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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°88 - Juin 2001
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Fantasmes et réalités de l’insécurité


Laurent Mucchieli, historien et sociologue a écrit Violences et insécurité. Dans ce livre, il décortique les discours des politiciens, journalistes et des prétendus " experts ". Il explique comment on doit lire les statistiques de la violence. Il retrace l’histoire de la délinquance juvénile, restituant ainsi ce problème de société dans une perspective économique, sociale et politique.


Pourriez-vous nous nous dire ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

C’est l’état du débat actuel. Le discours sur la jeunesse est pris entre deux pôles qui la discrédite en utilisant de vieux stéréotypes. Le premier, c’est le discours qu’on retrouve historiquement à l’extrême droite mais dont on trouve une version plus soft dans le discours national-républicain. C’est un discours culturaliste qui consiste à dire qu’il y a des conflits de culture dans la société française, ce qui revient à parler des " problèmes d’intégration " des jeunes issus de l’immigration. La deuxième version est plutôt sur le " vide social " ou le " vide culturel " qui peut verser soit vers la psychiatrisation soit vers le misérabilisme. On entend, alors, parler de jeunes qui n’ont "aucun repère" ou qui ne sont "pas socialisés", etc… Ce qui paraît tout autant une erreur et une façon de ne pas analyser ce que pensent, vivent et ressentent ces jeunes, en particulier ceux issus des milieux populaires. C’est la première chose qui m’a agacé. Un autre discours plutôt à l’opposé consisterait à dire que finalement l’insécurité n’est qu’un fantasme "petits bourgeois" et qu’en gros, les choses vont bien ou n’ont pas changé. Ce n’est pas non plus mon opinion. C’est pour cela que dans le sous-titre de mon bouquin il y a "fantasmes et réalités". J’essaye de faire la part des choses et de rester un chercheur, avec évidemment les limites liés au fait que je suis aussi porteur de valeurs.

Vous démontez et montrez comment ces discours sécuritaires et alarmistes sont véhiculés par les médias, par les " experts " et par les discours policiers. La première partie de votre livre s’intitule " le spectacle de la violence " et parle plus particulièrement des médias. Quel rôle attribuez-vous aux médias dans la propagation de ce discours sécuritaire alarmiste ?

Le fait est que les médias sont omniprésents dans notre vie, voir le nombre de gens qui sont rivés à un téléviseur plusieurs heures tous les jours. Ce qui m’a intéressé c’est d’analyser comment les médias traitent de cette question de l’insécurité ou de la délinquance des jeunes. J’ai constaté plusieurs phénomènes. Le premier est une forme de dépolitisation d’une question qui, jusque dans les années quatre-vingt, était tout de même discutée, travaillée au travers d’un certain nombre de grilles d’analyses politiques qui structuraient l’ensemble des intellectuels et des médias français. Ce thème de la sécurité, souvenons-nous, à la fin des années soixante-dix était un thème de gros clivages et de gros enjeux idéologiques. Or, à partir des années quatre-vingt-dix, ce débat s’est dépolitisé pour arriver à une sorte de présentation qui prétend être "brute", "objective" alors qu’il s’agit en réalité de plus en plus de traiter des faits sur le mode du fait divers. Alors, évidemment, dans un pays de soixante millions d’habitants, des faits divers, on peut en trouver tous les jours. Et si on en parle tous les jours, on a l’impression, comme ça, d’une espèce d’accumulation où il se passe des horreurs tout le temps. Il est très frappant de voir qu’à certaines périodes de l’actualité, entre les faits divers, les chiffres que donnent de ci de là la police, tel enseignant qui s’est fait attaquer, à tel endroit, etc…, cela produit un effet très nocif.

