Retour accueil

AccueilJournalNuméros parus en 2001N°1 - Septembre 2001 > Parons le pare !

Rechercher
>
thème
> pays
> ville

Les autres articles :


Parons le pare !


Le PARE (Plan d’Aide au Retour à l’Emploi, signé aux ASSEDIC) et son corollaire, le PAP (Projet d’Action Personnalisé, signé à l’ANPE) sont désormais, pour la plupart des chômeurs et travailleurs précaires, une réalité qui les touche et les menace directement.


Ce sont deux outils, au service du patronat, pour contraindre les salariés au chômage à accepter n’importe quel emploi ou formation, à n’importe quel prix, et le plus vite possible, ce qui ne manquera pas d’avoir des répercussions sur l’ensemble du monde du travail, et de briser un peu plus les résistances à l’exploitation.

Ces deux outils, le patronat (MEDEF) les voulait à tout prix. Trois des cinq syndicats dits "représentatifs" qui cogèrent l’assurance chômage (UNEDIC-ASSEDIC) avec le MEDEF (la CFDT, la CFTC et la CGC) ont rapidement dit oui, les deux autres (la CGT et FO) persistant à s’y opposer tout en acceptant de rester co-gestionnaire de l’assurance chômage (car la soupe y est bonne). Le gouvernement est resté "de gauche", c’est-à-dire qu’il a prétendu trouver le projet du MEDEF un peu dur tout en en acceptant finalement l’essentiel, et en mettant donc directement l’ANPE, en théorie service public, au service de la politique définie par le MEDEF et par son syndicat préféré, la CFDT.

Tous ces braves gens s’étant mis à peu près d’accord, une campagne publicitaire a été lancée fin juin début juillet par l’UNEDIC pour annoncer partout que tous les chômeurs seraient bientôt aidés plus efficacement dans leurs démarches de retour au bonheur salarié. Comme dans toute campagne publicitaire, c’est bien sûr l’exact contraire de ce qui est dit qui se rapproche le plus de la réalité. Et en l’occurrence, la réalité est que chaque chômeur s’inscrivant désormais aux ASSEDIC se retrouve de fait contraint de signer un PARE, ce qui l’engage à signer ensuite un PAP auprès de l’ANPE, et que pour ne pas être radié de l’ANPE et se voir supprimer ses allocations chômage, chaque chômeur devra se soumettre à une série de procédures de contrôle (entretien approfondi, bilan de compétences…) et de propositions d’emploi ou de formation. Les chômeurs ayant le moins d’expérience et de qualifications vont s’en prendre plein la gueule. Et chacun risquera fort d’être invité à revoir à la baisse ses prétentions et sa marge de choix en terme d’emploi, de salaire, de qualification reconnue et de formation, en fonction du " marché du travail ", autrement dit des besoins en main-d’oeuvre du patronat..

L’ANPE, le gouvernement et les propagandistes du PARE/PAP se réfugient derrière le Code du Travail pour mieux prétendre qu’au fond, rien n’a vraiment changé : le Code du Travail définissait effectivement déjà les " devoirs " minimum du demandeur d’emploi. Mais cela était resté jusqu’à présent une théorie assez peu appliquée. Avec les nouveaux moyens dont se dote peu à peu l’ANPE (nouvelles directives données aux agents, recrutement de personnel supplémentaire, fichiers informatiques…), c’est la théorie patronale des devoirs maximum qui, elle, va être appliquée. Cette logique concerne avant tout les chômeurs percevant des allocations chômage, mais le gouvernement prévoit à terme de l’étendre à tous les demandeurs d’emploi (en généralisant le dispositif PAP).

Après l’affligeant feuilleton des négociations entre patronat, syndicats co-gestionnaires et gouvernement, après les batailles juridiques menées par les associations de chômeurs (AC !, APEIS, MNCP) et certains syndicats (Groupe des dix, Snu ANPE, CNT, CGT, FO…), batailles nécessaires mais dont le PARE/PAP sort inchangé, nous en sommes maintenant à la mise en place effective du PARE/PAP. Le dispositif va, comme disent les gestionnaires qui nous gouvernent, "monter en charge".

Pour nous, salariés, précaires et chômeurs en lutte, il ne s’agit plus "seulement" d’informer et de manifester contre les projets du MEDEF et du gouvernement, mais aussi de résister concrètement à une réalité, aux nouvelles pratiques de l’ANPE : recueillir informations et témoignages sur les pressions exercées, manifester collectivement contre toute menace de radiation, imposer l’accompagnement des chômeurs qui le souhaitent lors de la négociation de leur PAP, tenter de faire le lien avec les salariés de l’ANPE (dont le zèle à appliquer les nouvelles directives sera déterminant), etc…

La lutte continue.

Bruno

Werner Braeuner, a été condamné à une peine de douze ans de prison pour le meurtre de Klaus Herzberg, le directeur de l’Arbeitsamt (équivalent de l’ANPE) qui lui avait supprimé ses allocations, son unique source de survie. Il a décidé de faire appel. Dans l’hexagone, une personne qui avait participé à une action de soutien le 9 juillet dernier, en occupant durant une heure et demi les locaux du CIDAL (Centre d’Information et de Documentation de l’Ambassade d’Allemagne) a été perquisitionné. Nous reviendrons plus amplement dans un prochain numéro sur cette affaire.

Samedi 11 août

Environ 80 personnes se sont retrouvées aujourd’hui pour dénoncer l’arrêt anti-mendicité de la mairie de Tours. Manif dans les différents quartiers touristiques visés par l’arrêt. Collage d’affiches pour informer que les flics n’ont pas le droit d’embarquer les gens incriminés par l’arrêt. Le DAL d’Orléans a porté l’affaire au tribunal administratif d’Orléans. Une personne a porté plainte. L’affaire est jugée vendredi 17 août. Nous sommes assez contents. On prévoit d’organiser une grosse manif le samedi 8 septembre.

Tours


No Pasaran 21ter rue Voltaire 75011 Paris - Tél. 06 11 29 02 15 - nopasaran@samizdat.net
Ce site est réalisé avec SPIP logiciel libre sous license GNU/GPL - Hébergé par Samizdat.net