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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°88 - Juin 2001
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> On croyait que c’était fantomas, mais c’était la lutte des Clash

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Quand les chômeurs-ses, précaires, S.D.F, incinèrent l’incinérateur de Fumel

On croyait que c’était fantomas, mais c’était la lutte des Clash



Le 15 mars 1999, après 24h d’occupation, de blocage avec un tracteur de la grille principale, d’enchaînement au portail, de pressions policières, de palabres avec le directeur, le Sous-Préfet et plusieurs maires de l’agglomération qui consciemment utilisent un outil hors norme trop content de pouvoir éliminer leurs ordures à bas pris, l’usine de traitement de déchets de Fumel (Lot-et-Garonne) était " mise aux normes " par une vingtaine de militants du collectif AC ! C.L.A.S.H (Chômeurs-ses Libres Actifs-ves Solidaires et Heureux-euses) en démontant les installations électriques, la porte du cendrier du four. Le but de cette action était d’attirer l’attention de la population, des pouvoirs publics et des médias sur la forte nocivité de cette installation industrielle, de demander son arrêt, et de démontrer qu’il existe des solutions de retraitement plus respectueuses de l’environnement. Depuis cette date l’incinérateur n’est plus en fonction. La population applaudit cette action radicale, hormis les élus qui "condamnent vivement ces exactions et appellent à des sanctions lourdes". La doyenne des juges d’instruction d’Agen va exaucer leurs désirs.

L’arrestation, La répression

Les Flics sont arrivés vers 12h ont encerclé la maison où dormaient les Apaches du C.L.A.S.H. A 16h les bleus de la cavalerie des visages pâles fonçaient vers l’habitation, cassaient une porte fenêtre, prenaient des disquettes, tracts, matraquaient tout le monde, puis arrêtaient une vingtaine de personnes. Les militants ont été entendus par la juge d’instruction, Maryse LE MEN-RAIGNIER , quatre ont été mis directement en prison pour destruction de bien public en réunion. Un a fait 10 jours, il est relâché parce qu’ il devait se faire opérer . Les trois autres, 32 jours de prison. Puis les Flics de Fumel ont fait deux nouvelles arrestations dont l’un a fait 30 jours de prison. Pour les autres :

- Assignation à résidence pour 14 personnes, avec interdiction de quitter leur département.

- Obligation de démission de présidence d’AC ! pour des militantes et militants.

- Obligation de pointage journalier a la gendarmerie pour trois militants.

- Interdiction à toutes et à tous de fréquenter des militants d’AC !.

- Interdiction à un couple qui vit ensemble de se voir.

- Obligation de trouver un emploi et d’en justifier la recherche tous les huit jours.

- Interdiction de réunions publiques.

Le contrôle judiciaire imposé aux inculpées n’a, quant à lui, pas été levé, malgré la fin de l’instruction. Fait rarissime en France.

Les inculpés de Fumel, toujours soumis à ces mesures, attendent la date de leur procès où ils comptent bien plaider la désobéissance civile.

La juge ayant refusé d’instruire à décharge, les inculpée-es ont pris leur défense en main : une plainte contre X de 150 pages, retraçant l’ensemble des infractions à la loi, commises par les responsables locaux et administratifs, a été déposée en décembre 1999. A ce jour, elle n’a pas été instruite !!

La répression est une composante " normale " d’un système d’oppression " libéral " dont la gauche est porteuse. La répression ne s’exerce pas sur le mouvement social seul, mais sur l’ensemble des dominés.

Le Monstre a verrue

L’Incinérateur*(type CRO-MAGNON) dont le proprio est VIVENDI, obsolète et hors norme dès sa mise en service en 1986. Crachait un taux d’acide chlorhydrique 2,5 fois supérieur aux normes et du furanne 50 fois supérieur. De la dioxine**, du soufre, des métaux lourds (cadmium, nickel, chrome, arsenic, cuivre, mercure, plomb, manganèse). Du gaz chlorhydrique. L’incinérateur brûlait en torchère les flammes dépassant souvent 5 mètres de sa cheminée trop courte. Aucun filtre, pas de lavage de fumée, chutes de cendre, poussières dispersées dans l’air, odeur nauséabonde, bruit 24h sur 24, la contamination des cours d’eau et nappe phréatique due a l’entrepôt illégal de mâchefer et de résidus de combustion autour de l’usine ainsi que tous les produits de lavage !!

De plus il était en surcapacité constante, 40 tonnes par jour, trois fois plus l’été. La pollution est une violence au quotidien ! L’action directe est souvent la seule solution pour les populations qui se trouvent en légitime défense, face au refus des pouvoirs publics.

*Sur 54 installations contrôlées , seules 6 respectent la norme européenne. Et 25 d’entre elles y compris les plus récentes, rejettent dans l’air de 100 à 1000 fois la dose admise pour ces molécules toxiques.

Bouyges, EDF, Lyonnaise et Générale des eaux, sont lancés dans une course au pactole du tout incinérateur.150 installations en construction d’ici à 2002, un chiffre d’affaires de 40 milliards de francs.

** 0,000 000 000 001gramme, le pictogramme redouté. A quantité infinitésimale (de l’ordre du pictogramme/Kg/ jour, c’est à dire du millionième de gramme/Kg/ jour). La dioxine provoque cancers, trouble de la fertilité, affaiblissement des défenses immunitaires et dysfonctionnement de la thyroïde et du système nerveux chez les nourrissons. L’alimentation, lait maternel, produits laitiers, viande, poisson, constitue la principale voie de contamination ; les sources de pollution par les dioxines sont l’incinération des déchets, certaines industries du recyclage de métaux non ferreux et la fabrication de produits à base de chlore (solvants, pesticides, papéterie et plastique tel le PVC)

Interview d’un Apache du C.L.A.S.H.

MARIUS : Le CLASH et où en est-il ?

ALAIN : Toujours opérationnel. Nous cherchons à élargir le réseau. Si des personnes veulent adhérer, c’est gratuit.

Pourquoi des chômeurs-ses s’attaquent à un incinérateur ?

Cela vient de la charte de Montluçon, qui dit que les problèmes d’écologie sont liés à la précarité , pour la création d’emplois dans le tri sélectif.

Vous avez écrit à Dominique Voynet , quelle a été sa réponse ?

Aucune réponse, même pas des sous-fifres.

Que répondez-vous aux collectifs AC ! et autre qui disent que cela n’était pas votre rôle ?

C’est toujours les mêmes que l’on a en face, Préfet, patronat et ce n’est pas par ce que l’on est au chômage que l’on n’a pas le droit à de l’air pur, c’est tout ce qui nous reste de gratuit, et c’est toujours les mêmes qui habitent a côté des incinérateurs. Le Préfet ne fera pas construire sa maison a côté !


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