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          > N°36 - Janvier 2005 
          
          > Onze questions/réponses - Au sujet de la permanence des ressources
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 | Onze questions/réponses - Au sujet de la permanence des ressources
 
 La proposition d’une campagne sur la 
 permanence des ressources a entraîné quelques 
 interrogations. De quoi s’agit-il ? Est-ce pertinent ? Etc. 
 Voilà donc quelques questions qui ressortent le plus 
 souvent, non seulement chez les militant-e-s sociaux et 
 libertaires mais aussi posée par la population en 
 général, lors d’une table de presse par exemple 
 (d’où le coté réac de certaines d’entre 
 elles).  
  
 La permanence des ressources est en 
 débat au sein du réseau No Pasaran, et de sa 
 commission anticapitaliste. Et comme nous avons plusieurs 
 patates chaudes actuellement, nous n’avons pas encore tout 
 tranché. Ce texte n’engage donc que son 
 rédacteur  
 J’ai tout à fait conscience que 
 certains propos de ce texte peuvent paraître excessifs, 
 peut-être que la situation l’exige ? La contrepartie, 
 c’est que vous pouvez y répondre en envoyant un mail 
 à npmensuel@yahoo.fr et que les réponses seront 
 publiées.  
  
 1- La permanence des ressources, 
 c’est quoi ? Un lifting du revenu garanti ? 
 Non.  
  
 Même si elle peut englober 
 cette revendication.  
  
 La permanence des ressources, 
 c’est la garantie, pour toutes et tous, d’avoir 
 accès tout le long de sa vie au maximum vital : 
 logement de qualité, transports, santé, 
 éducation, nourriture. Avec ou sans emploi. 
 Là où cela ressemble au revenu garanti, 
 c’est bien dans cette idée de 
 déconnexion avec le salariat. 
 Celui-ci est plongé dans une crise volontaire 
 par le capitalisme : flexibilisation, chômage. 
 Malgré cela, ce même capitalisme produit 
 de plus en plus de richesses (dont la croissance est un 
 indicateur) pour de moins en moins de personnes.  
  
 Il faut donc se 
 réapproprier ces richesses dont nous 
 contribuons, directement ou non, à la 
 production. Il s’agit en fait de partir, dans un 
 premier temps, de ce qu’il se fait déjà 
 comme initiatives, en se rencontrant, et en 
 reflétant par la suite ce que font les uns et 
 les autres dans ses propres ini 
  
 tiatives. C’est-à-dire 
 quitter la posture du coup de main par ci par 
 là, pour renforcer de réels 
 échanges.  
  
 C’est-à-dire que, dans un 
 collectif local donné, les personnes peuvent 
 à la fois s’investir dans des jardins 
 collectifs, défendrent leurs droits dans les 
 administrations, participer à des manifestations 
 politiques plus larges, faire du soutien international, 
 développer leur propre média. Cela existe 
 déjà mais à l’état 
 embryonnaire. Pire : il n’y a pas que des liens 
 ponctuels entre ces initiatives. Un exemple : il y a 
 trois ans ou quatre ans, à Montpellier, un 
 Carnaval des affamés a 
 mobilisé des centaines de personnes dans la 
 ville, autour d’un squat et d’une cuisine populaire. 
 Qui a relayé l’info dans sa localité ? 
 Quels médias alternatifs en ont parlé ? 
 Qui s’est déplacé pour soutenir ? Qui 
 entretient la mémoire ? Quelle analyse 
 collective de ce mouvement, dans ses forces ou 
 faiblesses. Quels enseignements ? Néant. Un des 
 aspects de la campagne pourrait être 
 l’information afin que l’on reflète et que l’on 
 se reconnaisse. 
  
