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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°88 - Juin 2001
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Algérie

Des pierres contre des fusils


Ce texte se veut un texte d’information sur l’Algérie et son peuple qui lutte aujourd’hui pour se libérer du totalitarisme. Bien entendu il est incomplet sur certains aspets mais essaye de donner une vision globale du conflit en Algérie.


Depuis maintenant un mois, la jeunesse algérienne se lève pour réclamer plus de justice, de liberté et de droits. Si l’essentiel de la révolte se déroule en Kabylie, c’est tout le pays qui est secoué par une vague de mécontetement et de révolte contre le pouvoir en place, c’est-à-dire l’armée. Pour comprendre cette révolte il faut comprendre l’histoire de l’Algérie depuis l’indépendance.

Le pouvoir algérien est constitué d’un savant mélange de militaires formés dans les pays de l’Est et en URSS, d’une administration issue du modèle français (hiérarchisée et minée par la corruption et les passe-droits) et de militant sdu FLN issus de la guerre d’indépendance.

Ces ingénieux militaires staliniens une fois l’indépendance acquise se sont mis en tête de redonner "sa vraie culture et sa langue" à l’Algérie. Pour eux la langue des algériens et algériennes est l’Arabe. Pas l’Arabe parlé par les algériens(nes) mais l’arabe classique du Moyen-Orient. Cela tombait bien car au même moment l’Egypte se débarrassait de ses frères musulmans qui devenaient ainsi les professeurs d’arabe de la jeune Algérie naissante. Ces professeurs dispensent des cours d’arabes qui ressemblent à s’y méprendre à des cours de religion à travers une lecture très restrictive du Coran.

Petit à petit ils ont constitué des associations qui faisaient du social et peu à peu se sont mis à constituer des partis politiques.

Si l’Arabisation est la face linguistique du pouvoir, il en va de même pour les droits sociaux avec l’apparition du Code de la famille qui voit pratiquement nié tous les droits des femmes en Algérie.

Malgré l’arabisation, une majorité d’algériens(nes) ne comprennent pas la langue. L’Algérie est composée à son origine de peuples sédentarisés (les chleuhs, les chawis et les kabyles) issus des tribus berbères. Ces tribus berbères avaient pour territoire tout ce qui englobe le Maghreb d’après la colonisation française (Algérie, Maroc, Tunisie) et des pays limitrophes (Mali, Mauritannie, Libye, Niger). Pour les tribus sédentarisées comme les kabyles, la vie est organisée autour du travail rural. La langue au fur et à mesure des temps a évolué et se différencie des autres langues berbères. Ces premiers habitants de l’Algérie moderne sont victimes d’une vague de colonisation de la part des romains et pendant la guerre face aux légions c’est de force qu’ils doivent céder à ces envahisseurs. C’est de là que vient le teint "blond aux yeux bleus chez les kabyles".

La grosse vague suivante de colonisation sera le fait des Arabes venant du Moyen-Orient et forçant tous les peuples habitant ses colonies à se soumettre à la religion musulmane. La dernière colonisation est celle de la France qui à travers cette colonie pouvait s’assurer des ressources comme le gaz, faire des essais nucléaires, laisser s’installer une population de colons s’appropriant tous les espaces ruraux.

Pour les habitants comme les kabyles, la résistance culturelle ou physique remonte donc à très loin dans les racines de ce peuple.

Devant l’arabisation forcée, la lutte pour l’existence de la langue kabyle comme composante de la culture de l’Algérie atteint son apogée avec le printemps berbère de 1981 où suite à l’interdiction de parler pour un auteur Kabyle Mouloud Mammeri à l’université de Tizi Ouzou des heurts se produiront entre la population kabyle et la police. Ce mouvement portera le nom de "Printemps Berbère".

Avec la détérioration des conditions de vie, la jeunesse algérienne (75%) des habitants de l’Algérie) se rebellent en 1988 et rejoignent pour la plupart les groupes islamistes. Cette rébellion de 1988 sera réprimée dans le sang par le pouvoir qui fait le pari risqué que quoi qu’il arrive la jeunesse ne rejoindra pas les groupes islamistes. Pari risqué et perdu par le pouvoir qui observe une partie de la jeunesse rejoindre les rang des "Afghans" du nom des militants qui se sont battus en Afghanistan contre les soviétiques.

