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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°24 - Novembre 2003 > POUR LES REGIONALES LE FN REDECOUVRE LE SOCIAL

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POUR LES REGIONALES LE FN REDECOUVRE LE SOCIAL


La plupart des candidats Front national pour les élections régionales de mars 2004 se sont présentés, au mois d’octobre, à la suite de leur chef Jean-Marie Le Pen qui avait inauguré la campagne en septembre, à leurs militants et sympathisants à l’occasion de "fêtes tricolores" régionales : le numéro deux Bruno Gollnisch en Rhône-Alpes, le numéro trois Carl Lang dans le Nord-Pas-de-Calais, et Marine Le Pen en région parisienne. C’


est très certainement cette dernière candidature qui a été le plus médiatisée : avec comme slogan "une femme à vos côtés", la fille Le Pen tente par tous les moyens de rénover l’image du FN, en le présentant comme moderne et ouvert.

Le Scalp-Reflex Paris est d’ailleurs pour l’occasion à l’initiative d’une manifestation antifasciste contre la fête tricolore d’Ile-de-France, qui se déroulera dans le XVe arrondissement. Nous aurons l’occasion d’en reparler dans le prochain numéro de No Pasaran…

D’un point de vue plus général, le programme du FN pour les élections régionales se précise : alors que l’insécurité avait été au coeur de la campagne présidentielle de 2002, c’est cette fois sur la question sociale que le FN va tenter d’apparaître comme une alternative crédible. Alors que, pour les dernières élections, le Front national avait mesuré ses critiques à l’encontre du grand patronat, il le dénonce cette fois avec violence. Gollnisch a qualifié le Médef de "ramassis de ploutocrates", et Carl Lang a promis que le FN allait présenter "un projet alternatif de rupture avec la gestion des trente dernières années". Mais quand on cherche le contenu de ce "projet alternatif ", que trouve-t-on ? Une réforme fiscale visant à supprimer l’impôt sur le revenu, une libéralisation totale du temps de travail (à négocier au sein de chaque entreprise), des aides aux petites entreprises… Rien d’autre que ce que le patronat appelle de ses vœux ! Seules particularités, le refus de la mondialisation et l’application de la préférence nationale aux emplois ("produisons français en France avec les Français") : il est vrai que le patronat français a trop besoin des immigrés clandestins qu’il peut employer comme de nouveaux esclaves pour se rallier aux propositions du FN. Mais le "populisme national" que revendique ce dernier, qui propose également de supprimer la CMU (Couverture médicale universelle) et de "remettre les Français au travail" en proposant de passer des 35 heures hebdomadaires actuelles à plus de 40 heures négociables par secteur… Autant de mesures qui montrent que le Front national n’a que faire des classes populaires, et qu’il vise avant tout à satisfaire les classes moyennes effrayées et frileuses, comme il l’a fait récemment avec les buralistes "victimes" des taxes sur le tabac, à qui le FN est venu apporter un soutien appuyé.

Il est bon de rappeler que c’est en 1996 que pour la première fois le FN s’est véritablement essayé au discours social. Suites aux mouvements sociaux qui ont agité la France en décembre 1995 (période pendant laquelle le FN est resté bien silencieux), et aux études sociologiques qui mettaient en avant un vote ouvrier important en faveur du FN, le qualifiant de "premier parti ouvrier" (bien que, au sein de l’électorat FN, les ouvriers n’ont toujours représenté qu’une petite part, la plupart préférant l’abstention), Bruno Mégret, alors numéro deux du FN, décida de jouer la carte du social. Le 22 mars est lancé un syndicat Front national dans les transports en commun parisiens, le FN-RATP, et au mois d’avril le FN-TCL, pour la région lyonnaise. Il se créa ensuite une dizaine de cercles et associations pour tisser la toile du FN dans le milieu social, ainsi que des syndicats FN. Point culminant de cette tentative de discours social, lors du défilé du Premier mai 1996, où pour la première fois les militants du FN ne défilaient pas uniquement avec les banderoles de leur fédération, on pouvait lire sur les banderoles des slogans "sociaux" à la sauce FN, comme "La sécurité sociale aux Français", "Défendons le service public" (amusant quand on connaît le discours anti-fonctionnaires du FN), "Des HLM pour les Français d’abord". Mais Jean-Marie Le Pen a vu d’un mauvais œil cette initiative de Mégret, ne l’a pas soutenue, et ce projet a tourné court.

À propos de Bruno Mégret, notons que le président du Mouvement National-Républicain (MNR), pourrait bien ne pas se présenter face à Le Pen en région Provence Alpes Côte-d’Azur (PACA). Le président du MNR comparaîtra en effet les 15 et 16 décembre pour "prise illégale d’intérêt", "recel et complicité d’abus de biens sociaux". L’imprimerie Quadri-système, dirigée par Hubert Savon, secrétaire MNR des Bouches-du-Rhône, n’était d’après l’enquête qu’un "réceptacle de fonds qui ne payait ni ses charges, ni ses fournisseurs". Le Pen se retrouverait seul candidat d’extrême droite dans la région, et pourrait voir son score augmenter d’autant… L’UMP, qui a prévenu qu’on ne l’aurait plus avec le "front républicain", qui reviendrait à laisser le choix entre les partis "démocratiques" et les "extrêmes", espère bien pour sa part que la peur qu’inspire le FN lui profitera à elle seule.

Dans tous les cas, il est une fois de plus évident que ce n’est pas dans les urnes que la lutte antifasciste prend son sens, mais dans la rue : non seulement pour montrer au Front national qu’une résistance à ses idées est toujours présente, mais surtout aux côtés de tous ceux qui, au cœur des luttes sociales, tentent de résister à l’offensive "démocratique" du gouvernement.


Esbé


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