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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°1 - Septembre 2001 > Dossier - Gênes

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Dossier - Gênes



La mort de Carlo a sonné le glas des sommets fastueux. Une fois encore, c’est par une mesure symbolique et sans effet sur la vie des populations que répondent les puissants de ce monde à celles et ceux qui avec Carlo se battaient - pacifiquement ou non - pour un autre Futur.

Certains voudraient que soient expulsés les militants radicaux des manifestations anti-mondialisation par les instances répressives étatiques, ou mieux encore, par les contestataires "républicains", respectueux de cet ordre mondial, qui assassine impunément à Gênes, et sur toute la planète.

Le capitalisme tue. Ce n’est pas une découverte, mais la sauvagerie et la férocité des carabiniers les 20 et 21 dans les rues de Gênes, a fait prendre conscience à de nombreuses et nombreux participants qu’il ne peut y avoir d’arrangement avec un système qui n’a que faire des revendications de justice et d’égalité.

Il faut être soit bien naïf, soit très peu en dissension avec les saigneurs de ce monde, pour implorer une humanisation du capitalisme.

Nous ne voulons pas construire un mouvement anti-mondialisation mais contre la globalisation capitaliste et contre les souverainistes ou les républicano-libéraux. Nous ne pouvons être partie prenante de collectifs qui pour des raisons de la défense d’une unité factice accepte des discours empreints de nostalgies nationalistes. Le courant anticapitaliste, défenseurs des identités individuelles et collectives, émancipatrices et fédératrices doit s’affirmer dans une multiplicité des résistances. La refondation d’une pensée de la transformation sociale, de la révolution, de la disparition de l’Etat comme instrument et outil indispensable de l’Empire est en route au niveau hexagonal et international.

Comme le souligne dans un interview à Il Manifesto Luca Casarini, porte-parole des Tute Bianche "nous avons tenté d’analyser la question du gouvernement mondial. Nous avons parlé d’Empire, ou mieux de la logique impériale du gouvernement du monde. Tout cela signfie une érosion de la souveraineté nationale. Non la fin de celle-ci, mais plutôt sa reconduction dans une logique globale, impériale justement. A Gênes nous avons vu cette logique à l’oeuvre suivant un scénario de guerre qui lui est consubstantiel. La question de comment s’opposer à cette logique impériale, est un enjeu énorme auquel nous nous sommes tous retrouvés démunis."

On peut souligner en effet un double échec, celui des Tute Bianche à trouver des solutions de rechange face à l’impossibilité d’entrée dans la zone rouge et celui des "black blok" (terme assez inapproprié du reste) à sortir de la spectacularisation de la violence.

Imaginer d’autres stratégies et tactiques lors des contre-sommets va se poser très rapidement, à Bruxelles en décembre 2001 ? Faut-il créer d’autres espaces en d’autres lieux pour ne pas s’enfermer dans la gueule du loup comme certains le pensent. Le débat est ouvert.

Et d’autre part, faut-il rappeler et insister que sans construction au quotidien d’alternatives et de dynamiques sociales, nous restons enfermer dans une logique médiatico-politique qui peut s’avérer totalement illusoire dans le réel rapport de force à établir pour résister à l’ordre régnant.

Gênes : Au delà du débat sur la violence...

Après Gênes, Bruxelles...

Europe : "maintien de l’ordre" et du fichage

Les multiples visages de la révolte globale et la face assassine de Big Brother

Le collectif de soutien aux victimes des violences policières à Gênes

Ce collectif réunit les témoignages des militant-e-s victimes des répressions policières. Ses objectifs principaux étant, par la suite, de porter plainte contre l’État italien, de soutenir politiquement et financièrement les plaignants ainsi que les militant-e-s inculpé-e-s.

Si vous avez été victimes de violences, quel que soit leur niveau, vous pouvez lui demander des formulaires de plainte et envoyer vos témoignages.

Coordonnées :

Adresse postale : SRA, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris (mention "Gênes").

Site d’Indymedia : www.indymedia.org - Portable : 06 13 95 73 73 (Stéphanie)

Le collectif est constitué de multiples associations et syndicats : AARRG !!, AC !, CGT Finances, DAL, Droits devant !!, Indymédia, réseau No Pasaran, Solidarité Résistance Antifasciste, SUD, etc.

APPEL POUR UNE CONVERGENCE DES LUTTES CONTRE LES POLITIQUES

SECURITAIRES ET LA REPRESSION DES MOUVEMENTS SOCIAUX

A mesure que les gouvernements sociaux-démocrates renonçaient à lutter contre la précarité sociale générée par le capitalisme, ils se sont ralliés aux conservateurs pour réprimer les luttes et contrôler les populations. Les états riches s’ouvrent entre eux et se coupent du reste du monde (Traité de Schengen, volet sécurité de l’accord Euro-med, réunion des ministres de l’intérieur de l’UE en 1999 à Tampere et bientôt à Bruxelles, politique carcérale et sécuritaire nord-américaine. ).

Désormais, les Etats assurent avec des organisations caritatives la "cogestion" de la misère. Celle-ci revêt les formes visibles de l’acharnement judiciaire et de la violence policière mais aussi celles, plus sournoises, d’un contrôle social généralisé.

Les mouvements politiques et sociaux, localement et internationalement,comme la misère au quotidien sont criminalisés pour justifierl’inflation des moyens répressifs et limiter toujours plus le droit d’expression et la contestation. La stratégie consiste à s’attaquer à l’individu pour contrer toute initiative collective. Les gouvernants se justifient en stigmatisant des violences qu’ils instrumentalisent, voire provoquent. Cela leur permet, en pointant les "mauvais-es" manifestant-e-s et les "mauvais-es" pauvres, de mettre en place leurarsenal sécuritaire et répressif. Nous n’avons pas à choisir d’être " bon-ne-s " et " mauvais-es ". En cherchant à nous justifier dans le cadre de ce débat imposé, nous aménageons les arguments de la répression.

