de "la dernière chance de la France fran« aise". Après l’habituel rappel de la vie édifiante de celle qui disait "faites la guerre, pas l’amour", ont ensuite suivi ses sempiternelles plaintes contre l’euromondialisme, l’immigration, les organisations juives, la "bande des quatre"… À noter tout de même, en introduction au discours, "une pensée affectueuse pour les salariés licenciés d’entreprises", les invitant à se méfier "des manipulations de certains syndicats activistes" et leur rappelant que les entreprises et les actionnaires sont les "boucs-émissaires de situations causées par l’ultra-libéralisme mondialiste" ! Mais ce premier mai, routinier pour le FN, a en revanche été une première pour la mouvance radicale. Le mouvement nationaliste-révolutionnaire Unité Radicale (auquel se joint le GUD) et les comités Agir avaient appelé à un rassemblement place de la Madeleine, en vue d’une manifestation devant les mener… à la statue de Jeanne d’Arc justement (photo 2). Ainsi, environ 200 radicaux d’extrême droite ont pu ainsi, avec la bénédiction de la préfécture, se pavaner dans les rues de Paris, de fa« on autonome, aux cris de "Les immigrés dehors !" (qui, au fur et à mesure de la manif, est devenu "Les immigrés à mort !"), "Europe Jeunesse Révolution" et autres joyeusetés du même calibre… Encadrés par une forte présence policières (quatre policières en mobylette, cf. photo 3), et, pour la première fois, un service d’ordre maison (en partie assuré par les Belges du groupe Devenir), nos petits amis ont pu écouter un certain nombre de discours (là aussi, une première !). Principalement composé de gudards et de boneheads venus de plusieurs régions de France, le cortège comptait malgré tout un petit nombre de têtes blanches : les animateurs de la revue Militant, venus soutenir la relève… Pour anecdotique qu’il semble être, ce rassemblement d’Unité radicale a de quoi inquiéter, surtout si l’on compare avec la situation des années précédentes. Alors que les radicaux devaient auparavant se contenter de la petite place que voulaient bien leur faire le FN ou le MNR (comme en 1999, où le GUD fermait la marche du cortège de Mégret, ou en 2000, où le cortège d’Unité radicale suivait les camions-poubelles de la manif du Front), ils semblent avoir désormais les moyens d’agir de fa« on autonome. Leur rassemblement se structure, et leur nombre double chaque année (une soixantaine en 1999, une centaine en 2000, 200 cette année). De plus, les rendez-vous d’extrême droite se concentrent un peu plus chaque année sur le mois de mai : depuis 1995, les jeunes fachos se rassemblent tous les 9 mai pour commémorer la mort de Sébastien Deysieux (tombé d’un toit alors qu’il était poursuivi par la police à l’occasion d’une manif anti-américaine), et c’est maintenant l’Action fran« aise qui renoue avec une tradition maurassienne, en appelant elle aussi à fêter Jeanne d’Arc, le 13 mai. On vous l’a dit, l’extrême droite est morte. Elle paraît pourtant en bonne santé à qui veut bien se donner la peine d’y regarder de plus près, et cela nous promet une année 2002 mouvementée…