 Une campagne pour la permanence  
  
 des ressources pourraient 
 consister à lier des initiatives de 
 solidarités, telles que celles 
 présentées dans les numéros 33 et 
 34 de No Pasaran (dossier Décroissance) et des 
 pratiques de luttes sociales dans la rue, dans les 
 administrations. C’est-à-dire, en clair, que 
 l’on doit viser un objectif ambitieux : les personnes 
 qui sont partie prenante de ces initiatives 
 doivent avoir la permanence des ressources de fait, 
 grâce à ces initiatives. En 
 récupérant des aides sociales d’urgence, 
 en ayant accès à des logements de 
 qualité, en se nourrissant grâce à 
 des initiatives solidaires et en socialisant une partie 
 de nos ressources dans des caisses de 
 solidarités ou des tontines !  
 Je pense que c’est un des moyens 
 de poursuivre l’offensive sociale de manière 
 énergique et déterminée : montrer 
 que cela marche pour les personnes qui participent ! 
  
 2 - C’est-à-dire que le 
 fruit des initiatives autogérées doit 
 aller avant tout à ses participants ? Est-ce 
 très égalitaire ?  
 C’est le cas dans les SEL, dans 
 certaines coopératives, qui ne 
 bénéficient qu’aux personnes qui 
 s’investissent. L’échange passerait après 
 le don. Hors tout le monde, même si chacun-e n’en 
 a pas toujours conscience, a quelque chose à 
 échanger. Pour beaucoup de personnes, le temps 
 coûte plus cher que l’argent. Donner, ce n’est 
 pas participer, ce n’est en rien suffisant pour une 
 émancipation collective, du moment qu’on n’y met 
 pas de soi-même ! Dans beaucoup d’initiatives de 
 solidarités, les personnes 
 intéressées veulent savoir comment donner 
 un coup de main, lorsqu’on  
  
 explique qu’il s’agit de faire 
 ensemble, des blocages s’instaurent car, de 
 l’école à l’entreprise, ces rapports d’entraide 
 et de participation collective sont très 
 minorisés. Il y a un pli culturel qui consiste à 
 croire que l’on apporte à la société qu’un 
 apport via son travail salarié  un employé 
 de banque ou un éboueur accomplira sa tâche puis 
 donne de l’argent pour le reste, ou une heure de coups de main 
 par-ci par-là dans une association. Cette campagne 
 pourrait aussi combattre cette réduction de nos vies.  
  
 Il s’agit aussi de refuser, clairement les 
 rapports de charité, cette espèce de 
 rédemption via une générosité 
 gluante : nous ne voulons pas dépendre des autres, comme 
 nous ne souhaitons pas que les autres dépendent de nous. 
 Le choix serait d’agir ensemble pour en finir avec les rapports 
 de soumission, de dépendance.  
  
 3- En clair, il s’agit de partager la 
 misère, pas les richesses. Les moyens des militants ne 
 sont pas suffisants ! Qui paye ? 
 Il ne s’agit pas de socialiser tous ces 
 revenus, mais une partie. Mais ça existe 
 déjà : le timbre syndical, ce n’est rien d’autre 
 qu’une socialisation du revenu. Seulement ce revenu circule de 
 manière diffuse et sert, hors syndicats 
 révolutionnaires comme la CNT, à payer une lourde 
 bureaucratie et non pas à soutenir les salariés 
 lors d’une grève, comme cela se fait en Allemagne par 
 exemple.  
  
 Pour le volet aide sociale d’urgence, il 
 s’agit de mener des actions pour que les chômeurs et 
 précaires touchent des fonds départementaux 
 inusités. Ces actions menées par des composantes 
 du mouvement social se sont souvent soldées par 
 des succès ; le problème étant qu’elles 
 restent confidentielles, qu’elles ne sont pas 
 médiatisées d’aucune sorte, y compris par les 
 organes militants. Les raisons, c’est que c’est 
 réformiste etc. Mais arracher 300 euros, alors 
 qu’on a rien, est une urgence sociale, en dehors de toute 
 conception idéologico-glaciale. Ou, dans ce cas 
 là, les anarchistes au chômage doivent être 
 cohérents et refuser le RMI, l’ASS etc. Pauvre 
 chômeur impur qui n’est pas dans la droite ligne d’une 
 Anarchie censée abolir ces mêmes droites lignes... 
 Ce qui est intéressant dans ces mouvements, c’est que la 
 population s’organise et crée un rapport de force contre 
 l’Etat. Si l’Etat cède, il est bien obligé de 
 prendre l’argent là où il se trouve et ce sont 
 bel et bien les revenus des capi 
  