Face à la misère au quotidien (pas de logement donc promiscuité douloureuse des familles, pas de lieux de distraction, pas de travail, pas d’argent, de la viande une fois par mois pour les plus chanceux, des prix prohibitifs des fruits et légumes, des écoles dans un état lamentable, etc.), le constat de délabrement dans lequel se trouve l’Algérie contraste avec les richesses toujours plus grandes dont dispose le pays notamment grâce aux nouveaux gisements de pétrole qui assurent une rente importante aux généraux au pouvoir.

L’Algérie est un pays militarisé qui à travers son armée et sa police assure un maillage important de la population algérienne. Toutes les familles en Algérie possèdent au moins une personne dans les forces de répression ou d’Etat. A cela s’ajoute une corruption au quotidien où tout s’achète et se monnaye au prix de lutte d’influence locale ou nationale. Tout le corps social est imprégné de ce fléau qui fait maintenant office de réflex social pour la population algérienne.

Devant ce sombre constat l’humour et le courage des algériens et algériennes tient déjà de la résistance. Entre un "pouvoir assassin et les talibans algériens" la voie est étroite pour ce peuple multiculturel qui a déjà payé un lourd tribut aux erreurs de ces "libérateurs de l’indépendance" (d’où la méfiance des jeunes pour les partis traditionnels de la contestation démocratique comme le FFS Front des forces socialistes) : des milliers de morts et de vies gâchées, des centaines d’intellectuels assassinés, des femmes niées dans leurs vies au quotidien, des jeunes sans espoir et sans vision d’avenir. Un temps l’immigration a pu servir de lueurs d’espoirs pour une partie de la jeunesse mais devant la fermeture de la Forteresse Europe, même cette porte s’est refermée. La révolte qui s’exprime est un ras le bol généal du peuple algérien pour ses dirigeants et peut-être 39 ans après l’indépendance la chance pour les Algériens et les Algériennes de se construire un avenir meilleur.

Gilali

Algérie : pouvoir assassin !

Qu’est-ce qui se passe depuis 10 ans ? Des massacres. Qui est responsble ? Dans les medias locaux, on nous dit que ce sont les islamsites, et dans les livres on nous dit que c’est le pouvoir (cf le livre "La sale guerre") Alors qui dit la vérité et qui ment ? De toute façon que ce cela soit les uns ou les autres, dans les deux cas la proie, c’est le peuple. Ce qui commence à devenir évident, c’est qu’élections ou non, changement de président ou non, les massacres continuent. A partir de là tout le monde se pose la question : quand va donc s’arrêter cette guerre cachée ? Le sang n’arrête pas de couler, les mères pleurent leurs fils, des enfants deviennent orphelins, la jeunesse quitte le pays, au final c’est l’Algérie qui se déchire.

Devant tout cela le pouvoir qui se proclame "démocrate" rend la situation de plus en plus invivable. Comment peut-on tirer sur un peuple qui demande la reconnaissance de son histoire, de sa dignité, de sa culture ? Est-ce que les victimes déjà tombées et qu’on pleure encore ne suffisent pas pour que vous en rajoutiez d’autres ? Peut-on parler de démocratie quand on observe qu’on est toujours sous le même régime depuis 1962 (la libération du pays) même si les têtes ont changées. Depuis quand la démocratie, c’est la censure, depuis quand la démocratie, c’est faire sortir l’armée dans les rues dès qu’il y a un mécontentement du peuple ? Pourquoi proclamer que vous êtes maîtres de la situation alors que vous nous le dites à genoux ? Sachant que vous nous avez toujours menti, pourquoi prétendez-vous toujours écrire l’histoire avec un(e) grand(e) H(ache) ?

La cohabitation (la concorde civile) vous a permis de compter les ennemis qu’il vous reste (l’opposition) sur les doigts de la main. Vous pensez peut être que la politique que vous menez est humaine, mais ce que vous ne pourrez jamais nous prendre c’est notre liberté. Nous sommes un peuple vivant et nous n’acceptons pas de mourir. Si nous acceptons la mort, c’est pour rester vivant !

El Mahgour


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