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Quand deux dictateurs se rencontrent...


La visite du leader stalinien Kim Jong-Il en août a rappelé à beaucoup de Russes les temps soviétiques. Les trains ordinaires ont été détournés pendant des heures le temps que son train personnel passe puis arrivent dans les villes sur son parcours, même une visite de Vladimir Poutine n’entraîne pas ce luxe de précaution. Le théâtre Marinski de St Petersbourg et les musées étaient fermés au public le temps que le dictateur nord-coréen jette un regard dédaigneux sur lieux. Les mauvaises langues russes (et elles sont nombreuses) disent que Kim Jong- Il n’aurait été intéressé vraiment que par la visite à la brasserie Baltika. Poutine et le maire de St Petersbourg ont multiplié les courbettes pour s’attirer les bonnes grâces du président Coréen. Les résultats politiques de cette visite sont apparemment faibles : un texte appelé "Déclaration de Moscou" marquant une opposition commune à l’abandon du traité ABM (qui limite le nombre de missiles anti-missile) souhaité par les États-Unis, une possible coopération dans le domaine spatial et vraisemblablement de très juteux contrats d’armement pour l’industrie russe.


À l’occasion de cette visite, des journalistes ont rappelé un aspect méconnu de la coopération entre Moscou et Pyongyang : La Corée du Nord payent ses dettes à la Russie en envoyant des travailleurs dans des camps en Sibérie. Ces véritables serfs ne sont pratiquement pas payées et à la moindre incartade ils sont renvoyés en Corée du Nord. Les camps de travail étant gardés par la police politique nord-coréenne. La Russie viole la Convention sur les réfugiés de 1951 en refusant de donner un statut de réfugiés à ceux qui arrivent à s’échapper des camps de travail.

La Corée a réduit sa dette, près de 4 milliards de dollars, de 50 millions l’année dernière. Ce système existait sous la période soviétique, vraisemblablement depuis au moins 1967. Amnesty international dans un rapport de 1996 avait estimé dans les années 1980 à 20 000 le nombre de ces travailleurs forcés, chiffre qui aurait diminué pour atteindre 6 000 au début des années 1990. Dans ce même rapport Amnesty publie des témoignages de tortures, mauvais traitements

et même de cas d’exécutions par la police politique le "Service de la sécurité public" qui dispose par ailleurs dans ces camps de prisons.

Le nombre de travailleurs forcés serait aujourd’hui de 10 000. Le St. Petersburg Times qui a interrogé une quinzaine de responsables officiels n’a pas pu obtenir d’eux le montant du salaire de ces travailleurs. Un responsable de la région de Vladivostok, où 2 000 de ces Coréens travaillent particulièrement dans la construction, indiqua qu’ "ils semblaient être conditionnés... Ils portent un pins avec le portrait de [Kim Jong Il] et devaient assister à des réunions politiques deux fois par semaine". Le passage du capitalisme d’État au capitalisme privé n’a posé aucun problème de conscience : ainsi une entreprise privée de la région de l’Amour, Tynda Less fait travailler dans un camps 1500 Nord-coréens. Depuis 26 ans des Nord-coréens travaillent dans ce camps qui au moment de la privatisation passa dans des mains privées : 2/3 des arbres coupés par les Nord-coréens sont récupérés par cette entreprise négrière, un tiers par le gouvernement nord-coréen. Le St. Petersbourg Times (du 14 août 2001) a calculé que l’an dernier ce seul camp a rapporté à Pyongyang près de 8 millions de dollars.

Jean Raymond à Moscou le 25 août 2001.


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