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en Irak - Luttes des chômeurs et chômeuses
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nationalistes qui
n’hésitent pas à faire feu contre
les manifestations de chômeurs et
chômeuses, comme le 3 janvier 2004 à
Nassiriyah, où quatre manifestants furent
tués par le groupe islamiste al-initfadah
al-sha’baaniah et à
l’hostilité des autorités, comme
à al-Amarah, où ce sont des troupes
irakiennes sous commandement britannique qui font six
morts et onze blessés, le 10 janvier 2004.
Le Syndicat des chômeurs en
Irak a fait connaître son programme social,
rédigé en commun avec la
Fédération des conseils ouvriers et
syndicats en Irak, dont il est l’un des piliers,
sous la forme d’une proposition de loi
fondamentale. Ce texte ambitieux, sans compromis avec
le patronat et l’état, expressément
opposé à toute forme de nationalisme, est
fondé sur les seules nécessités de
la classe ouvrière. On y trouve parmi les
revendications la semaine de 30 heures, la retraite
à 55 ans, l’interdiction des licenciements
et du travail de nuit, la pleine égalité
hommes-femmes, la liberté totale du droit de
grève et d’organisation, la
gratuité totale de l’instruction et de la
santé.
Ce programme peut sembler
ambitieux dans le chaos actuel. Il exprime avant tout
la ferme conviction du Syndicat des chômeurs
qu’il n’y a pas de solution en Irak en
dehors du mouvement social et que la lutte contre
l’occupation doit être menée sur une
base de classe. Il est inspiré par le
communisme-ouvrier, un courant marxiste né en
Iran dans la révolution de 1979 et qui
s’est développé clandestinement en
Irak, au contact des camps de réfugié-es
iranien-nes installés au Kurdistan d’Irak.
Le mouvement des shoras en 1991
En mars 1991, alors que la
première guerre du Golfe est engagée et
que le pouvoir central vacille, les
communistes-ouvriers jouent un rôle majeur dans
l’insurrection des conseils ouvriers au Kurdistan
d’Irak. Pendant trois semaines, la région
se couvre de shoras (conseils), élus en
assemblée générale d’usine
ou de districts. Ces conseils ouvriers prennent en
charge l’ensemble de la vie sociale,
remettent en marche les services
et la production sous une forme
autogérée, après avoir mis dehors
les directeurs d’usine mis en place par les
baasistes. Ils tentent de réunir une
assemblée des conseils ouvriers, pour mettre en
place leur programme social
égalité hommes-femmes,
égalité des salaires, 35 heures. Mais les
partis nationalistes, appuyés sur les ex-milices
baasistes et le management évincé des
usines, envoient leurs troupes stationnées dans
les montagnes prendre possession des villes.
Rapidement, l’insurrection qui avait
proclamée le nationalisme est une honte
pour l’Humanité est vaincue.
Le mouvement des conseils ouvriers
en 1991 a été presque totalement
ignoré de la gauche radicale à
l’échelle mondiale. Mais en Irak, son
impact est durable, puisque ses pratiques de
démocratie directe, de grève armée
et d’autogestion sont réapparues en 2003,
à la fois dans les mouvements d’usine
contre l’encadrement baasiste, dans les luttes de
chômeurs et chômeuses et dans certaines
formes d’auto organisation de quartiers
populaires à Bagdad. Qasim Hadi, ou encore Falah
Alwan, secrétaire général de la
Fédération des conseil ouvriers et
syndicats, font partie de ces militant-es qui ont
lutté clandestinement sous le régime de
Saddam Hussein, sous l’inspiration de ce
mouvement. Les principales organisations qui
avaient participé à
l’insurrection ont fusionné, en 1993, sur
la suggestion du marxiste iranien Mansoor Hekmat, pour
créer le Parti communiste-ouvrier d’Irak,
qui joue un rôle majeur dans la diffusion de ces
pratiques.
Zones libérées
à Bagdad
La guerre ouverte entre les
troupes d’occupation et les milices
islamo-nationalistes, encadrées par les
anciennes troupes d’élite de Saddam
Hussein et financées par les pays environnants,
a amené le mouvement à s’adapter.
Il était nécessaire de créer des
zones protégées au cur des villes.
Cette implantation progressive s’est faite
d’abord dans les quartiers occupés par les
réfugiés. A Bagdad même, il existe
plus de 270 camps, dont certains abritent
plusieurs dizaines de familles rassemblées dans
d’anciens bâtiments officiels
squattés. Afin de lutter contre les gangs
mafieux qui détournaient l’aide pour la
revendre dans d’autres quartiers, les
communistes-ouvrier-es ont pris en charge, avec
l’accord des organisations humanitaires, la
protection et la distribution des vivres et des
médicaments. La confiance ainsi
créée a permis à la population des
camps de s’organiser pour réclamer la
légalisation des squats et obtenir de meilleurs
logements.
Enfin, afin de se protéger
des attentats et des gangs, s’est posée la
question d’une force armée autonome. Le
Parti communiste-ouvrier a ainsi été
amené à créer des groupes
armés, forts de plusieurs centaines de
personnes, dans les quartiers d’al-Furat et
al-Jihad à Bagdad, pour assurer la
défense des quartiers. Les forces
d’occupation, dont la seule présence est
un facteur de danger, ont été instamment
priées de ne plus y mettre les pieds. Quelques
combats ont dissuadé les gangs maffieux
d’y exercer leurs activités. Quand aux
islamistes, ils n’y sont pas les bienvenus,
faisant de ces quartiers les seuls où l’on
peut sans risque se promener sans voile dans la rue
pour les femmes, vendre de l’alcool pour les
commerçants, où les chrétiens ne
sont pas persécutés. Des gestes simples,
mais qui dans la sinistre réalité
irakienne marquent une réelle différence.
Les femmes veulent avoir un look moderne, les
jeunes veulent danser et boire de la bière,
écouter de la musique, surtout occidentale, et
porter des jeans, ils et elles veulent porter des
jeans, avoir des chevelures qui ont du style, et tout
ça, ça n’est pas islamique ,
résume Issam Shukri.
Le mouvement des chômeurs et
chômeuses, des réfugié-es, des
squatteurs et squatteuses, la lutte des femmes contre
le patriarcat, tout cela existe en Irak
aujourd’hui. Notre solidarité mondiale
peut aider ce mouvement à se développer,
à gagner en puissance jusqu’à
être en mesure d’opposer une
véritable résistance, sociale et
féministe, à l’Occupation.
Nico
Solidarité Irak
2 rue Colpin 59000 Lille
tel. 06 82 18 08 55
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