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          > N°36 - Janvier 2005 
          
          > Gauche ou Droite : Il faut rentrer dans le rang
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 Les autres articles : 
 | Gauche ou Droite : Il faut rentrer dans le rang
 
 Consommer oui, mais en silence et dans 
 les temples dédiés pour cela.... sinon, on tape ! 
 L’aménagement des centres villes 
 s’opère depuis une vingtaine d’années 
 avec une refonte des espacespour introduire la marchandisation 
 dans les derniers lieux un tant soit peu libres. Mais si la 
 droite rêve d’une ville aseptisée, la 
 gauche, elle non plus, ne renâcle pas à 
 entreprendre un grand nettoyage comme le démontre le cas 
 de Rennes. 
  
 Je me 
 présente rapidement : je suis étudiant 
 à Rennes depuis 5 ans, étudiant en Master 
 d’Aménagement des Collectivités 
 Territoriales à Villejean (Rennes II), j’ai 23 
 ans.  
 Rennes : voilà le 
 problème et la cause de cet article. Quel 
 étudiant digne de ce nom ne connaît pas la 
 réputation de cette ville, capitale 
 régionale de la Bretagne. Qui peut ignorer que 
 Rennes (Roazhon en brezoneg) est une   ville 
 où il fait bon vivre  (pour reprendre le 
 slogan marketing de la ville) ? Qui ne connaît 
 pas les Transmusicales où se sont fait 
 connaître Nirvana, Björk ou encore Ben 
 Harper ? Qui ne connaît pas Billy Ze Kick  
 les Gamins en Folie ( Mangez-moi, Mangez-moi 
 ) qui sont origi 
  
 naires d’ici  Bref, 
 Rennes est une ville dynamique (1 personne sur 4 est 
 étudiante soit 60.000 au total) et bon esprit 
 (les punks y sont légions) qui vote à 
 gauche (le Maire Edmond Hervé est élu 
 depuis 1977) et résolument anti-fasciste (7,7 % 
 des votes au 2nd tour des élections fameuses de 
 2002 pour JMLP, soit le plus petit score pour les 
 villes de + de 200.000 habitants). Rennes est-elle 
 alors peuplée d’irréductibles 
 gaulois repoussant corps et âme la vague de 
 Droite extrême et d’extrême droite ?! 
 
  
 Eh bien oui, c’est ce que 
 je pensais comme beaucoup. Mais, comme vous le savez, 
 la vague finit toujours par prendre le dessus sur le 
 sable, aussi fin soit-il. 
  
 Donc, à Rennes, il y un 
 problème, nouveau, qui apparaît et qui 
 effraie tout le monde : c’est celui de la rue 
 Saint-Mich’ ou rue de la Soif pour les intimes 
  
 Il s’y passe, chaque jeudi 
 soir (et de façon paroxystique pour le dernier 
 jour des Transmusicales le samedi 4 décembre) 
 une véritable  guérilla urbaine 
 opposant l’Armée Etatique, 
 équipée de la tête aux pieds et 
 motivée à faire respecter l’ordre 
 établi par nos têtes pensantes, et jeunes 
 ou moins jeunes fêtards en soirée 
 (imbibés ou pas, cela n’est que broutille). 
  
 Le problème de cette rue 
 est politique, ne cachons pas les 
 réalités ; le souhait des 
 autorités étant de faire une ville  
 propre ,  agréable , pour les 
 citoyens modèles, et commerçante (qui a 
 dit que l’économie dirige nos politiques 
 ?!). 
  
 Donc, ce qui se passe ici se 
 passe dans la plupart des villes françaises (cf. 
 arrêtés anti-mendicité, fermetures 
 administratives de bars ).  
  
 Cette rue se fait le reflet de la 
 société française contemporaine : 
 violence des autorités envers  l’anormal 
 , ségrégation accrue envers les 
 classes non participatives à la fameuse  
 croissance  
 Cependant, il ne faut pas oublier 
 une chose : l’avenir appartient à la jeunesse et 
 enfermer celle-ci dans un schéma établi 
 par nos têtes dirigeantes vieillissantes ne peut 
 que mener la société dans des bas-fond 
 certains. 
  
 Je vais essayer de vous exposer 
 clairement ( objectivement) la situation que l’on 
 vit depuis la rentrée de Septembre (en attendant 
 la suite ... des carnages ...) : 
  
 - L’une des particularités 
 de Rennes est que la majorité des bars et autres 
 établissements de nuit sont concentrés 
 dans une partie du centre historique appelé, 
 donc, la rue Saint-Michel (ou rue de La Soif). 
  
