| 
 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
| Rechercher > thème > pays > ville 
 Les autres articles : 
 | Bon, ça suffit !
 
 Un mardi de décembre, nous avons 
 invité une militante du Planning Familial de Nantes à 
 venir discuter de l’Interruption Volontaire de Grossesse. 
 Après une mise perspective historique, nous avons discuté 
 de la nécessité de rester vigilant-e-s et 
 mobilisé-e-s autour de cet enjeu de la libre disposition du 
 corps : contraception et avortement libres et gratuits pour toutes ! 
  
 La pratique de 
 l’IVG existe depuis la nuit des temps, on en retrouve des 
 représentations sur les temples égyptiens.  
 Sous Napoléon, 
 l’émergence de la classe ouvrière fait 
 sortir les femmes de la maison entraînant des 
 revendications féministes sur 
 l’égalité au quotidien. A la fin du 
 XIXème siècle on trouve des groupes 
 néo-malthusiens visant à limiter les naissances. 
 Ce mouvement prend de l’ampleur pendant la guerre avec 
 notamment la  grève des ventres  
 jusqu’à inquiéter le pouvoir de la 
 troisième République. Celui-ci promulgue une loi 
 en 1920 faisant de l’avortement un crime passible de 
 peine de mort tant pour les femmes ayant avorté que pour 
 les per 
  
 sonnes ayant facilité la pratique 
 de l’IVG.  
  
 La peine de mort reste en vigueur 
 jusqu’en 1948, date de la dernière 
 exécution pour avortement. Dans l’intervalle cette 
 loi n’a évidemment pas empêché la 
 pratique de l’IVG, ni enrayé 
 l’inégalité d’accès à 
 ces pratiques : les femmes aisées pouvaient 
 bénéficier de conditions d’hygiène 
 moins dangereuses en payant des médecins alors que les 
 femmes du peuple, recourant aux faiseuses d’ange dans des 
 conditions d’hygiène déplorables 
 subissaient un taux de mortalité surélevé. 
 
  
 Entre 1920 et 1945, de 800 000 à 
 900 000 avortements sont pratiqués par an (soit 4 fois 
 plus qu’aujourd’hui en France).  
  
 Dans les années 50, des 
 médecins créent le groupe  maternité 
 heureuse  défendant le droit des femmes à 
 contrôler leur fécondité. La revendication 
 est publiquement et clairement énoncée : les 
 femmes doivent obtenir le droit de choisir d’avoir ou non des 
 enfants. Quatre ans plus tard, la maternité 
 heureuse devient le Mouvement Français pour 
 le Planning Familial (MFPF). Au moment de la 
 législation de la contraception en décembre 1967, 
 les militant-e-s du MFPF qui s’affiche comme un mouvement 
 d’éducation populaire, déclarent que la 
 contraception n’est pas exclusivement l’affaire des 
 médecins. 
  
  Il faudra attendre la fin des 
 années 60 pour que les rapports de force imposés 
 par le MLF (mouvement de libération des femmes) et le 
 MLAC (mouvement pour la libération de l’avortement 
 et de la contraception) créent une brèche via 
 l’adoption de la loi Neuwirth (1967) autorisant la 
 pilule. Cependant  elle n’est appliquée que 
 deux ans après et assortie d’une interdiction de 
 publicité. Si bien que le nombre d’avortements ne 
 diminue pas et il reste pratiqué dans des conditions 
 extrêmement dangereuses. En effet, les méthodes 
 artisanales employées provoquent la plupart du temps des 
 hémorragies et des expulsions partielles qui conduisent, 
 en fin de  
  