Je vais prendre un exemple pour montrer comment les médias peuvent jouer. C’est l’histoire des violences à l’école. Quand on prend les chiffres que publie le ministère de l’Éducation nationale sur les violences en milieu scolaire, qu’on regarde vraiment les détails, qu’on regarde vraiment de quoi il s’agit, on s’aperçoit que les faits de violences sont à plus de 85% des problèmes d’injures et non de violences physiques. Ensuite, lorsqu’on isole le petit pourcentage des violences physiques, on s’aperçoit d’abord que c’est une violence qu’exercent les jeunes entre eux. Puis, on continue, on analyse, on décortique et à l’arrivée, on trouve qu’en réalité il y a moins de cinquante enseignants agressés physiquement par an. Certes, ces histoires sont dramatiques. Mais rapportées au système secondaire, c’est-à-dire à une population de plus de cinq millions d’élèves, de trois cent soixante-quinze mille enseignants, cinquante affaires c’est vraiment très peu, mais cela peut devenir beaucoup. Si la télévision se met une fois par semaine à en parler, on a l’impression que c’est quotidien. C’est assez illustratif de cette manière d’ériger le fait divers en fait significatif sans l’accompagner d’un discours parce que le phénomène est vidé de sens et que l’on se contente de parler des comportements.

Pourquoi en est-on arrivé là ? Entre autres explications, il y a le fait que les médias ont une stratégie de recherche de "proximité" avec le spectateur, c’est très sensible à la télévision. Donc, il faut des choses qui "parlent des gens" et les questions qui touchent à la santé et à la sécurité quotidienne des gens, d’après des recherches internes que font les médias eux-mêmes sur leur auditoire, sur les attentes, etc… apparaissent comme des sujets qui les concernent. Alors ils matraquent là-dessus. Il y a une espèce d’effet pervers car, bien évidemment, plus ils matraquent, plus ils vont renforcer les " attentes " des gens et c’est un serpent qui se mord la queue au bout d’un moment.

Notamment par rapport à ce qu’on appelle le "sentiment d’insécurité". Ils vont vraiment le favoriser !

D’une manière générale, les médias ne fabriquent pas les peurs, il y a longtemps que des recherches le montrent. Mais, par contre, ils orientent les attitudes, ils les actualisent, ils les renforcent. Ils ne les fabriquent pas de A à Z, mais ils ont une certaine tendance à attiser et à entretenir, cela est certain. Prenons un autre exemple, celui des " auto-grill " à Strasbourg, les voitures cramées. Le phénomène est apparu médiatiquement en 1995. En réalité, j’ai pointé des témoignages et des coupures de presse qui montrent que les rodéos de 1981, à l’époque aux Minguettes, il y avait déjà des incendies de voitures. Donc, ce n’est pas nouveau ! Mais cela surgit comme phénomène national en1995 à Strasbourg et au terme d’une histoire qui pose tout de même des problèmes de déontologie puisqu’on a vu des journalistes qui prenaient des rendez-vous avec des jeunes, jeunes qui ayant vu d’autres copains avoir un reportage à Tf1, en voulaient un sur Canal +. Il y a comme cela des processus d’engrenages, des défis dans ce sens là. Mais, surtout, l’année suivante, les faits se sont répétés puisque de part et d’autre on attendait le phénomène. Ensuite, cela s’est répandu vers d’autres villes où ça n’existait pas encore… et on a comme cela des processus de boules de neige, des effets pervers.

Vous appelez cela la co-construction !

Oui. Les médias ont une façon de construire la réalité. C’est trivial dans la mesure où ils ne peuvent pas parler de tout. Par définition, le travail des médias est de faire un tri. Mais ce tri là est plus ou moins innocent. Il y a un effet de construction puis de déformation, par exemple, l’endroit où l’on met la caméra peut tout à fait biaiser une réalité et on n’en montre qu’un aspect, c’est typique. Il y a aussi un effet de stigmatisation. Moi, cela me pose un problème et j’estime que cela devrait poser des problèmes déontologiques aux médias et aux administrations lorsqu’on voit paraître dans la presse la liste des 100 quartiers les plus chauds ou même les cents rues les plus chaudes de Paris avec le nom des rues, bientôt, pourquoi pas les cages d’escaliers. C’est la même chose quand on voit paraître la liste des établissements scolaires qui ont les pires résultats. Moi, j’appelle cela faire de la stigmatisation, renforcer les problèmes parce qu’on renforce les peurs, les stratégies d’évitement. On renforce aussi les autres stratégies, celles qui consistent à utiliser la peur ainsi produite, peur qui est parfois utilisée par certains jeunes.

Parmi ceux qui contribuent à produire ce discours sécuritaire à travers les médias il y a des "spécialistes" qui agissent au quotidien pour le véhiculer, agir sur les politiques dites de la ville que nous appelons politiques de la gestion de la misère. Vous les appelez les "nouveaux experts". Alors qui sont-ils et surtout peut-on vraiment les qualifier d’experts ?