 - Depuis les années 70, 
 cette rue est ainsi faite ; l’on y sort tous les soirs, 
 le jeudi en particulier, on fait la fête (on 
 picole), l’on rencontre du monde, souriant et toujours 
 prêt à discuter, à s’amuser, 
 à partager une bière ou un avis. Bref, un 
 lieu comme il commence à se faire rare en France 
 aujourd’hui (merci ô Télévision, 
 merci ô chers politiques qui effraient les gens 
 et leur disent de rester cloîtrer chez eux ... 
 c’est tellement plus sûr !). Les lieux de 
 rencontre sont, dans notre société 
 actuelle, de + en + restreints, je ne vous 
 l’apprends pas : rencontrer des gens aujourd’hui 
 devient un privilège : nous en jouissons, nous 
 qui fréquentons cette  fameuse  rue. 
 Pour établir un parallèle assez parlant 
 je comparerais cette rue à une ambiance de 
 festival estival ... Voyez un peu ! 
  
 - Je dis festival estival car la 
 plupart d’entre nous reste dans la rue et ne 
 rentre que très peu dans les bars et ce, pour 3 
 raisons : 1) fréquenter des bars devient de 
 + en + onéreux ; après minuit, un demi de 
 bière à 4 euros n’effraient pas les 
 tenanciers !! Nous, si ! 2) L’époque des 
 cafés-concerts est malheureusement 
 révolue : des mesures drastiques ont 
 été appliquées aux 
 établissements proposant ce type de 
 soirée, pourtant primordiale pour la culture de 
 TOUS : la musique ! (À ce sujet comparez le 
 nombre de Bars en Trans d’aujourd’hui comparé 
 à celui d’il y à 8,10 ans) donc, les bars 
 perdent de leur intérêt. 3) Le 
 délit de sale gueule, qu’on le veuille ou 
 non, à de beaux jours devant lui  
 - Ce parallèle 
 effectué avec les festivals, nous permet de 
 soulever un problème : un festival à lieu 
 une fois / an, dans un champ et à l’écart 
 de toute habitation ; d’où leurs bons 
 déroulements. Or, ici, à Rennes, les 
 habitations sont là, il suffit de lever les yeux 
 pour voir tous ces appartements (très 
 onéreux donc peuplés par une 
 majorité de retraités ou de jeunes cadres 
 dynamiques). 
  
 - Depuis mars dernier, ces 
 riverains sont excédés par tout ce 
 vacarme fait par ces jeunes, je cite,  
 désargentés et détrempés 
 , qui  braillent comme des porcs qu’on 
 égorge ,  mal éduqués 
 et désinvoltes , ces  bandes 
 incontrôlables  ... j’en passe et pas des 
 moindres !!! 
  
 - Des pétitions et des 
 plaintes ont commencé à  
  
 voir le jour (pour qu’ils 
 puissent dormir la nuit), surtout, depuis cette 
 rentrée universitaire. Bonheur pour ces 
 honnêtes (et rentables) citoyens, ils ont 
 réussi à trouvé un allié 
 de choc  (bah oui, lorsqu’on 
 déclare la guerre, il faut toujours trouver des 
 alliés pour la mener à bien) : en 
 l’occurrence Mme la Préfète (Mme Malgorne 
 pour ne pas la citer). Une préfète 
 nommée par notre ancien Ministre de 
 l’Intérieur : Nicolas S..., aujourd’hui 
 lancé dans sa campagne présidentielle de 
 2007. 
  
 - Le résultat de tout cela 
 (oui, j’y arrive) ?!? Intervention de la Police et 
 quelques gaz lacrymos au début ... Rien de bien 
 méchant (ajouté à cela un peu de 
 dialogue possible avec les  bleus ). Mais, 
 et là est le problème actuel, tout cela 
 s’est empiré depuis maintenant 2 mois ; les 
 policiers ont laissé place aux CRS, les gaz 
 lacrymos aux bombes lacrymos et les paroles ont, elles 
 aussi, disparues pour être remplacées par 
 ... des matraques (et qui dit matraques dit 
 matraquages, vous ne croyez tout de même pas 
 qu’ils vont les laisser dans leurs poches !). Et puis, 
 il y à, depuis mi-novembre, une lance à 
 eau, spécialement venue de Paris pour disperser 
 les irréductibles Gaulois de cette cité 
 rennaise. Lance à eau mélangée 
 à des gaz lacrymogènes !!! Plusieurs 
 visages d’ami(e)s sont restés 
 brûlés pendant une semaine  ... 
  
