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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°13 - Octobre 2002 > Carnac : occupation holl a gevred

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Carnac : occupation holl a gevred


Après plus de 11 années d’opposition au projet d’aménagement du site mégalithique de Carnac (56) se traduisant par des tentatives de concertation, des manifestations, de nombreux dossiers et recours déposés auprès des différentes instances "démocratiques", des pétitions en nombre..., face au mépris des pouvoirs publics et à l’inexorable avancée du projet, le collectif Holl a Gevred est né et a posé un acte fort en occupant le bâtiment d’accueil du site exploité par Monum (centre des monuments nationaux) afin de se faire entendre.


Depuis plus d’un mois, le Collectif Holl a gevred ("tous ensemble" en Breton), qui rassemble Menhirs Libres, Keep it blue, Bemdez, la Coordination Anti-Répressive de Bretagne, la Confédération Paysanne, la Confédération maritime, la Marche des Libertés Bretonnes, les Amis du Marais, le Emgann, le Sindikat Labourien Breizh (SLB) et Kelc’h Sevenadwel Gwened (KSG) avec le soutien des Verts et de la LCR occupe le bâtiment d’accueil des alignements de Kermario, avec comme leitmotiv : "nous ne lâcherons pas !".

Le collectif demande :

- L’annulation de la prorogation de la déclaration d’utilité publique,

- La remise à plat du dossier, la modification du Plan d’Occupation des Sols rendant constructibles les terrains acquis par l’Etat dans le cadre du projet,

- L’arrêt immédiat de toutes les procédures d’expropriation,

- L’annulation de la déviation de la RD196,

- Que la philosophie et l’éthique qui sous-tendent le projet soient revues,

- La prise en charge de la gestion du dossier par les instances régionales.

En effet, avec 2 877 menhirs répartis sur 4 kms, le site mégalithique de Carnac est l’un des plus importants du monde, il est également un lieu de vie avec plusieurs maisons d’habitation, plusieurs fermes en activité, deux centres équestres, des routes et des chemins piétonniers. Or, le Ministère de la Culture veut tout simplement s’approprier et rentabiliser les menhirs sous prétexte de protection du site, comme se plaisent à le rappeler les quelques médias qui se sont emparés du sujet.

Pour réaliser ce projet dont personne ne veut, l’Etat, le Conseil Général et le département ont prévu d’acquérir 150 hectares de terrains, plus 100 hectares du conseil général, d’exproprier 250 personnes, de détruire des maisons dont certaines datent du XV ème siècle, de raser 3 hectares de pinède, de bâtir un bâtiment de 2300 m2 à vocation commerciale et deux parkings de 400 places et de construire une route au mépris de la loi littoral.

C’est en cela que ce projet est symbolique d’une politique culturelle nationale toujours plus proche du divertissement de carton pâte, d’une politique mondiale de développement d’un tourisme de masse, vecteurs de rentabilité économique qui semble être la seule et unique valeur qui sous-tende les choix politiques de notre société. Ces projets voient le jour au détriment des personnes, de l’écologie et de l’intégrité des paysages, bafouant les lois (comme ici la loi Littoral) pour le profit d’un petit nombre de nantis s’appuyant sur des simulacres de concertation orchestrées par les techniciens de l’Etat, sur une démocratie et une justice à plusieurs vitesses.

Déjà dans les années 70, Christian Bonnet, alors Sénateur Maire de Carnac et ancien Ministre de l’intérieur sous Valery Giscard D’Estaing, déclarait : " Les menhirs, il est temps que ça rapporte". C’est en Novembre 1990, que le Ministère de la Culture annonce la mise en place d’un projet "Grand Carnac" pour l’aménagement du site. La maquette et le cahier des charges ne sont alors pas communiqués aux habitants. Ils prennent connaissance de ce projet par la presse qui annonce l’achat de propriétés.

En 1991, c’est la mise en place de plus de 10 kms de grillage, isolant les menhirs interdits d’accès au public sous prétexte de protection et de préservation du site. Les Monuments Historiques interdisent la marche dans les menhirs et recrutent des vigiles. Certains terrains de particuliers deviennent inaccessibles. Des droits de passage et de pacage ne sont plus respectés. En effet, plusieurs parcelles agricoles se trouvent alors complètement enclavées entravant ainsi leur exploitation, certains agriculteurs se trouvent contraints à aller chercher les clés à l’accueil dont les horaires ne sont pas les mêmes que ceux des agriculteurs. En 1996, l’enquête publique (l’une des plus importantes réalisées par le nombre de ses participants en France) a vu le projet rejeté par 87% des participants, L’Etat retient malgré tout le projet en le déclarant d’utilité publique. Un pourvoi auprès du Tribunal Administratif est engagé en 1998, demandant l’annulation de l’arrêté du Préfet du Morbihan. A ce jour ce pourvoi n’a toujours pas été traité par les services de justice concernés, il semble alors surprenant que puisse être prolongée la période de validité d’un arrêté préfectoral dont le Tribunal Administratif n’a pas confirmé ou infirmé à ce jour, la légitimité. Mais l’appel de l’Etat concernant les expropriations de 3 propriétaires s’est vu lui traité en quelques mois.

Pendant ce temps, des permis de construire sont toujours délivrés à proximité des alignements (Archéoscope) ou même au ras d’autres monuments mégalithiques (dolmen de Mane Brizil) par ceux-là même qui se posent en protecteurs des Alignements. Certaines expropriations et achats de parcelles sont déjà effectifs, d’autres procédures d’expropriations sont en cours, souvent accompagnées de pressions psychologiques inadmissibles. Simultanément et depuis sa création, l’opposition au projet s’est voulue constructive en présentant des contre-propositions qui sont les mêmes depuis dix ans. Ce qui est souhaité, c’est un aménagement intelligent, humain, convivial de ce lieu que nous aimons (cf. propositions sur le site http://www.menhirslibres.org).

Ce sont ces propositions ainsi que les constats et positions du collectif, demandés pour la énième fois lors de la seule réunion avec la préfecture depuis l’occupation, que le collectif a souhaité porté symboliquement à Monsieur De Rohan, président du Conseil régional de Bretagne et président du groupe UMP au sénat, en son château de Josselin le dimanche 22 septembre 02 lors des journées du Patrimoine.

Les émissaires, accompagnés de Trawal’ch (Assez !), menhir en papier mâché de 3 mètres de haut, tiennent à faire état du mauvais accueil que leur ont réservé Monsieur et Madame De Rohan (appel immédiat de la gendarmerie, refus de lire le courrier). Deux enfants en bas âge qui étaient venus visiter le château avec leurs parents ont été bousculés par Madame. De plus, le président du Conseil Régional a déclaré que le projet de conservation du site de Carnac "n’était pas son affaire mais celle de l’Etat", alors que 17,5 millions de Francs (du contribuable) ont été investis dans le projet par le Conseil Régional.

Et même si le collectif a exclu la personne qui a ce jour-là entarté Josselin de Rohan, cette action n’ayant pas été votée par le collectif, on peut se dire qu’il ne l’avait pas volé tant son mépris du "peuple" est grand !

Le collectif est toujours en lutte et ne lâchera pas. Pour en savoir plus et soutenir leur action : 06 08 23 75 68

http://www.menhirslibres.org


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