Il y a deux types d’acteurs qui se présentent comme experts et que je critique assez longuement. Il y a d’un côté des gens qui sont clairement identifiables par leurs professions puisque ce sont de hauts fonctionnaires de la police. Mais il y a une deuxième catégorie qui est beaucoup plus floue. Ce sont des gens dont l’essor dans le débat public est lié à l’ouverture du marché de la sécurité. C’est une catégorie de personne qui a une visibilité plus grande depuis 1997, depuis que la gauche, le P.S. au centre de cela, a pris un tournant sur les questions de sécurité et a très fortement contribué à les dépolitiser, en tenant à peu près les mêmes positions que la droite. Du coup, cela a libéré une certaine parole sécuritaire qui, auparavant, avait peur d’être trop connotée politiquement. Maintenant, on paraît juste un peu plus dur que les autres mais on ne risque pas d’être étiqueter d’un côté ou de l’autre. Il y a donc, deux éléments. D’un côté, le business de la sécurité et un débat dépolitisé. Alors, cela ramène des catégories de gens un peu différents. J’étudie assez longuement le cas de deux auteurs d’un "Que sais-je ?" qui est un véritable best-seller dans les livres de sciences sociales, qui se présente comme tel bien qu’il ne mérite pas ce titre.

C’est justement cela qui est inquiétant, dans cette collection des Presses Universitaires de France censées être un travail universitaire ?

Tout à fait, j’ai pris ces auteurs en particulier parce que d’autres experts dans ce marché ne se prétendent pas universitaires. Ils m’ont agacé parce qu’ils ont une stratégie de légitimation universitaire en plus d’un discours bardé de chiffres. Et pendant quelques temps ils ont réussi à le faire croire à beaucoup de gens. Il faut les nommer, il s’agit d’Alain Bauer et de Xavier Raufer. Le premier est PDG d’une société de sécurité privée avec un parcours politique qui semblait plutôt classé à gauche, bien qu’aujourd’hui, le P.S. n’ai plus cette position.

Et le second a un passé de militant d’extrême droite et est journaliste. Ils ont tous les deux la même stratégie puisque l’un se présente très souvent comme un enseignant universitaire, écrit en gros titre sur les couvertures de ses bouquins qu’il a été vice-président de l’Université Panthéon Sorbonne. En fait, c’était quand il était jeune comme délégué étudiant, mais quand on met ça sur sa carte de visite… Puis de la même manière, Xavier Raufer a réussi a créer un petit centre à l’Université Paris 2 Assas. Ils ont créé des diplômes, ils dispensent des cours. Or c’est très insidieux. Je ne dis pas cela pour défendre une chapelle mais ce qui est sûr c’est qu’ils ne sont pas les chercheurs universitaires désintéressés qu’ils prétendent être. A mon avis, ils sont très intéressés, que ce soit financièrement et idéologiquement.

Quel sont leurs discours ?

Le premier c’est le catastrophisme. Cela consiste à dire : "C’est de pire en pire, le phénomène de violence explose, il y aurait une explosion de la délinquance juvénile". Ce sont les propagateurs de petites expressions qu’on a entendu cent fois. C’est, par exemple, "ils sont de plus en plus jeunes et de plus en plus violents", cette petite séquence discursive qu’on entend tout le temps, c’est un véritable matraquage et les gens finissent par le reproduire comme si c’était une évidence qui allait de soi… Un petit exemple. Dans le contexte des années 89-91, c’est un moment crucial pour les Renseignements Généraux en crise puisque leur mission de surveillance du personnel politique était largement remise en cause… Donc, ils ont été sauvés en créant cette section qui consiste à prendre des fonctionnaires, à les envoyer dans un endroit "à problèmes" et on leur dit : observez et rendez compte de ce qui se passe. Et puis au fil des ans, cela marche bien, l’administration est contente, les retombées sont bonnes et on arrive à 50 fonctionnaires. On les envoie sur de nouveaux quartiers etc…etc… Il y avait 10 personnes pour observer, il y en a maintenant 50… Il y a donc un phénomène d’explosion statistique lié uniquement à cela. Et, c’est sur ce genre de chiffres que ces auteurs vont s’appuyer. Ils vont faire des petits tableaux, des petites courbes avec de grandes flèches qui montent tout droit et ils vont dire : regardez, c’est dramatique, d’année en année ça augmente. Puis, à côté de cela, ils vont mettre quelques extraits de rapports administratifs ou mieux encore des coupures de presse avec des faits divers en prenant les trucs les plus croustillants. Au fond, il y a derrière tout cela une théorie du complot de l’intérieur. Évidemment, à certains moments il y a des signes qui peuvent être interprétés dans ce sens. Mais, eux, produisent des déformations, des analyses qui ne vont pas jusqu’au bout.

