No Pasaran - Chroniques

Très bonne nouvelle et excellente production que ce split CD de Calavera et Trauma, deux groupes de rap politisé de la région Rhône-Alpes. Leurs premières productions étaient déjà particulièrement réussies, mais avec Co-Incidence on atteint des sommets. Huit titres au programme, aux paroles oscillant sans cesse entre engagement et désespoir, sur fond de critiques incessantes du milieu rap médiatique - j’allais dire officiel Un split assez noir au total, dominé par un triste constat, où seule surnage une note d’espoir, celle de l’union dans les luttes quotidiennes, au-delà des divergences doctrinales. La ligne musicale, loin de la soupe RB actuellement dominante, revient vers les fondamentaux d’un rap hardcore, une grosse rythmique dynamique soutenant des samples particulièrement bien choisis et un phrasé énergique. A noter que le cd est accompagné d’un livret très bien fait, qui laisse ressentir l’inspiration @punk de ses concepteurs, où les textes voisinnent photomontages et collages. Une aventure à suivre, et surtout deux groupes et une production incontournable dans le milieu hélas trop peu fréquenté du rap politique.

calavera / trauma, Co-Incidence, split CD + livret A5, 6,5 euros

Dispo directement : calavera@netcourrier.com ou, à Paris, au Kiosk et sur les tables de presse du Scalp-Reflex.

Le premier CD de Calavera, L’Humanité combat (6 euros) est toujours dispo à la distribution No Pasaran

Autre sortie remarquable dans le style hip-hop, la dernière production de Maloka, celle du 3ème disque de Philoophaz, Nature morte. Car il s’agit là du projet d’un ancien membre de La Cinquième Colonne, auquel participent d’autres membres de ce même groupe, mais aussi de La Casa del Phonky ou de Force Pure - tous groupes qui s’étaient déjà fait remarqués par un rap engagé, et la volonté de sortir du ghetto rap -

d’où de nombreux concerts dans les milieux militant et punk. Et le résultat est à la mesure de l’attente que ce pedigree suscite !

La touche est encore plus noire que chez Calavera ou Trauma, ici trouver un peu d’espoir au fil des 16 pistes relève du défi. Ce qui n’enlève rien à la valeur de ce disque, très construit sur le plan musical, axé sur une exploitation massive mais très réussie du scratch et du sample - parfois à la limite de la musique électronique. Et si le ton est noir, c’est tout simplement parce qu’il s’agit ici de parler du quotidien, de la famille,

du nucléaire - bref, rien de très réjouissant dans les circonstances actuelles : je n’ai qu’un problème c’est que je suis vivant.

philoophaz, Nature Morte, Maloka, 8 euros

Dispo chez Maloka : http: //malokadistro.com

Skunk : la force et la fête

Et une nouvelle production Crash en forme de cadeau : le nouvel album tout droit issu du Pays Basque des Skunk. Vétérans de la scène alternative (12 ans, quand même), toujours autogérés, toujours aussi impressionnants de maîtrise, les Skunk nous livrent ici l’un de leurs meilleurs albums. Un style toujours aussi personnel, entre fanfare et ska-punk à la limi

te du ska-core, où une rythmique efficace et rapide soutient à merveille les cuivres et les guitares saturées, et un chant aux intonation résolument internationalistes - la chanson éponyme, Les Clefs, compte des paroles en pas moins de 8 langues !

La thématique reste la même, oscillant entre titres engagés (CFP2Tkein Mensch Ist Illegal) et la fête au quotidien (L’Eté, les Clefs), parfaitement symbolisée par l’illustration très réussie de la pochette :si les clefs en question ressemblent plus à des clefs de prison, la chanson éponyme, elle, se base sur une réalité que nous avons tous et toutes vécues perdre les clés du camion et ne plus pouvoir rentrer après un concert ! Nulle ironie ici, le thème politique est largement prédominant sur ce disque - juste la volonté de refuser la tristesse qui peut facilement nous dominer. Ce que confirme largement la présence du bonus vidéo, issu d’un live et avant-goût de leur futur DVD. Un disque indispensable, pour la lutte et la fête !

skunk, Glitzak / Les clefs, Crash Disques

Contact groupe : http: //skunkdiskak.free.fr

Insuiciety est un groupe dont les membres sont des polonais expatriés à Berlin. Le groupe pratique une musique vraiment très lourde mais le groupe n’est ni vraiment stoner (pas assez rock’n’roll) ni vraiment sludge (pas assez lent). On est plutôt en présence d’une espèce de monstre punk-hardcore qui aurait chopé le virus de la mononucléose. Malgré leur 2 de tension l’atmosphère est des plus pesantes grâce à la grosse voix monocorde de la chanteuse. La guitare est plombée, le son rappelle les bonnes vieilles pédales fuzz des 70’s. Mon seul regret vient du manque de basse dans le mixage. A la première écoute elle paraît presque absente. Dommage... Enfin, c’est quand même que la basse, c’est pas trop grave non plus... Héhéhé... A la différence de leurs concerts, le son n’est pas énôôôôôrme (Pour prononcer ce mot comme un bon métalleux il te faudra : une bière tiède dans chaque main, déjà 8 ou 10 dans l’estomac et rôter très fort sur la deuxième syllabe. C’est simple, il suffit de s’entraîner.) ce qui n’est vraiment pas dérangeant parce que les morceaux tiennent la route. Au moins, on a pas affaire à la 2358ème pâle copie de Black Sabbath.

insuiciety,Believe and die, Unsociable, Trujaca Fala