 course, à l’hospitalisation. 
 Sachant que les hôpitaux sont alors aux mains des corps 
 religieux hostiles à l’IVG, on assiste à 
 une véritable hécatombe de femmes. La 
 mobilisation des féministes, des intellectuelles, jeunes 
 médecins, avocat-e-s continue. Des séances 
 publiques d’avortement sont organisées par le MLAC 
 dont les réseaux se renforcent tant pour former aux 
 pratiques de l’IVG, que pour permettre aux femmes 
 d’interrompre leur grossesse (voyages à 
 l’étranger, avortements clandestins, centres 
 d’accueil) ; dans les années 70, les  
 343 salopes  bravent la loi par leur manifeste dans 
 lequel elles se déclarent coupables d’avoir 
 avorté ou pratiqué des avortements. Le 
 procès de Bobigny, jugeant des mineures victimes de 
 viols ayant avorté, défendues par Gisèle 
 Halimi, entraîne des déclarations de 
 médecins solidaires 
 Le gouvernement Pompidou refuse de 
 céder sur le terrain de l’IVG. Son successeur 
 à la présidence, Giscard, ayant promis de se 
 pencher sur cette question en charge Simone Veil, ministre de 
 la santé. Lors du débat à 
 l’assemblée nationale, Simone Veil présente 
 son projet de loi et se fait harceler, insultée, et 
 obtient malgré tout un cadre législatif à 
 l’IVG. Hors de ce cadre, l’acte demeure 
 juridiquement criminel. Les dispositions législatives 
 imposent le délai de 10 semaines de grossesse (12 
 semaines d’absence de règles), un entretien  
 social  suivi d’une semaine de réflexion, et 
 n’est voté qu’au titre expérimental 
 de 5 ans. Les arguments de défenses de cette loi ne sont 
 pas du tout dans une optique  mon corps 
 m’appartient , mais bien dans un souci de 
 santé publique.  
  
 En outre, l’opposition à 
 l’avortement s’organise, au début autour du 
 Professeur Lejeune (beau-père de l’actuel ministre 
 Hervé Gaymard) et de l’association  
 laissez-les vivre .  
  
 On voit que c’est bien la lutte 
 féministe qui a poussé à l’adoption 
 d’une loi et d’une avancée en faveur du 
 droit des femmes. Cependant, malgré la loi, la lutte 
 reste d’actualité. Et c’est encore les 
 militant-e-s des droits des femmes à disposer librement 
 de leur corps qui permettent bien souvent que ce droit soit 
 réalité.  
  
 Dès le début des 
 années 80, les groupes anti-IVG commencent les attaques 
 commandos, en s’enchaînant aux tables 
 d’opération, en bloquant l’accès aux 
 Centre d’IVG,  il faut attendre de nombreuses 
 contre-manifestations et mobilisations pour qu’en 1993 
 seulement la loi Neiertz soit adoptée, faisant de 
 l’entrave à l’IVG un délit.  
  
 En Europe, les disparités 
 sont grandes : pays où l’avortement 
 n’est toujours pas autorisé, délais 
 variant de 24 semaines pour l’Angleterre à 
 12 semaines pour la France (délai allongé 
 en 2001). En France même, on voit que c’est 
 de l’implication des féministes et des 
 médecins militant-e-s  que dépendent 
 les conditions pratiques de l’IVG.  
  
 Des absurdités persistent 
 et ne facilitent pas l’accès à 
 l’IVG dans des conditions satisfaisantes : la 
 tarification de l’acte d’IVG n’est 
 pas très rémunéré, et 
 implique donc que les médecins faisant ce choix 
 agissent quasiment dans une démarche militante ; 
 à cause de la restructuration des 
 hôpitaux, on trouve au même étage 
 (à Nantes par exemple) les services d’IVG 
 et de traitement de la stérilité 
 et les frictions qui peuvent avoir lieu entre les 
 personnes fréquentant la même salle 
 d’attente  dans des optiques fort  
 différentes .  
  
 Le relèvement de la 
 tarification de l’acte médical 
 d’IVG, l’allongement des délais, la 
 dépénalisation de l’avortement hors 
 du cadre imposé par la loi, restent des 
 revendications portées sous le pouvoir 
 socialiste. Martine Aubry, à qui échoit 
 ce dossier ne veut pas en entendre parler. Elle fait 
 réaliser par le Professeur Nizan un rapport 
 à ce sujet, et ne souhaite pas donner suite aux 
 préconisations qui en sont issues. C’est 
 de nouveau sous la pression des militant-e-s, par des 
 cam 
  
 pagnes de presse, par la 
 présence à l’Assemblée lors 
 des débats, par la mise en cause de la gauche 
 dont le discours en faveur des droits des femmes 
 n’est suivi d’aucune pratiques  que 
 l’avortement quitte le code pénal pour 
 rejoindre celui de la santé. Les délais 
 sont allongés : on passe de 12 semaines de 
 grossesse (14 d’aménorrhée) ; les 
 mineures peuvent se passer de l’autorisation des 
 parents (pour l’anesthésie 
 générale notamment) et être 
 accompagnée d’un-e majeur-e de leur choix 
 pour leurs démarches (pas forcément 
 d’être accompagnées lors de 
 l’acte médical lui-même).  
  