Dans votre livre, il y a une partie importante sur la question des chiffres et vous démontez un certain nombre d’idées reçues.

Il y a deux instruments qu’on utilise classiquement dans les débats sur les chiffres. Les statistiques que produit la police sur le travail qu’elle a fait. C’est ce que la police a vu ou plutôt ce qu’elle a voulu voir. Et puis il y a les enquêtes qu’on réalise auprès des victimes ce qui donne une tout autre image puisque certains phénomènes sont très déclarés à la police, autant d’autres le sont très peu. Par exemple le vol de voiture est très déclaré pour l’assurance, pour le remboursement. Si par contre vous êtes victime d’inceste dans la famille, si vous êtes victimes de viol dans la cité, le taux de plaintes chute de manière vertigineuse… Et, ces enquêtes auprès des victimes sont très importantes.

Vous remettez également en cause la question du rajeunissement de la population délinquante. Le leitmotiv sécuritaire : de plus en plus jeunes… ?

Disons que j’émets un gros doute. Je pars d’abord d’un constat scientifique existant depuis plusieurs dizaines d’années. Il y a une courbe par âge de la délinquance. C’est un phénomène qui commence à la pré-adolescence, qui s’accélère à l’adolescence, qui décroît lentement et qui disparaît passé la trentaine. Alors, quand j’entends dire " j’ai vu un délinquant qui avait 11 ans, c’est terrible ", je dis, excusez-moi mais Non ! cela a toujours été comme ça. Quand on voit, par ailleurs la place que tient dans tous ces constats et chiffres policiers, la violence contre les institutions, je suis tenté de connecter les deux et de dire que c’est peut-être qu’en réalité ces jeunes sont beaucoup plus visibles qu’avant parce qu’ils vont provoquer les policiers, contester les enseignants…Ils font des choses qui se voient plus. Ensuite, les policiers très centrés sur la drogue observent ce qui existe. Les trafiquants recrutent des petits, plus jeunes pour faire de petits rôles, les guetteurs, par exemple, chose dont ils ont besoin. Donc les policiers prennent cela dans leurs statistiques et vont dire de plus en plus jeunes. Mais il reste à prouver que le jeune qui joue ce rôle s’embarque alors dans la carrière délinquante. A ce propos, il y a tout de même quelques hypocrisies qui entourent le débat sur les drogues douces. Les enquêtes qu’on fait auprès des jeunes montrent qu’on fume dans tous les milieux sociaux, voir même davantage dans les classes les plus aisées parce qu’on a tout simplement plus d’argent. Or, on interpelle et on ne sanctionne que les jeunes des milieux populaires. C’est tout de même une des plus grandes inégalité face à la justice pénale aujourd’hui. S’il y avait un plus gros problème à dénoncer - je le sais par des recherches que je fais sur les homicides en ce moment - c’est l’alcool, voilà un vrai " fléau social " pour prendre une vieille expression.

Une des originalités de votre livre est de montrer que la délinquance ne vient pas d’apparaître et pour cela vous faite un détour par les blousons noirs des années 50 pour arriver jusqu’à maintenant.

Les questions d’aujourd’hui sont liées à la situation de crise sociale qui a suivi la crise industrielle et la crise des milieux ouvriers dans les années 1970. Cette crise a fabriqué une concentration urbaine de gens en difficultés avec une large population d’origine étrangère puisqu’on était allé les chercher, parmi les plus pauvres, dans leur propre pays pour qu’ils viennent constituer les bras de l’industrie française et produire nos richesses. Les élites de l’époque portent tout de même une responsabilité. C’est frappant comme les gens semblent découvrir l’ampleur des dégâts qui se fabriquent peu à peu depuis 25 ans. On a parfois l’impression que les politiques ne pensent pas plus loin que le bout de leur nez.