 talistes qui sont dans le viseur, 
 pas ceux du SMICard.  
  
 4-  La garantie des 
 ressources, ça ne veut pas dire demander 
 à l’Etat de servir de garant ? Est-ce que 
 ça n’accroît pas la dépendance des 
 individus vis à vis de l’Etat, légitimant 
 celui-ci alors que, en tant que libertaires, on devrait 
 plutôt le combattre ? (Ou, si on limite  la 
 garantie des ressources à un principe 
 fonctionnant uniquement dans le cadre alternatif, 
 quelle portée, quel impact global de ces 
 expériences ?) 
 En gros, la partie étatiste 
 : cette revendication est-elle compatible avec nos 
 engagements libertaires, qui prônent le 
 fédéralisme autogestionnaire ? Plusieurs 
 choses :  
  
  la permanence des 
 ressources n’est pas une fin en soi ; je la vois 
 plutôt comme un élément moteur 
 d’une transformation sociale plus profonde. Les moyens 
 gagnés permettraient de récupérer 
 du temps, d’être moins dépendant des 
 formes de salariat notamment précaire.  
  
  Les droits gagnés 
 vis-à-vis de l’Etat peuvent renforcer 
 l’autonomie paradoxalement. Sans le RMI, il n’y aurait 
 pas de militant-e-s chômeurs ou 
 précaires qui, pour une majorité, 
 se battent contre l’Etat et pour une autre organisation 
 sociale !  
  
 En clair, ces revendications de 
 permanence des ressources peuvent être 
 pertinentes lorsqu’elles sont englobées dans des 
 dynamiques politiques de transformation de la 
 société, et non pas 
 considérées comme une fin en-soi.  
  
 On ne peut pas poser la question 
 de la permanence des ressources sans poser celle de 
 l’organisation de la société dans son 
 ensemble, car ce n’est pas, évidemment, les 
 travailleurs  
  
 du Tiers monde qui bosseront pour 
 des nababs, mais nous-mêmes qui 
 détermineront ce qui est nécessaire de 
 faire collectivement pour mieux vivre.  
  
 Cette question du 
 fédéralisme, nous la posons directement 
 dans nos réseaux militants. Des groupes de No 
 Pasaran, par exemple, s’investissent dans des 
 initiatives de lieux et cuisines 
 autogérées, solidaires et ce sont aussi 
 ces initiatives et leur portée qu’il faut 
 analyser.  
  
 5- Comment définir le 
 niveau de ressources garanties ? Avec le 
 principe de gratuité c’est simple, on peut 
 imaginer d’appliquer la logique du communisme 
 libertaire (à chacun selon ses besoins), mais, 
 dans le système actuel, qui dit ressources dit 
 nécessairement, au moins partiellement, 
 ressources financières : comment fixer le niveau 
 de redistribution de façon telle que ce niveau 
 ne retombe pas dans le cadre RMI ? (Sinon, autant 
 défendre le RMI...)  
 La gratuité rentre tout 
 à fait dans le cadre de la permanence des 
 ressources. Si ce terme existe, ce n’est pas par 
 amusement (loin de là), mais parce que les 
 actions sont tellement éclatées, 
 disparates qu’il me semble nécessaire de trouver 
 un lien. Pour les ressources financières, on 
 tombe dans le rapport de force contre les capitalistes :
 si l’Etat augmentait les minima sociaux, l’argent ne 
 pourrait être prélevé que sur les 
 plus values des capitalistes, il s’agit bien d’un 
 mécanisme de répartition des richesses. 
 Concernant le minimum vital, on peut considérer 
 que le SMIC au moins est une bonne base.  
  