 La loi permet également 
 l’accès médicamenteux hors des 
 structures hospitalières.. Or, si la loi passe 
 en 2001, il faut attendre mai 2002 pour que soient mis 
 en place les décrets 
 d’encadrementmais pas les décrets 
 d’application proprement dits. Il faut attendre 
 encore que passe Mattéi au ministère de 
 la santé, des campagnes de presse.. pour 
 qu’enfin Douste-Blazy promulgue le décret 
 d’application qui  annule et 
 remplace  tous les décrets 
 précédents y compris les 
 décrets d’encadrement légal. On se 
 retrouve donc en 2004 avec un décret 
 d’application d’une pratique médical 
 qui n’est plus réglementée (quelle 
 formation des médecins, etc). On retrouve 
 un délai très court pour le recours 
 à l’IVG médicamenteuse  
  
 (5 semaines de grossesse), 
 certains médecins imposent encore le 
 délai de réflexion d’une semaine, 
 etc Ces délais sont extrêmement 
 courts : on se rend bien compte que le temps de se 
 rendre compte de sa grossesse, d’entreprendre les 
 démarches, etc.. on arrive vite à la fin 
 du temps imparti par la loi.   
 D’autre part,  le 
 déficit d’information quant à cette 
 disposition contraceptive, ainsi que d’autre est 
 très grave : la circulaire Royal de juillet 2001 
 a beau imposer que soient dispensés des modules 
 d’enseignement sur la sexualité ce sont 
 là encore, les féministes qui doivent se 
 mobiliser et établir un rapport de force 
 auprès des directeurs et directrices 
 d’établissements scolaires pour que 
 l’information se fasse, que les 
 infirmières scolaires soient suffisamment 
 nombreuses, prescrivent la pilule du lendemain, 
 etc Rappelons que cette pilule peut-être 
 délivrée dans n’importe quelle 
 pharmacie en théorie parce qu’en 
 pratique, on assiste à environ 70% de refus !  
  
 C’est la question de 
 l’autonomie des femmes à maîtriser 
 leur fécondité, à disposer de 
 leurs corps qui est en jeu : les comportements et les 
 prises de conscience sont plus que nécessaire, 
 à l’heure où au Planning par 
 exemple, on fait face à de très 
 nombreuses situations de rapports forcés, et 
 dans des conditions imposées par le mâle 
 (port du préservatif,  par exemple). 
 Une réelle éducation à la 
 sexualité, et on pas des cours de reproduction 
 d’un point de vue anatomique par des profs de bio 
 pourraient éviter ce genre de situations chez 
 des jeunes filles et des femmes.  
  
 Les militant-e-s surveillent de 
 près toutes les entraves de fait à 
 l’IVG et luttent contre : en Ile de France ou en 
 PACA par exemple, il faut un délai de trois 
 semaines pour avoir un premier rendez-vous !!! Alors 
 que le délai légal de l’avortement 
 est, rappelons-le de 12 semaines !!! Les attaques 
 directes contre l’IVG sont  un réel 
 danger : le collectif  30 ans ça suffit 
 regroupe 32 associations anti-IVG,  on voit 
 des parlementaires donner une existence légale 
 au ftus en proposant de créer un 
 délit d’interruption involontaire de 
 grossesse lors d’accident de la route par 
 exemple, autant de brèches législatives 
 dans lesquelles n’auraient manqué de 
 s’engouffrer les opposants des droits des femmes 
 à disposer librement de leurs corps.  
  
 Mélanie 
  | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
| 
 No Pasaran 21ter rue Voltaire 75011 Paris - Tél. 06 11 29 02 15 - nopasaran@samizdat.net Ce site est réalisé avec SPIP logiciel libre sous license GNU/GPL - Hébergé par Samizdat.net | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||