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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°1 - Septembre 2001 > Réduire les coûts sociaux et environnementaux

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Réduire les coûts sociaux et environnementaux


L’objectif de nos revendications pour la gratuité des transports est bien d’ouvrir une brèche dans la logique capitaliste de tout considérer en termes marchands. Sur le thème spécifique des transports, la gratuité doit permettre de questionner une autre logique : celle de l’industrie des transports( industrie des transports individuels et collectifs). Il faut questionner la politique des transports pour réduire l’impact environnemental et social des transports.


De par le coût élevé des carburants, le temps qu’on passe dans les transports, les émissions de gaz polluants, les déchets nucléaires (trains nucléaires), l’impact environnemental et social des transports est directement lié à la question de l’énergie. Ivan Illich montrait dans les années 70 que plus l’énergie abonde et plus le contrôle de cette énergie est mal réparti. L’abondance d’énergie, disait-il, à partir d’un certain seuil, est socialement dangereuse. Selon ses études, à partir d’un certain niveau de PNB, le contrôle social augmente plus vite que le PNB. Ce qu’il convient de faire, ce n’est pas seulement de remplacer nos sources d’énergie actuelles par d’autres, plus propres, mais de changer de régime énergétique. Il faut reprendre conscience des avantages apportés par le recours à la force musculaire. Pour changer de régime énergétique, cette société doit trouver les moyens de limiter la consommation de ses citoyens les plus puissants. A pied, les êtres humains vont plus ou moins à la même vitesse, en fonction de leur age, leur handicap. Il n’existe pas une inégalité choquante, même si cette égalité n’est pas parfaite. Les transports mécaniques pouvaient permettre de limiter ces inégalités en compensant les différences d’aptitudes. Au contraire, l’arrivée des transports mécaniques a augmenté ces inégalités avec des élites voyageant sur des distances illimitées, souvent aux frais de leurs entreprises et une majorité qui utilise des transports certes plus rapides que la marche mais ô combien dévoreurs de temps et limités au trajet hébergement/travail/achats.

Les objectifs environnementaux sont connus : il faut réduire les émissions de gaz polluants au sein de la ville, utiliser des ressources renouvelables qui garantissent un approvisionnement en énergie sur une longue échelle de temps, réduire les pollutions sonores et visuelles. La plupart de ces coûts étants liés à l’utilisation des transports individuels. A titre d’exemple, en 1998, sur les 3 milliards d’Euros estimés pour les coûts externes des transports en région parisienne (accidents, bruits, pollution, congestion, effet de serre), 97% ont été causés par les transports individuels.

Au niveau urbain, il faut utiliser des moyens de transports efficaces et propres (pas des voitures électriques qui ne font que déplacer la pollution au niveau des centrales nucléaires). L’énergie la moins polluante étant celle que l’on n’utilise pas, il faut également réduire les besoins en transports polluants. Une telle politique en milieu urbain ne peut être uni-modal : le métro ou le réseau de bus ne saurait être la solution unique. Il faut qu’il soit combiné aux autres moyens de transports : le vélo, le bus, la marche ou la voiture dans les cas extrêmes. Le piéton et le cycliste doivent retrouver leur place dans la ville…

Demander des transports collectifs gratuits pour tous, ne peut faire l’impasse sur les problèmes de saturation aux heures de pointes. Cette question ne pourra être résolue sans une réorganisation de la ville pour une réduction des besoins en transport. Actuellement, les villes occidentales sont conçues de telle façon que les quartiers ont des fonctions bien précises : les grandes surfaces à l’extérieur des villes, les petites surfaces et les activités culturelles au centre. Des quartiers sont réservés pour les bureaux, pour les industries, d’autres pour dormir. Chacune des activités quotidiennes est séparé physiquement l’une de l’autre : travailler à la Défense, habiter en Seine et Marne et sortir dans le quartier latin. Et chacun de nous, en fonction d’où est placé son appartement par rapport à son travail ou à ses autres activités, passe énormément de temps dans les transports individuels ou collectifs. Vouloir la liberté de circulation et la gratuité des transports collectifs, ce n’est pas vouloir passer plus de temps dans les transports, quels qu’ils soient. C’est au contraire vouloir réduire les coûts externes associés à la politique actuelle et notamment la fatigue et le temps perdu engendrés par les heures de transports quotidiens. Il faut réaménager nos quartiers de façon à ce qu’il soit possible d’aller d’une activité à une autre en peu de temps et avec des moyens propres (vélo, marche, transports collectifs). Réclamer la gratuité des transports, c’est aussi lutter contre l’enclavement des zones périphériques, des zones dortoirs. La gratuité, c’est éliminer le zonage des villes lié à la tarification. Comment aller de la périphérie vers le centre lorsque le prix du billet aller-retour est de 50F ?

Main Yu (Paris)


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