 Ne pas oublier que la 
 gratuité, dans le cadre de cette 
 société là, ce n’est que du revenu 
 indirect, c’est-à-dire que  
  
 cela n’abolit pas l’argent dans un 
 premier temps, mais serait permise grâce à 
 l’impôt. Après, en tant que militant 
 libertaire, je préfère aussi cette 
 revendication par rapport à celle du revenu 
 garanti. Cette dernière serait plus un levier 
 pour permettre aux gens de souffler, car la 
 misère et l’urgence sociale existe, et elles 
 sont difficilement conciliables avec les abstractions 
 des théories anarchistes. Il est quand 
 même difficile de rétorquer à 
 quelqu’un dans la misère que non, il ne faut pas 
 d’argent mais qu’un jour, peut-être, les 
 Anarchistes etc. Pour moi, en dehors du collectif 
 autour de la revue La question sociale, présent 
 sur les luttes, les anarchistes n’ont pas de discours 
 social opérant en France ; nous restons 
 enfoncés dans un dogmatisme castrateur et 
 inefficace sans tenir compte des dynamiques politiques 
 qui naissent autour de la question du revenu, telles 
 que la portent les intermittents ou autres 
 précaires. Et nous perdons sur tous les 
 tableaux, parce que l’on ira quand même (et c’est 
 tant mieux) soutenir les mouvements sociaux, mais en 
 refusant d’avoir un discours et des actions propres qui 
 incluraient nos positions libertaires, 
 anti-étatistes, fédéralistes.  
  
 Il y a quand même quelque 
 chose qui cloche, et ce qui cloche encore plus c’est 
 que tout le monde le sait, le dit, mais nous nous 
 refusons à régler réellement le 
 problème !  
  
 6- Les gens sont trop 
 égoïstes, ça ne marchera 
 jamais  
 Etrange remarque.  
  
 Il ne faut pas oublier quelque 
 chose : les gens c’est nous aussi. Si j’ai 
 un orteil en flamme, je ne pense plus aux  
  
 expulsions de sans-papiers, comme 
 tout le monde, je suppose. Nous sommes tous 
 égoïstes, à différents 
 degrés, suivant nos périodes de vie. 
 Mais, c’est justement parce que nous sommes 
 égoïstes que nous avons 
 intérêt à nous coordonner pour la 
 permanence des ressources. Il faut se servir de cet 
 égoïsme, le retourner, en passant du strict 
 individualisme à un égoïsme 
 collectif, comme dit un camarade de la mouvance 
 chômeur.  
  
 La question de 
 l’égoïsme reviendrait à dire que 
 militer ou s’inscrire dans des initiatives collectives 
 d’émancipation, c’est se priver de quelque 
 chose. C’est aussi à nous de démontrer 
 que nos engagements politiques sont ou peuvent 
 être passionnants, notamment si nous lions des 
 initiatives solidaires aux luttes sociales.  
  
 Lors de la manif du 4 
 décembre, un cortège attirait l’attention 
 : celui particulièrement fourni de l’APEIS, une 
 association de chômeurs dont les fondateurs 
 étaient proches du Parti communiste. Hors, qu’a 
 fait l’APEIS ces dernières années, pour 
 en arriver à ce résultat 
 explicite : des repas solidaires, des 
 permanences juridiques, des actions pour l’accès 
 au logement, peut-être un peu plus de 
 solidarités et de soutiens que dans d’autres 
 associations du même type. En juin dernier, 
 l’APEIS a également tenu à Paris des 
 journées sur la décroissance (elle s’est 
 déconnectée au fil du temps avec les 
 positions du PCF). Résultat : un cortège 
 combatif, avec des personnes de tout âge, et 
 visiblement contentes d’être ensemble, que l’on a 
 pu voir ce samedi-là.  
  
