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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°18 - Mars 2003 > Déclaration des anarchistes d’amérique du Sud

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Déclaration des anarchistes d’amérique du Sud


Les 25 et 27 janvier, la Federação Anarquita Gaùcha (Fag) organisait, durant le Forum social mondial, des journées anarchistes. Plus de 200 personnes se sont retrouvées chaque jour pour débattre sur la situation des mouvements sociaux en Amérique du Sud. Outre le nombre de personnes, le succès se situe aussi dans la diversité des personnes présentes : des libertaires du Brésil, de Colombie, de Bolivie, d’Uruguay et du Chili s’étaient déplacés. Ces journées ont donné lieu à une déclaration commune, que No Pasaran vous propose dans sa quasi-intégralité.





« Les peuples latino-américains ne vivent pas des temps faciles. Aujourd’hui, l’Empire a laissé son cynisme de côté et parle désormais de temps et de délais (plutôt courts) pour mettre en oeuvre leur politique. Et ces temps et délais ne serviront pas à discuter s’il mettra ou non sa politique interventionniste en oeuvre, mais bien à les appliquer. […]

Il exhibe sur nos terres une présence militaire qui veut devenir permanente, avec des bases militaires déjà installées dans des zones stratégiques de notre continent. L’Alca signifie, de fait, l’institutionnalisation de la domination […]

Chercher une réponse commune et organisée des peuples latino-américains est une manière de faire face et de combattre cette escalade militariste de l’Empire, qui contrôle la pensée unique, qui déclare la guerre au monde dans un discours totalitaire et qui tente de criminaliser toutes formes de résistance et de fragmenter chaque jour un peu plus les opprimés. Il crée, de cette manière, une classification absurde entre bons et mauvais, terroristes et démocrates, traitant comme dangereux tous ceux qui veulent manger tous les jours.

Avec les politiques que les gouvernements nationaux veulent mettre en pratique, il n’existe aucune possibilité de s’en sortir aujourd’hui. En effet, leur fonction primordiale est d’administrer les intérêts de l’Empire.

Nous vivons une époque où les sociaux-démocrates parlent de créer une chose impossible : un capitalisme humain où des organismes et agences internationales (comme l’Oea* et d’autres) peuvent agir avec neutralité. Aucune personne vivant et travaillant dans une quelconque région de l’Amérique Latine ne peut croire que ce qui était connu dans les années 60 comme l’organisation des colonies des USA peut être la solution à un conflit national, comme c’est le cas au Venezuela aujourd’hui.

Ils sont nombreux les obstacles que nous devons affronter. La fragmentation des opprimés, notre grande ennemie, en est peut être l’un des plus grands. […]

L’individualisme, la guerre entre pauvres et l’universalisation d’une vision du monde bourgeoise sont des valeurs qui traversent nombre de luttes actuelles qui finissent par mourir, isolées. Des réponses à des problématiques communes et générales qui nous concernent tous finissent dispersées, déconnectées les unes des autres.

Nous comptons peu d’éléments unificateurs qui puissent former un poing fermé capable de répondre aux ennemis de classe et qui puissent confluer en un seul front, sans sectarisme, et avec le respect de la diversité de tous les peuples que compte notre continent. Cette partie du monde s’est construite sur l’invasion de toutes les nations et peuples originels de notre terre, que les oppresseurs ont appelé indigènes, tout comme les peuples des nations d’Afrique furent traités de noirs. Notre lutte s’inscrit dans la résistance indienne, noire et populaire depuis 500 ans. Il nous appartient de chercher constamment des alternatives pour résister aujourd’hui en faisant de la mémoire des luttes un instrument générateur d’identité.

Nos peuples n’ont pas vécu et ne vivent pas sans espérance. La résignation suicidaire ne réussira pas à vaincre la solidarité et la lutte. Sans aller chercher trop loin, nous avons l’exemple du peuple bolivien, qui est sorti dans la rue, indigné, contre la tentative de privatisation de l’eau, bien naturel qui ne saurait être la propriété de quelques uns.

Nos organisations tentent d’accomplir leur part dans la résistance latino-américaine, construisant un anarchisme engagé et identifié auprès des classes opprimées, inséré dans le milieu populaire, impulsant les luttes, l’action directe à tous les niveaux, l’indépendance de classe, l’autogestion et la solidarité avec ceux d’en bas.

Nous ne voulons être ni ne sommes l’avant-garde. Les peuples ont toujours su choisir leur propre chemin. Nous savons que nous devons toujours respecter les rythmes et processus divers de tous les espaces sociaux. L’autodétermination des peuples s’exprime extérieurement face à l’ennemi et intérieurement, dans les avancées des différentes formes d’organisation populaire.

Notre tâche aujourd’hui est d’unifier tous les secteurs populaires en lutte qui existent dans chaque recoin d’Amérique Latine, en recherchant l’unité d’un front des classes opprimées capable de stopper les avancées de l’Empire sur notre terre.

Le poing fermé pour l’ennemi de classe,
La main tendue au compagnon de lutte !
Pour le socialisme et pour la liberté,
Vive ceux qui luttent ! »

* Oea : Organisation des États Américains (NdT)

Coletivo Editorial Luta Libertária (São Paulo), Laboratório de Estudos Libertários (LEL - Rio de Janeiro), Federação Anarquista Uruguaia (FAU), Federação Anarquista Gaúcha (FAG)

Traduit par El Jorge


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