 - Bref, vous l’avez compris, les 
 jeudi soirs prennent dorénavant un air de guerre 
 civile et les CRS (mes amis !) ont bien du mal à 
 remplir leur  
  
 objectif (à savoir rendre 
 cette rue calme, la vider de tous ces  marginaux 
 et étudiants  imbibés  
 pour faire d’elle une belle rue commerçante 
 où tous les bourgeois pourraient se promener 
 tranquillement, de jour comme de nuit, en participant 
 au bien-être de Tous, via l’utilisation de leur 
 carte de crédit). 
  
 - Le paroxysme a 
 été atteint, comme je vous le disais, 
 lors du dernier jour des Transmusicales. En effet, 
 comme lors des Vieilles Charrues, ce festival se voit 
 toujours accompagné d’une rave aux 
 alentours de Rennes. L’an dernier, un terrain 
 avait été mis à disposition des 
 teufeurs (juste à l’extérieur de la 
 ville) et cette année, alors que ces mêmes 
 teufeurs avaient averti les autorités de leur 
 intention de continuer ce  rituel , ils ont 
 eu la (mauvaise) surprise de se voir interdire 
 l’organisation de la rave ! Une première 
 dans l’histoire des Trans’ !! La 
 Préfète a eu  
 l’intelligence  de refuser cette 
 manifestation et, pour faire respecter ses choix, de 
 mobiliser des compagnies de CRS (700 tuniques bleues au 
 total, si j’en crois les dires) de toute la 
 France ; certaines venaient de  Marseille 
 (dispositif hallucinant se voyant compléter 
 d’un hélicoptère patrouillant jour 
 et nuit pour surveiller tout rassemblement inhabituel 
 !!). 
  
 - La violence, 
 jusqu’à cette année était 
 inexistante dans le centre de Rennes : aucun 
 dégât réel, aucun incident majeur 
 pas de poignards et de  piquouses  dans les 
 poches contrairement à ce que veulent faire 
 croire les riverains et les autorités. 
 Aujourd’hui, la violence est bien présente 
 (vitrines et voitures cassées ) car 
 provoquée par qui vous savez. 
  
 - Pour conclure (ai-je 
 été si bref que cela ?!), la violence 
 étatique commence réellement à 
 faire des dégâts, l’ambiance se 
 dégrade entre toutes les communautés 
 (étudiants, riverains, armée 
 étatique puis aussi Mairie et Préfecture 
 qui se tirent mutuellement dans les pattes et qui ne se 
 parlent que par médias interposés !).De 
 plus, le Procureur requiert dorénavant de la 
 PRISON FERME pour des personnes s’étant 
 pris VERBALEMENT aux forces de l’ordre ou pour UN 
 jet de bière sur ces CRS (équipés, 
 je vous le rappelle, de la tête aux pieds, avec 
 casque et bouclier  Comment se blesser alors 
 avec tout cet arsenal ?!) 
  
 - Les solutions, qu’elles 
 sont-elles ? En tout cas, pas au dialogue ! Chaque 
 groupe  se réunit de son 
 côté : les étudiants à 
 Villejean les mercredis via un collectif 
 créé pour  Agir Contre les 
 Violences Policières , les riverains en 
 associations, la Préfète est assez 
 compétente pour juger seule de la situation 
 (! !!) et le Maire, Edmond Hervé, qui 
 connaît très bien sa ville ne prend aucune 
 mesure et ne s’exprime que très peu sur le 
 sujet ; il s’oppose aux mesures prises par la 
 Préfecture, c’est tout ! Mais, c’est 
 déjà ça  Le fait-il par 
 conviction ou enjeux politiques ?! Je ne saurais vous 
 répondre. 
  
 Voici, je vous ai livré 
 mes sentiments quant à ce problème qui ne 
 va qu’en s’aggravant et qui est en train de faire 
 mourir une rue qui représente bien plus que cela 
 ... Sans cette rue, Rennes n’existe plus ...  
 puis,  puis : A quand la bavure policière 
 ?!? Rappelons-nous du 6 Décembre 1986  Breizhou - L’Artiste 
 Imbibé  
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