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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°24 - Novembre 2003 > LES ETUDIANTS SE TAPENT LE CARTON

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LES ETUDIANTS SE TAPENT LE CARTON


A Montpellier, il y a eu une semaine d’action revendiquant le droit au logement pour encore 7000 étudiants en galère. Avec une journée maison en carton (pour s’habituer) et des occupations du Crous.



Entre les vieilles cités U pleines à craquer qui augmentent d’année en année leur loyer (113.50 euros en 2001, 116.50 euros en 2002, 124.50 euros cette année), les studios hors de prix en centre ville, les hôtels et auberges de jeunesse pris d’assaut, les agences qui imposent des frais exorbitants et multiplient leurs conditions d’accès (les jeunes sont souvent refoulés sous prétexte "qu’un jeune ça fait du bruit et c’est toujours dans la dèche", c’est bien connu), beaucoup trop d’étudiants sont à défaut hébergés chez des amis, en attendant de trouver mieux.

Ou ils se font exploiter par des proprios avares : sept étudiants sans papiers se retrouvent entassés dans un studios de 25 m2, le proprio touchant 100 euros par personnes, soit 700 euros par mois et pour seulement 25 m2... et s’ils râlent, se plaignent ou dénoncent cet escroc, ils perdront logement et asile en France. Une étudiante venue du Maroc avec son père pour sa rentrée universitaire galère depuis deux mois pour trouver une chambre à prix accessible, son père reste du coup bloqué en France. Une autre qui squatte chez une pote à elle depuis la dernière semaine, devra à présent rejoindre sa voiture bourrée de tout ce qui lui appartient. Encore une autre qui se fait refuser systématiquement pour la simple raison qu’elle n’a personne pour se porter garant, alors qu’elle peut payer les loyers toute l’année.

Tous ces témoignages (et j’en passe) proviennent des personnes qui nous ont laissé leur contact dans l’espoir d’une solution miracle, lors d’actions “journée maison en carton” à la fac (le 13 octobre), et occupation des locaux du Crous (les 9 et 15 octobre), lancées par un Kollectif d’Etudiants pour le Droit Au Logement (KEDAL), des militants du Scalp, des syndiqués de Sud étudiant, de Liberté Etudiante et de la FSE, et des autonomes. La Cantine des Radis Noirs de l’auto(di)gestion y était présente à 2 fois pour assurer des repas à prix libre, bio et végétariens sur une pelouse de la fac.

Les occupations ont déjà servie à réquisitionner 40 logements des offices HLM ou 15 chambres de 3 lits des VVF de la Grande Motte (Village Vacance Famille, station balnéaire à 3/4 d’heure du centre ville et à une heure de la fac ; mais bon c’est déjà ça...)

Une nuit “tente à la fac” a été organisée le 15 au soir où nous avons simplement répondu aux vigiles que “non, on avait pas demandé l’autorisation, mais qu’on l’avait purement et simplement prise”. Malgré leur ronde intensive et leur méfiance accrue, ils ont laissé s’installer la petite dizaine de tente.

La presse a couvert les différents événements (F3 régional, M6, Le Midi Libre ou Radio Languedoc Roussillon), mais l’habituelle désinformation était une nouvelle fois au rendez-vous...

Les Jeunesses Identitaires se sont d’ailleurs manifestées plusieurs fois durant cette semaine d’action (diff’ de tracts, collage massif, agression verbale envers une étudiante étrangère...) ; le Scalp prévoit une meilleure présence à la fac.

Ces actions pour le logement ont encore une fois mobilisé trop peu de personnes directement concernées, qui à mon sens sont dans la logique de régler leurs problèmes de manière individuelle, sans prendre conscience qu’énormément de personnes se trouvent dans la même situation de précarité. Ils ne se rendent pas compte que le problème est plus global, que cela fait dix ans que les institutions responsables ne réagissent pas en voyant la fac construire de nouveaux amphis, de nouvelles salles, des préfabriqués sur les parking, en voyant que les logements ne suivent plus sur Montpellier, que les prix montent en flèche, et que les logements vacants (car il y en a !) ne sont pas réhabilités.

L’éventualité d’ouvrir alors nous-même un squat pour des personnes en galère est à présent une de nos perspectives...

...à suivre !

Claire (Scalp 34)


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