 Et ce sont les luttes et les 
 initiatives solidaires qui changent les rapports  
  
 sociaux, rien d’autre. Il n’y a 
 vraiment aucune fatalité : l’être humain 
 est une personne en perpétuel devenir qui se 
 révèle, à tout âge, et quel 
 que soit son passé, via les 
 réalités qu’il vit. Des initiatives comme 
 le VAAAG, par exemple, seraient sans doute à 
 renouveler pour montrer que l’on peut vivre et 
 s’organiser autrement.  
  
 7- La machine, qui la fait 
 tourner ? Qui va produire les richesses ?  
 Actuellement, le chantage à 
 la délocalisation et aux licenciements permet de 
 maintenir une pression sur les salariés. En 
 Allemagne, par exemple, certaines entreprises 
 reviennent aux 40 heures sans augmentation de salaires, 
 sous prétexte de concurrence. En France, Boch 
 fait travailler une 36ème gratuite. Le 
 gouvernement proteste, mais lui aussi veut faire 
 travailler un jour férié pour remplir les 
 caisses. A côté de cela, les cadeaux 
 fiscaux ne cessent de se multiplier : facilitation des 
 successions, réforme envisagée de 
 l’Impôt sur la Fortune.  
  
 Là où les 
 libéraux ont raison, d’un point de vue d’une 
 certaine rationalité économique, c’est 
 qu’effectivement libérer du carcan du 
 travail, baisser les charges etc. permet, dans un 
 premier temps, l’enrichissement de ces mêmes 
 entreprises et peut-être, dans certains secteurs, 
 la création d’emploi. Si l’on supprimait le 
 SMIC, tout le monde travaillerait, c’est une 
 évidence aussi.  
  
 Mais reste un petit détail :
 on ne veut pas de ce système 
 inégalitaire et pour pouvoir vivre autrement, il 
 faut changer de fond en comble l’organisation de notre 
 société. Le premier des leviers, ce sont 
 les réseaux dans lesquels nous sommes investis 
 et où nous expérimentons 
 déjà.  
  
 8 - Oui, mais encore une fois vous 
 êtes trop idéalistes, certains vont en 
 profiter pour rien faire et d’autres travailleront pour 
 eux  
 Peut-on rester sans rien faire ? 
 Oui, mais pas toute sa vie ! Les projets libertaires, 
 ou anarcho syndicalistes, ne rentrent pas du tout dans 
 une optique de société d’assistance mais 
 vise à l’égalité économique 
 et sociale d’une part et, contrairement à 
 certaines formes de société pseudo 
 communistes, à l’égalité devant 
 les droits politiques : liberté d’expression, de 
 prises de décisions, liberté d’aller et 
 venir, liberté d’entreprendre et de s’associer 
 avec qui l’on souhaite, au sens  
  
 premier du terme.  
  
 Le discours les feignants 
 vont en profiter est une simple fabrique 
 politico-médiatique, ce sont des images d’Epinal 
 surannées qui présentent les 
 chômeurs comme de pauvres hères un peu 
 débiles, alors que l’immense majorité des 
 chômeurs souhaitent être salarié, et 
 qu’une autre partie s’investit autrement dans votre 
 société. Connaissez-vous beaucoup de 
 personnes, sauf problèmes graves, qui passent 
 leur vie à buller en regardant le blanc des murs 
 ? Là, je vois pas Personnellement, je 
 vois plutôt le problème inverse : des gens 
 qui n’arrêtent pas de courir tout le temps et 
 qui, pour certaines, ne soufflent pas assez et ne 
 prennent pas le temps de vivre ! C’est-à-dire 
 qu’il faut en finir avec le mythe des 35 heures par 
 semaine, mais englober toutes les activités dans 
 ce temps de travail : celles des femmes réduites 
 aux 3x8 quotidien (boulot bureau, boulot maison, dodo), 
 les activités associatives, les productions de 
 tout type des groupes affinitaires  
 Après, il s’agit de s’avoir 
 si on s’la joue petit bras mesquin, ou si l’on fait 
 enfin confiance à l’être humain en 
 général. On ne se souvient que des 
 déceptions, rarement de ce qui marche, c’est 
 humain mais, personnellement, je vois plein de points 
 lumineux dans la noirceur ambiante. Comme on a qu’une 
 vie, au lieu de rester dans une posture critique, type 
 café du commerce, il vaut peut-être mieux 
 la passer à AGIR et donc accepter de prendre des 
 risques sociaux, se lier avec autrui.  
  