Esbé, pour le SCALP-REFLEX Paris

BREVES ANTIFAS

Mort d’un antisémite

Le 27 juillet dernier s’est éteint en la personne d’Henry Coston l’un des derniers représentants historiques du pétainisme et du nationalisme fran« ais d’avant-guerre. Cette disparition est passée relativement sous silence dans la grande presse nationale, l’Humanité, le Monde et Libération ne consacrant qu’un entrefilet ou un petit article à l’événement. Pourtant la mort d’Henry Coston, outre le caractère unique du personnage, a des implications pour le futur. Né en 1910, Coston rejoint dès l’adolescence les milieux maurrassiens et l’Action Fran« aise. Secrétaire de la section de cette organisation à Villeneuve-sur-Lot, il rencontre de nombreux militants nationalistes de l’époque, comme Jacques Ploncard d’Assac, dont un point commun avec Coston est d’être influencé par Drumont. Tout en militant il gagne sa vie grâce à une activité de journaliste dans des journaux de province à l’époque très nombreux. L’argent mis de côté lui permet de relancer en 1930 le journal férocement antisémite d’Édouard Drumont, La Libre Parole, que Jacques Ploncard d’Assac avait tenté de remettre sur rail en 1928 avec d’anciens collaborateurs de Drumont et un slogan qui ne nous est pas inconnu : "La France aux Fran« ais !". Le journal dure jusqu’en 1939, distillant les thèmes antisémites et antima« onniques de l’extrême droite nationale-catholique pour qui les scandales de la III° République sont une aubaine. Toujours sur les traces de Drumont, il se présente également aux élections législatives de 1936 à Alger mais doit revenir en France, battu. Ce sera d’ailleurs sa seule expérience politique, si on excepte la fondation en 1933 d’un Front National Ouvrier-Paysan appelé également Les Francistes et qui restera au stade groupusculaire. La déroute de 1940 et l’arrivée au pouvoir de Pétain constituent une divine surprise. Vichy offre une occasion unique pour Henry Coston de se constituer une documentation inégalée (qu’il perdra à la Libération) sur la franc-ma« onnerie puisqu’il se retrouve en charge de dépouiller les archives de la Grande Loge. Cette période de l’occupation est d’ailleurs marquée par une activité débordante, Coston ayant toujours entretenu de bons rapports avec le national-socialisme allemand grâce à son antisémitisme. Il participe aux journaux Paris-Soir et Au Pilori, lance un Centre d’Action et de Documentation axé sur la lutte contre l’influence juive et franc-ma« onne, anime diverses publications (Bulletin d’informations anti-ma« onniques, Cahiers de la France Nouvelle) et n’oublie pas de célébrer son vieux maître Drumont. Le tout lui vaut d’être décoré de la francisque par Pétain, à l’instar de Ploncard d’Assac et de Fran« ois Mitterrand d’ailleurs. La Libération l’oblige à fuir en Autriche où il est arrêté en 1946 et ramené en France. Il est alors emprisonné jusqu’en 1951. Libéré, il reprend immédiatement ses activités journalistiques et ouvre la Librairie fran« aise qu’il cèdera plus tard à Jean-Gilles Malliarakis. Il n’hésite pas non plus à revoir d’anciens collaborateurs comme Ploncard d’Assac, en exil au Portugal où lui est confiée la direction de la radio La Voix de l’Occident, émettant en fran« ais, anglais et italien. Cette légère amélioration de sa situation personnelle lui permet de lancer en 1957 Lectures fran« aises dont l’équipe est composée de Pierre-Antoine Cousteau (ancien rédacteur en chef de Je suis partout et de Paris-Soir), de l’inévitable Ploncard d’Assac, de Paul Rassinier et de Cédric de Gentissard, alias Alain de Benoist. La revue se veut un outil de combat antigaulliste et la crise algérienne vaut à Coston quelques déboires en raison de ses prises de position pro-Algérie fran« aise. Il s’attelle également à la publication de multiples ouvrages politiques, en particulier ses dictionnaires de la vie politique fran« aise. Le tout se place dans une perspective militante, Coston considérant que seul un travail de documentation sérieux permet un combat politique efficace. En 1977, il est néanmoins obligé de transmettre Lectures fran« aises à Jean Auguy et de restreindre son activité. Cette légère baisse de régime ne l’empêche pas de poursuivre ses activités, en particulier de publication et de chronique dans la presse nationaliste comme National-Hebdo par exemple. La décennie 1990 voit son état de santé décliner et les publications se raréfier. On peut malgré tout noter le bulletin Nous les Fran« aises, une petite brochure proposant une explication ma« onnique à la scission du FN, Infiltrations ennemies dans la droite nationale et populaire et surtout un cinquième volume de son Dictionnaire politique. Ces deux dernières années, l’occupant des appartements de la rue de Trétaigne et du boulevard d’Ornano avait vu s’accumuler problèmes de santé et contrariétés, la moindre de celles-ci n’étant pas que sa petite-fille ait pour compagnon un juif… Comme Drumont en son temps ! Que vont à présent devenir les archives de la "mémoire de la droite", selon le mot du vieux militant nationaliste Fran« ois Brigneau ? Le premier héritier et disciple de Coston, Yann Moncomble est mort en 1990. Reprenant la démarche du vieux maître, il avait fondé une maison d’édition, Faits & Documents, qui lui permettait de publier des ouvrages sur La politique, le sexe et la finance ou sur Les professionnels de l’antiracisme, soit autant de titres qui fleurent bon la théorie du complot ! Moncomble disparu, Faits & Documents a été repris par celui qui est maintenant considéré comme le successeur de Coston, à savoir l’infect Emmanuel Ratier (dont la biographie est dressée dans le pamphlet Méfaits & Documents édité par REFLEXes). Pour autant il n’est pas évident qu’il récupère automatiquement les archives Coston. Celles-ci sont en effet en principe gérées par une fondation, l’association des Amis d’Henri Coston, dont la présidente est une vieille demoiselle de 75 ans, Melle Boucher. L’enjeu est évidemment d’importance étant donné la richesse du fond documentaire et on peut faire confiance à Ratier pour faire des pieds et des mains pour le récupérer. La traque du grand complot " judeo-ma« onnique " est loin d’être achevée !

