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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°1 - Septembre 2001 > Résistances à l’écran

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Résistances à l’écran


Comme chaque mois dorénavant, voici une sélection partielle (et partiale) de quelques films, plus ou moins récents, jugés intéressants au vu des thèmes sur lesquels lutte le réseau No Pasaran… Les sorties de l’été ne sont pas époustouflantes, d’où le choix de chroniquer quelques productions plus anciennes.

Pirouli (Paris)


Les films chroniqués ce mois-ci :

- Les Diggers de San Francisco Film documentaire réalisé par Alice Gaillard, Céline Déransart - 54 min. - 1998
-  Voyage au bout de l’enfer Titre original - The Deer Hunter Film américain de Michael Cimino 176 min. - 1978
- Sœur innocenta, priez pour nous ! Film de Caroline Fourest et Fiametta Venner - Origine : France

image 211 x 283Les Diggers de San Francisco

Film documentaire réalisé par Alice Gaillard, Céline Déransart - 54 min. - 1998 - (disponible auprès d’Hésiode, à Marseille)

Dès 1965, alors que des milliers de jeunes déferlent sur San Francisco prêts à lutter contre "l’American way of life", les Diggers organisent la commune libre de Haigh Ashbury. Avec pour mot d’ordre : "Everything is free" (tout est gratuit, sois libre) et "Do your own thing" (réalise-toi et choisis ton action), ils mettent en scène un monde sans argent basé sur l’entraide et l’autogestion. Insaisissables parce qu’anonymes, groupe informel sans leader, les Diggers deviennent les détonateurs subversifs d’un mouvement auquel chacun participe à sa manière. Les Diggers, qui ont choisi leur nom en référence aux égalitaristes de la révolution anglaise du XVIIème siècle, ont organisé des repas gratuits dans les parcs de San Francisco pour lesquels ils récupéraient ou volaient de la nourriture. Ils ont célébré "La mort de l’argent", organisé des fêtes géantes, des concerts gratuits. Une partie des Diggers était issue d’une troupe de théâtre de rue qui pratiquait l’Agit-prop et le happening subversif : la Mime Troupe de San Francisco. Les autres, comme Emmett Grogan, qui écrira son histoire dans "Ringolevio", viennent de la rue et de la révolte délinquante. Ce documentaire s’appuie autant sur des images d’archive quant à leur activité de l’époque que sur des témoignages actuels des Diggers.

Mais l’inventivité des Diggers se retrouve surtout dans leurs pratiques hors du commun. Faisant comme si la société était libre, ils s’organisaient pour vivre leur liberté… et vivaient donc libres !!! Profitant du contexte exceptionnel de l’époque, c’est une expérience extraordinaire qu’ils ont pu mener, expérience encore riche d’enseignements aujourd’hui.

image 219 x 315 Voyage au bout de l’enfer

Titre original - The Deer Hunter

Film américain de Michael Cimino

176 min. - 1978

Voyage au bout de l’enfer fait partie de ces films mythiques dont les images marquent longtemps. Trois amis (Robert De Niro, Christopher Walken et John Savage), issus de l’immigration russe aux Etats-Unis, fêtent un mariage à la veille de leur départ pour la guerre du Vietnam. Ils partent ensuite une dernière fois chasser le daim avant de plonger aucoeur de l’horreur.

Dans ce très long métrage, rien n’échappe au regard cru de la caméra : depuis l’aciérie où travaillent les trois amis, le mariage traditionnel et patriotique, jusqu’aux jungles vietnamiennes, en passant par les bordels et tripots de Saïgon, aucun lieu, aucune scène ne sont oubliés.

Si Voyage au bout de l’enfer n’est pas viscéralement anti-américain (notamment dans la façon de raconter la guerre au Vietnam), c’est parce que son véritable sujet porte plus sur lasociété américaine de l’époque que sur son implication dans la guerre. Le voyage que les spectateurs-trices sont invités à vivre n’est pas seulement une descente dans l’horreur des combats, mais bien un tour d’horizon de l’enfer de l’époque (qui reste très proche du notre…).

Avec une méticulosité quasi sociologique, chaque aspect de la vie américaine est dépeint sans hâte ni fausse pudeur, mais bien dans toute sa tristesse : l’usine, le patriotisme, les mariages arrosés, la chasse, la vacuité de la guerre, les bordels, les hospices, le jeu… Si Voyage au bout de l’enfer n’explique rien, il montre tout et, grâce au recul qu’apporte la caméra, fait comprendre beaucoup. Un très grand film.

image 213 x 276Soeur innocenta, priez pour nous !Film de Caroline Fourest et Fiametta Venner - Origine : France

Durée : 45 mn - Ami-e-s cinéphiles, aujourd’hui changeons de crémerie, ou, comme on dit à Naoned : " Brisons la symétrie qu’il y a dans nos vies ", en saluant une sortie vidéo, un bébé du groupe féministe (entre autres qualificatifs) Prochoix.

Soeur Innocenta, priez pour nous ! est le témoignage de Guillaume, 23 ans, aujourd’hui " Soeur de la perpétuelle Indulgence ". Mais avant de défendre, mi-nonne, mi-drag-queen, les droits des gays et des lesbiennes, avant de faire, lors de diverses manifestations, une prévention MST joyeusement hystérique, avant de faire partie, enfin du seul mouvement au monde officiellement excommunié par le Pape Jean-Paul II, pour cause d’hérésie, Guillaume était un autre. Scout traditionnaliste, catholique intégriste, royaliste-villiériste, il militait contre l’avortement, contre les homosexuel-le-s et leur vie de luxure et de débauche, etc.

Comment a-t-il pu entrer dans un tel milieu, puis voulu en sortir ? Par quel cheminement en est-il arrivé à prendre conscience de sa propre homosexualité ? Quel regard porte-t-il aujourd’hui sur ce passé, sur ce parcours ?

Caroline Fourest et Fiametta Venner nous livrent un récit hors-normes. Hélas, l’image n’apporte pas grand chose au discours, la caméra restant trop souvent figée sur son témoin, au risque de figer le témoignage-même. Quelques longueurs sur la forme donc, mais le fond reste surprenant, et risque surtout d’intéresser les personnes, militantes ou non, en désaccord avec leur identité sociale.

Pour commander un (ou plusieurs) exemplaires de ce film : chèque de 140 F (port compris) libellé à l’ordre de ProChoix : Ed. ProChoix : 177 av Ledru Rollin 75011 Paris. Tel : 01 43 73 35 25. Fax : 01 43 73 36 26.


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