 9 - Avec cette proposition, j’ai 
 l’impression qu’il s’agit d’imposer une manière 
 de vivre stricte à chacun, on est quand 
 même loin de l’autonomie. C’est inquiétant 
 quand on touche au culturel, c’est potentiellement 
 glissant : comment déterminer par exemple que la 
 pratique  
  
 des jeux vidéos n’a pas 
 d’importance 
 Il ne s’agit pas d’imposer quoique 
 ce soit puisqu’il n’y a pas de centres de 
 décisions.  
  
 Au niveau de l’Etat, la 
 séparation des pouvoirs classiques se situe 
 entre le juridique, le législatif, et 
 l’exécutif. Peut-être que dans une 
 société communiste libertaire deux 
 sphères pourraient cohabiter : le politique et 
 le culturel. Le politique, par un biais 
 autogestionnaire, se chargerait du fonctionnement 
 global de la société : il faut se 
 coordonner pour l’énergie, le minimum de 
 transports en commun, l’éducation ou encore 
 l’agriculture. Le culturel serait du ressort de groupes 
 d’individus, réunis par affinités ou par 
 goûts communs, autour des sujets qui leurs 
 plaisent. Que ces deux sphères ne soient pas 
 superposées me semble être une garantie 
 suffisante pour maintenir un équilibre, une 
 tension génératrice entre la 
 liberté individuelle et les 
 nécessités collectives. Nous avons 
 l’habitude de raisonner sur un plan unidimensionnel, 
 nous devrions passer à une vision multi- et 
 interdimmensionnelle. C’est-à-dire ne plus se 
 considérer comme ayant des tâches 
 successives à accomplir mais insuffler du 
 politique, du culturel, et même des affects, 
 c’est dire que l’heure est grave, dans tout ce que l’on 
 fait ou vit. Par exemple, dans un travail, ne plus 
 être un rouage d’une machine mais résister 
 aux pressions patronales, refuser de faire du sale 
 boulot, avoir des initiatives pour créer des 
 solidarités, créer d’autres types de 
 liens et de solidarités avec ses 
 collègues en lien avec des activités 
 extérieures de la boîte.  
  
 Après, c’est clair que 
 cette revendication s’oppose à des idées 
 d’autonomie totale, qui me semblent purement 
 romantique, et mieux vaut laisser le romantisme dans la 
 sphère du culturel, de l’affinitaire Pour 
 une raison  
  
 simple : nous sommes chacun-es 
 limité(e)s par des contraintes : nous sommes des 
 corps esprits avec une vie courte. Une idée de 
 communauté autonome purement affinitaire 
 peut-elle marcher dans un laps de temps long ?  
  
 10- Il s’agit d’un point de 
 rupture avec le syndicalisme, bonjour la 
 convergence 
 Là où il y a 
 rupture, effectivement, c’est que l’on 
 parte des besoins essentiels de la population au lieu 
 de partir du travail productif, qui d’ailleurs ne 
 relève pas du seul salariat. Tel que le propose 
 le slogan anarcho-syndicaliste : Produire quoi, comment 
 et pour qui ? C’est-à-dire qu’on parle des 
 besoins essentiels avant de savoir comment les produire 
 : est-ce aussi absurde que cela ?  
  