Militants et syndicalistes ne sont pas les seuls visés : les dispositifs de surveillance et de répression ciblent des catégories sociales (pauvres, immigré-es, chômeurs-ses) et des territoires (quartiers populaires) jugés dangereux. Loin de ces préoccupations, une majorité de médias relaie avec servilité les agendas gouvernementaux qui font de la " lutte contre l’insécurité " une priorité.

Maximum de moyens pour réprimer, criminaliser, stigmatiser, intimider et provoquer par la présence et les interventions constantes de la police, de l’armée et des milices privées et l’instauration de contrats locaux de sécurité. Nombre de médias sont aujourd’hui les complices objectifs des idéologues sécuritaires.

Sous son masque souriant, permissif et libéral, la social-démocratie sert, aussi bien que la droite, les intérêts des possédants. Son nouveau credo : laisser faire le marché, réduire au silence ses victimes et criminaliser ses opposants.

Associations, collectifs, syndicats et indépendant-e-s appellent à la convergence des luttes pour accroître l’offensive, partout dans le monde, contre la dictature capitaliste et l’arsenal répressif et sécuritaire qui l’accompagne.

Nous appelons à une vaste mobilisation contre ces politiques du pire et à la mise en place de moyens pour recueillir, mettre en commun et diffuser nos informations, nos expériences et nos luttes afin de briser l’isolement des victimes de la répression et du contrôle, d’alerter la population sur les dangers du tout sécuritaire.

Un collectif international (’’CRISE !’’) s’est mis en place, avec l’objectif notamment de rassembler tous les éléments qui révèlent les manoeuvres répressives et de fichage policier lors des mobilisations mondiales.

Pour tous renseignements, signature de l’appel, adhésion au collectif, contactez-nous : crise@free.fr ; une adresse postale est en cours de création.

Cet appel a déjà été signé sous sa version française par : Agir contre le Chômage ! (AC !), Comité des Sans Logis, Droits devant, Contre les Répressions Internationales, Solidarité face aux Etats ! (CRISE !), Observatoire des Liberté Publiques (O.L.P.), fédération SUD éducation, Alternative Libertaire, Collectif pour les libertés individuelles face aux technologies de l’information (Clifti), Souriez, vous êtes filmé !, Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB), Réseau No Pasaran, Laurent Bonnelli et Pierre Rimbert, Play Fair Europe ! Droit au Logement (DAL).

Ce témoignage n’est pas fait pour que l’on pleure sur notre sort, mais seulement pour informer.

Ces bestialités policières et leur crime n’ont fait que renforcer notre détermination.

PAS DE JUSTICE, PAS DE PAIX.

Témoignage de Z. et de D. d’AC !

Dimanche 22 juillet, fin du sommet du G8, lors de notre départ de Gênes vers 09h45 du matin, nous nous sommes égarés dans Gênes à bord de notre voiture où nous étions 4 personnes ( Z, D de Marseille, Pa,P de Nice). A 10h nous nous sommes trouvés devant des sens interdits, sans pouvoir faire demi-tour -avec devant nous un cordon de police qui bloquait la rue. Etant coincés,nous avons été obligés de leur demander notre chemin. Pour toute réponse la police nous a demandé nos papiers et a fouillé nos bagages, notre véhicule et nous mêmes - l’un d’entre-nous a été mis à poil, dans la rue même. Toutes nos affaires ont été éparpillées et filmées.

Ensuite nous avons été conduits au commissariat central ( qesture ) où nous avons été roués de coups sans aucune explication, dès que nous avons franchi la porte.

Après une nouvelle fouille nous avons été jetés en cellule ( celle-ci était par endroit maculée de sang et de cheveux arraché ) et matraqués ,l’un de nous a eu le cuir chevelu ouvert avec une blessure qui saignait abondemment ; après avoir demandé les soins d’un docteur, il a eu pour toute réponse 2 autres coups de matraque sur le crâne qui lui ont fait pisser le sang encore plus ; nous avons été battus au sol à coups de pieds et de poings. Puis ils nous ont mis à genoux, les bras en l’air contre le mur, pendant plus de 4 heures, chacun à un des quatre coins de la cellule. Régulièrement au cours de ces quatre heures, ils nous ont donné des coups de pieds, de poings, de ceinture et insultés.

Ces coups étaient alternés avec des simples visites de surveillance, ce qui provoquait chez nous à chaque fois une peur ne sachant pas ce qui allait nous arriver.

Nous sommes restés sans eau, ni traducteur, sans pouvoir contacter qui que ce soi de l’extérieur.

Un peu plus tard, nous avons été conduit à la préfecture où l’on nous a fiché -photos et empreintes digitales - et frappé là aussi. Dans le sous-sol de la préfecture un policier a fait le salut mussolinien - bras tendu - en sifflant un hymne fasciste pendant qu’un autre sortait son arme et la pointait sur P. en faisant boum-boum.

C’est enfin vers 17 heures que nous avons été libérés, sans avoir été interrogés.

Ils nous ont sommé de prendre l’autoroute et de quitter l’Italie le plus rapidement possible, c’est là que nous nous sommes aperçus que la police nous avaient pris des pellicules photos, une cassette vidéo, et que nos portables avaient été plongés dans l’eau.. En plus nous avons constaté que notre véhicule avait subi des dégradations au niveau du tableau de bord et des portières. Pendant 7 heures, nous avons subi des brutalités, nous avons été confrontés à la bestialité et humiliés par la "Polizia" italienne.

Marseille, le 23 juillet 2001.


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