Mégret contre Ras l’front

Les antifas de Ras l’front Vitrolles ont beaucoup apprécié l’encart illustré qui leur a été consacré dans le dernier numéro de No Pa et qui leur a valu quelque soutien, ce dont ils vont avoir bien besoin. En effet, la municipalité fasciste continue de s’acharner sur eux en les poursuivant en justice sous le fallacieux prétexte que les copains empêcheraient Mme Mégret de gérer paisiblement la ville. Bien que cinq procès soient en cours contre les antifas vitrollais, ils tiennent bon mais au prix des coups, menaces de mort et harcèlements de la part des nervis fascistes de la mairie fasciste. Toujours sur le plan juridique, trois des quatre recours en annulation de l’élection municipale de mars seront audiencés au tribunal administratif de Marseille (angle rue Breteuil et cours Pierre Puget) le 9 octobre à 14 heures. Ces recours ont été déposés respectivement par un citoyen vitrollais, le candidat du PS, Dominique Tichadou, et celui de la droite unie, Christian Rossi. Le vendredi 12 octobre à partir de 19 heures, Ras l’front Vitrolles coorganisera avec l’association "Au nom de la mémoire" une soirée avec un apéro (pour la mise en bouche), la projection du film "Les Silences du Fleuve" suivie d’un débat sur le massacre des manifestants pour l’indépendance de l’Algérie à Paris, le 17 octobre 1961. Cette soirée se tiendra à la salle du Bartas, à la Petite Garrigue (en face de la cité des Pins, si méprisée par le MNR). Une soirée identique sera coorganisée par CAP 250 (Ras l’front Marseille) la même semaine (contact téléphonique : 06 83 13 10 77).

Du réseau Ras l’front -Communiqué de presse - 16.09.2001 Après les attentats qui viennent de frapper les USA, Ras l’front condamne toutes les atteintes aux populations civiles et réaffirme son opposition à tous les fanatismes et fascismes, qu’ils se parent des oripeaux du nazisme, du populisme ou d’alibis pseudo-religieux. Ces massacres, inqualifiables, ne sauraient occulter les soutiens apportés par les gouvernements US à des états et groupes fascistes, intégristes ou d’apartheid. Ces massacres ne sauraient, non plus, légitimer les embargos qui ont touché, pour l’essentiel, les populations, ni les stratégies de domination politique et économique qui jettent des milliers de personnes dans la frustration, le désespoir et la misère, terreaux de tous les fascismes et intégrismes. Ces massacres et les ripostes qu’ils risquent d’entraîner ne sauraient pas, surtout, légitimer ou justifier l’amalgame entre les fanatiques fondamentalistes d’une part, et les populations musulmanes, arabes et immigrées d’autre part. Ras l’front ne se laissera pas abuser par les va-t-en guerre de tous bords et met en garde contre toutes les exploitations des thèmes portés par l’extrême droite (racisme, complot international, chasse à l’ennemi intérieur, tolérance zéro en matière de petite délinquance...) visant à limiter les droits fondamentaux de tous les citoyens et notamment des étrangers. Ce communiqué est relayé régionalement par les collectifs Ras l’front CAP 250 (Maison des Associations, 13001 Marseille. Tél : 06 83 13 10 77, Fax : 04 91 02 19 11) et Vitrolles (BP 20, 13741 Vitrolles cedex. Tél/fax : 04 42 75 26 51).
Les Chapacans (No Pasarán sud-est)


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