Propos recueillis par Cdric et Fioul, retranscrits par Fioul

ITINERAIRE SANGLANT D’UN FAF

Le 16 et 17 mai s’est tenu à Beauvais (60) le procès d’Antoine Bonnefis (21 ans). Cet ancien bonehead est accusé du meurtre de son beau-frère David Dumont et de Gustave Kokou. Militant nationaliste bien connu de la région du beauvaisis, Antoine Bonnefis a fait connaissance très tôt avec le milieu faf’. C’est à 14 ans que débute son initiation néo-nazie. Il côtoie les skinheads et forme avec d’autres le groupe ASGARD qui deviendra plus tard FRANKREICH (tout un programme). Leur premier concert accueille tout de même 70 personnes et il partage la scène avec un ancien de BUNKER 84 le groupe faf’ mythique de Méru. Dans ASGARD, on trouve un autre activiste : Jean-françois Paillette. Fils d’un notable de Beauvais, il est surtout connu pour avoir participé à une ratonnade à Compiègne en septembre 1995 pour laquelle il écopa de cinq mois ferme. Loin de s’être calmé, il se réunissait encore en 1998 avec d’autres boneheads au bunker de Coudray-sur-Thelle. D’ailleurs, il pourrait avoir collé (le conditionnel est de rigueur) à la même époque les autocollants du NSDAP-AO (parti néo-nazi américain) proclamant ’Hitler avait raison !’ sur Beauvais.

Proche du PNFE, Antoine Bonnefis s’amuse à terroriser les familles maghrébines du coin. Ce qui n’est pas du goût de son beau-frère David Dumont. Celui-ci est un ancien champion de boxe et n’hésite pas à descendre avec des potes régler leurs comptes aux fafs. En juillet 1997, " une véritable bataille rangée avait opposé David et ses potes des grands ensembles de Méru à un groupe de skins qui tenaient une réunion au domicile des Bonnefils " Le 7 janvier 1998, il prend en stop Gustave Kokou, étudiant en philo qui doit se rendre à un entretien pour un stage en journalisme. Dumont doit d’abord déposer sa fille chez les Bonnefis. Arrivé à leur domicile, une dispute éclate avec sa compagne Estelle. Son frère sort avec un fusil et tire sur David Dumont, Gustave s’approche et reçoit un coup de feu dans le thorax. Gisant sur le sol, Antoine Bonnefis l’achève, ainsi que Dumont, d’une balle en pleine tête.

Au procès, l’hypothèse d’un meurtre raciste a été rejetée. Ce n’est pas parce que Gustave Kokou est noir que Bonnefis l’a tué. Alors pourquoi ? Parce qu’il est pacifiste ? Parce qu’il a le tort de se trouver avec David Dumont qui hait les fafs comme son beau-frère ? Antoine Bonnefis dit avoir quitté le milieu bonehead à 16 ans. Mais s’il le quitte, c’est pour mieux rejoindre le Front National. En effet, la première personne qu’il prévient c’est Raymond Durosoy, le responsable FN du canton qui sera sur les lieux avant les secours et les flics. Celui-ci se présente comme son père spirituel. D’ailleurs, entre deux collages et diffusions de tracts, Antoine s’entraîne dans la salle de musculation de cet ancien kinésithérapeute. Pas raciste, mais nazi ! Drapeaux à croix-gammées comme déco’, Mein Kampf comme littérature, un père dérangé mental qui menace le maire du village au couteau, voilà l’univers d’Antoine Bonnefis. Il a été condamné à 14 ans de prison ferme (sept ans pour chaque meurtre).