 Ensuite, il faut voir que le 
 syndicalisme a, dans son ensemble, peu ou pas suivi les 
 mutations du salariat et de la production : 
 aujourd’hui, en France, plus de deux tiers des contrats 
 de travails signés ne sont pas des CDI. (1) Et 
 la durée de ces mêmes CDI 
 raccourcit.  
  
 Après une majorité 
 de la population reste en CDI, encore, mais la 
 catégorisation des salariés ne cesse de 
 s’accentuer et l’introduction du RMA et des contrats d’ 
 avenir (sic !) va complexifier la donne. 
 Dans l’Education Nationale, par exemple, se 
 côtoient des pions, des assistants scolaires, des 
 profs soumis parfois à des régimes 
 différents, le personnel administratif chacun 
 avec des statuts différents. Comment lier tout 
 cela ?  
  
 11-  Désolé 
 d’insister, mais faut du concret, camarade, comment on 
 s’organise là maintenant tout de suite ?  
 Je pense qu’il faudrait commencer 
 par refuser l’état d’urgence que nous nous 
 imposons ! Et prendre le temps en parler entre nous, 
 puis faire des réunions Une des 
 méthodes consiste à partir de ce 
 qui se fait, à l’analyser, à le 
 promouvoir. A créer des liens. Après, 
 bien sûr, nous devrons réinvestir en masse 
 l’espace public. Plus haut, je parlais des actions 
 d’urgence sociale ? Combien de personnes en ont entendu 
 parler ? Combien savent comment l’organiser ? Nous 
 devons partager ces savoirs sociaux dans un premier 
 temps. Des initiatives, des actions, il y en a mais 
 chacun-e dans son coin, et l’Etat est bien 
 gardé  
 Après, il faut mettre le 
 doigt là où ça fait mal, et 
 appuyer fort Comment réinvestir les 
 espaces publics ? Contourner la répression ? Par 
 quelles activités communes nous lier ? Comment 
 créer des convergences sans rogner l’autonomie 
 de chaque groupe ?  
  
 Lorsqu’on se penche sur la 
 question, il est (très) inquiétant de 
 voir à quel point les groupes, les personnes du 
 mouvement social ne se connaissent que peu, s’ignorent 
 ou se méprisent, et ceci à cause d’a 
 priori politiques ou humains. Personnellement, 
 ça ne me dérange pas de me brouiller avec 
 la Terre entière du moment que je sache 
 pourquoi et que ces conflits soit réellement 
 politiques, et non pas relevant d’une stratégie 
 de bac à sable.   
 Des rencontres libres et 
 relativement ouvertes, en évitant, 
 néanmoins, tous les crapouillauds politiques 
 chargés du recrutement pour leur parti, me 
 semblent déjà une urgence.  
  
 Pour les modes d’actions (ah enfin 
 !), des fiches pratiques circuleront dans les prochains 
 No Pasaran, j’avoue que j’ai du mal à les 
 finaliser car les personnes qui savent ne 
 voient pas l’intérêt de partager leur 
 savoir, s’en foutent, ou encore ne veulent pas prendre 
 le temps pour (que ce soit pour No Pasaran ou n’importe 
 qui d’ailleurs, ce n’est pas une question affinitaire 
 et d’ailleurs c’est bien ça le problème 
 !). Juste pour dire que là où on en est, 
 on ne peut guère tomber plus bas.  
  
 Mais, peut-être, est-ce 
 justement dans ce type de période où l’on 
 peut créer du neuf. Alors, soit on regarde les 
 arbres tomber, les bras ballants, soit on retrousse les 
 manches.  
  
 Pour ma part, c’est tout choisi.  
  
 Raphaël  
  
 (avec les critiques constructives 
 d’Audric, de la commission antika du réseau, et 
 les remarques de Sylvain de Troyes etc.)  
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