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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°1 - Septembre 2001 > Police Partout, Bavure

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Police Partout, Bavure


Le 8 août dernier s’est déroulé au tribunal correctionnel de Toulouse le procès du policier Henri Bois meurtrier d’Habib, jeune toulousain de 17 ans, le 13 décembre 1998. Lors d’une intervention pour "vol de voiture", il avait tiré sur Habib le blessant mortellement. Lui et ses collègues étaient ensuite rentrés au commissariat sans déclarer l’incident. Habib avait été retrouvé mort gisant dans son sang à quelques dizaines de mètres de là, par une passante.


image 315 x 221L’audience, d’abord prévue le 22 août, avait été avancée au 8 au dernier moment par les autorités judiciaires, dans le but évident d’empêcher toute mobilisation le jour du procès. La police et la "justice" préfèrent en effet règler leurs affaires gênantes en plein été, loin des projecteurs.

Encore une fois, comme dans toutes les affaires de meurtre impliquant la police dans les quartiers populaires, on a pu assister à une parodie de justice. Le juge et le procureur parlant sans cesse "d’accident" et de "concours de circonstances malheureuses". Or, faut-il le rappeler, les circonstances de la mort d’Habib s’apparentent plus à un meurtre. Car comment expliquer que le "brigadier- chef" Bois, flic expérimenté (il avait appartenu pendant 10 ans à la BAC en région parisienne) n’ai comme il le prétend "pas entendu le coup de feu qu’il a tiré sur Habib" (soit disant couvert par le bruit du moteur !)

Comment les flics (ils étaient 4) peuvent-ils prétendre n’avoir pas entendu les coups de feu alors que 3 témoins affirment les avoir entendu très distinctement, et ce à plusieurs dizaines de mètres de là ?

Toutes les incohérences de la version policière pour nous faire croire à une soit disante "bavure"ne font que renforcer la certitude, pour toutes les personnes qui ont suivi l’affaire, qu’Habib a été assassiné. Il a été assassiné ce soir là par un flic qui se prenait pour un cow-boy et que toute la hiérarchie policière et judiciaire a protégé ensuite. Ainsi, Henri Bois n’a été mis en examen que pour homicide involontaire et jugé en correctionnelle alors que n’importe qui impliqué dans une affaire de ce type serait jugé en Assises.

Le tribunal, lors de l’audience du 8 août, n’a pas retenu les nombreuses incohérences de la version policière, ni le fait que la patrouille de police n’ait fait aucun rapport de l’intervention et des coups de feu tirés en rentrant au commissariat.

Il n’a pas retenu contre eux la non assistance à personnes en danger alors que si la patrouille avait déclaré l’intervention, Habib aurait vraisemblement pu être sauvé et ne serait pas mort dans la rue.

Le procureur quant à lui s’est véritablement fait l’avocat de la police "républicaine" qu’il ne fallait pas accabler. Il n’a requis que 3 ans de prison avec sursis pour Henri Bois et a demandé sans aucune honte manifeste que ce dernier ne fasse pas un seul jour de prison.

La "Justice" n’est ainsi pas la même pour tous, elle le prouve encore une fois en protégeant la police tout comme elle protège les grands délinquants récidivistes : politiciens et patrons compromis dans des affaires (malversations financières, sang contaminé, ventes d’armes ...). C’est cette même justice de classe qui a condamné Jérome Chaboub, un jeune de Toulouse, qui lui est passé en Assises et a pris 12 ans fermes il y a quelques mois. 3 jours après la mort d’Habib, lors des émeutes qui avaient suivi la remise en liberté du flic meurtrier, il avait tiré sur un flic et l’avait blessé légèrement. Son action désepérée pouvait sembler légitime face à l’impunité policière et surtout à l’occupation guerrière de son quartier par plusieurs centaines de flics (auxquelles s’ajoutaient des militaires) depuis plusieurs jours.

L’Etat "socialiste" et sa "justice" savent ainsi réprimer violement les exclus qui se révoltent. Le discours sécuritaire sur la "tolérance zéro pour les violences urbaines" et la police de proximité, amplifié par les médias, légitime le zèle et les violences policières. Tout ça ne sert qu’à masquer la véritable "insécurité" (chômage, misère, précarité, racisme) bien réelle celle-là et subie quotidiennement dans les quartiers populaires et entretenue par les gouvernements successifs.

Le verdict du procès sera prononcé le 6 septembre. Il est clair que le policier ne prendra que quelques mois avec sursis. A nous de nous mobiliser (à Toulouse et ailleurs) pour qu’il soit, comme à Mantes la Jolie, rejugé en Assises pour homicide involontaire.

Anton


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