No Pasaran - L’anarchisme est mort, vive l’anarchie !

Il est vrai que de l’extérieur", voir l’anarchisme défendue par si peu d’individus regroupés dans tant d’organisations ça peut paraître suspect, et on échappe rarement à "Vous n’arrivez déjà pas à vous entendre entre vous alors...". Il faut dès lors rappeler l’historique du mouvement et expliquer que si l’anarchisme a tant de chappelles c’est que leurs axes de luttes et leurs moyens sont différents. Neanmoins il y a dans ces groupes une base commune qui est l’anti-autoritarisme (même si ce terme mériterait une redéfinition). Alors, une unité sur des luttes spécifiques entre des individus de la CNT, de l’OCL, de la FA, de l’AL, du Réseau No Pasaran, de groupes libertaires autonomes et d’individus non-encartés semble au jour d’aujourd’hui le meilleur moyen der peser et de représenter une force susceptible d’influer sur les décisions et les comportements sociaux. On entre alors, et c’est cela qui est nouveau pour nous, dans un rapport de forces. On est plus là à faire nos trucs dans nos coins, l’unité amène avec elle la volonté d’être une opposition en acte et en nombre. L’avenir nous dira si nous avons fait les bons choix d’alliance.

Et puisqu’on parle d’unité, rester vigilant-e-s vis-à-vis de l’extrême gauche et consorts... Pour l’instant, tout va bien, anarchistes et communistes se cotoient dans une ambiance bon-enfant, mais n’oublions jamais que ce sont eux qui nous toujours tiré dans le dos pour prendre le pouvoir quand la situation s’y prêtait. Ils se disent révolutionnaires mais leur révolution n’a rien à voir avec nos révoltes. Contrairement aux cocos, les anarchistes ne se prétendent pas l’avant-garde éclairée dont la mission est de guider un peuple trop con pour le faire lui-même. Les anarchistes n’ont pas de vision déterministes de l’Histoire et enfin, les anarchistes ne croient pas (ou plus) à la valeur travail. Alors oui, rouges et noires contre le capitalisme, mais souvenons-nous du POUM, de Makhno et des autres.

Pour être en véritable rupture face au capitalisme, notre antifascisme ne doit avoir d’égal que notre anticommunisme.

Et dans ce jeu d’alliance, prenons garde où l’on nous met la bague, au doigt ou à la patte car ils sont bien séduisants les partisans de la participation des citoyens-acteurs (ATTAC, MDC...). Mais regardons mieux leur programme : renforcement du rôle de l’Etat-(providence) et continuité d’une économie inéquitable... Et nous leur servirions de tremplin ?

Des groupes locaux autonomes fédérés par une charte en un réseau, voilà le seul fonctionnement libertaire viable à long terme, mais surtout, surtout, ne pas être des militants professionnels, garder pour nous l’innocence du devenir. Ne pas couper sa théorie de la pratique, ça veut dire investir davantage le terrain dit associatif (zik, zine, bouffe, convivialité, services...) que la fange politicienne a tellement éloignée de la vraie vie.

Il paraît qu’au Réseau No Pasaran nous pêchons par manque de formation politique... qu’à la différence des autres orgas nous n’avons pas de bréviaire anarchiste. Sachez que ce n’est nullement un handicap, au contraire, c’est une force, une force fragile certes mais est-ce un tord de n’avoir que la théorie de nos actions ? La vie est une aventure qui se joue au quotidien. La redéfinition des termes est toujours et perpétuellement en cours. La vie n’est pas un dogme. Notre formation politique nous la faisons sur le terrain et (pour ce qui est du SKALP 86) en réunion quand on fait notre zine (dispo à la Fanzino)*.

C’est opposer un véritable rapport de forces face au parlementarisme, au hiérarchisme, au fascisme, à l’autoritarisme. L’unité c’est l’union en actes des organisations et des individus capables, hors du champ institutionnel, de proposer et de mettre en oeuvre des alternatives rupturistes au capitalisme.

C’est influer sur la vie politique d’un quartier, d’une ville, d’une région par le biais du municipalisme libertaire ou de la réappropriation du pouvoir de gestion au niveau local.

L’unité c’est dans une dimension locale (parce que la vie est locale et pas nazionale ou mondiale), l’organisation de rencontres entre les orgas et les individus d’un même lieu pour mettre en place un véritable réseau de résistance active au capitalisme.

Parce que "cela" est dans l’air du temps (taux d’abstention, créations d’alternatives au capitalisme (SEL, commerce équitable...), l’union concrète d’une force de rupture est nécessaire.

"Il faut entreprendre maintenant un travail collectif organisé, tendant à un emploi unitaire de tous les moyens de bouleversement de la vie quotidienne. C’est-à-dire que nous devons d’abord reconnaître l’interdépendance de ces moyens dans la perspective d’une plus grande domination de la nature, d’une plus grande liberté. Nous devons construire des ambiances nouvelles qui soient à la fois le produit et l’instrument de comportements nouveaux" (G.E. Debord "construction des situations").

Ensuite, il faut rappeler que si toute attitude réellement rupturiste est utilisable, l’emploi abusif de ce mot a très souvent tenté de justifier une action réformiste. La seule démarche rupturiste valable se fonde sur la critique exacte des conditions existantes et leur dépassement délibré. La rupture n’est pas l’arrangement des institutions et des gens, c’est l’invention de nouvelles lois sur cet arrangement.

Et même si l’unité se vit déjà sur le terrain, cette volonté d’unité peut nous permettre de radicaliser les luttes, car rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue.

Schwarz-Block, Zine du Skalp 86, Anarchisme et libération animale 5 F, Anarchisme et travail 10 F. Adresse page 2.