SAMY Scalp Amiens

Domremy II le retour

Après Waterloo, c’est à Domrémy que la plaine était morne. Dimanche 13 mai de l’an de grâce 2001, parce qu’il faut désormais parler ainsi avec moult attentions sur son vocabulaire antifasciste. Comme l’an dernier Tor ou Odin ou un de ces autres divins imbéciles et aryens ont été propices à l’attroupement mégretiste. Il fait beau et chaud (contrepèterie belge) ce jour-là et aucune nuage antifa à l’horizon. Non seulement les municipales n’ont pas détruit le faible pouvoir de mobilisation des félons du MNR mais la sainte manifestation fut pour notre teigneux nain un relatif succès. Explication : A regarder l’impressionnant service policier venu protéger la fête à Bruno dans le village de la Sainte Jehanne, l’on pouvait s’attendre à un beau feu d’artifice, prélude à la libération de ce lieu de mémoire. La flicaille était partout, tous les recoins de rue squattés par les petits bleus (pas ceux de la coupe du monde), soit environ 150 gendarmes pour stopper la moindre intervention des Ras l’Front et autres scalpeux. Problème : Jeanne ma soeur Jeanne ne vois-tu rien venir ? Que dalle mon gars, va falloir faire avec ! Du coup, on était deux soit un plus un pour ceux qui n’auraient pas compris. Et écoutant notre courage qui ne nous disait pas vraiment grand chose, on a arboré notre plus beau et bas profil, tournant et retournant dans le sweet home de la pucelle. Les gros bras et autres sinistres tronches sont de sortie. Il est bientôt quatorze heures et, sur le camp après le pont de Domrémy (celui là même où la force de l’ordre-brun nous avait repoussé à coups de lacrymogène l’an dernier), les stands et la buvette du MNR accueillent environ 300 personnes venues écouter le caudillo-führer-duce. Dans les Landes il serait arrivé avec des échasses mais bon, passons ! Pour les faire attendre, la kermesse blanche et propre propose un concert de variétés et quelques livres et revues à bouquiner. Citons entre autres : "Fiers de l’Etre" édité à Epinay sur Orge ou encore les catalogues du RAC (rock anti communiste) et de RIF (Rock identitaire français). Il parait d’après la presse que les dirigeants n’étaient pas au courant de l’étalage de ces publications ! (...) Trois cent gelées encéphaliques c’est-à-dire à peu près la même chose que l’an dernier quoi qu’en dise la presse locale qui fixe le nombre de participants à environ 500 personnes. Au total un public traditionnel de plus de quarante piges, les en-dessous (les malgré nous de moins de quarante balais) sont du genre boneheads travaillant pour la DPA plus quelques midinettes visiblement émues par ces muscles bandés (NDLR : je ne suis pas machiste mais je constate.). (...) Trois heures Bruno monte sur l’estrade... et annonce sa candidature aux élections présidentielles... Il est quatre heure et demie, pour nous c’est finito mon bénito. On rentre dans nos pénates. (...) Où étaient les antifas ? Avec ce genre de connerie, le champ est désormais libre pour l’investigation par les fascistes des lieux de mémoire. Les bruits de bottes peuvent alors revenir l’année prochaine, j’y serai encore et pas tout seul.

JMD

Renvoyons ADSAV dans les poubelles de l’histoire !

Le 16 mai dernier à Kemperle, des nazillons bretons se sont invités à une conférence de Kristian Hamon, auteur de Les Nationalistes bretons sous l’Occupation (éditions An Here) obligeant les organisateurs à annuler la manifestation, au grand regret de la trentaine de personnes qui s’étaient déplacées. La veille de la conférence, les skin-heads d’Adsav-Breizh ("Relève-toi Bretagne") avaient pondu un communiqué destiné à la presse, dans lequel ils indiquaient leur intention de "corriger les délires de Hamon qui se veut le grand fausssaire de l’histoire glorieuse de nos anciens du Parti national breton".

Kristian Hamon a obtenu, pour réaliser son enquête, une dérogation pour consulter les archives concernant les activités de militants du PNB, découvrant ainsi beaucoup d’informations inédites jusqu’à ce jour. Si K. Hamon innocente certains militants bretons, il apporte aussi les preuves de la culpabilité de certains autres, qui sont nommément cités. C’est sans doute ce qui a déplu aux nostalgiques des années 40, qui ont encerclé le bâtiment où devait avoir lieu la conférence. La librairie Penn-da-Benn de Kemperle, co-organisatrice de la soirée, a lancé une pétition intitulée Oui à la reflexion et à la liberté d’expression. Non à l’extrême droite, en Bretagne ou ailleurs.

Face à la tentative d’implantation d’ADSAV (voir No Pasaran février 2001), les antifas doivent réagir sans tarder et dans le cadre de la manifestation pour l’unification de la Bretagne le 30 juin à Nantes, il est sûr que ces tristes sires auront droit à une belle réception par l’ensemble du mouvement breton, qui loin des idées fascisantes se bat pour une Bretagne ouverte et solidaire.


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