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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°13 - Octobre 2002 > La semaine des transports gratuits

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La semaine des transports gratuits



Angers A la veille de la journée " en ville sans ma voiture ", le Collectif transports gratuits (Ctg) a tenu une table de presse devant les locaux de la Cotra (Société locale de transports). Une douzaine de personnes était présente pour cette action. Deux équipes sont alors parties differ des tracts dans les bus et discuter avec les chauffeur-ses et les usager-es. Mais, quinze minutes plus tard, nous entendions à la radio interne de la Cotra, que l’une des équipes était arrêtée par les contrôleur-ses et que la police allait intervenir. Les contrôleur-ses se référaient à la loi de 1942 interdisant la diffusion de tracts dans les transports. Après une demi-heure de discussions acharnées, l’équipe a pu partir en revendiquant la désobéissance civile. Certains chauffeurs nous ont alors refusé l¹accès au bus. Nous avons senti que la crispation était de rigueur chez les conducteur-rices et qu’il était plus difficile de dialoguer que l’an passé. Cependant, si les chauffeurs ont suivi les consignes, une fois rassurés sur le contenu de notre discours, certains ont pu apporter des témoignages intéressants. L’appel pour la réunion publique du vendredi 27 septembre à l’Etincelle a été aussi largement diffusé, notamment lors de nombreux collages durant la semaine des transports gratuits, en vue d’établir un bilan, des perspectives et de discuter entre usager-es.

Auvergne Les collectifs de chômeurs d’Auvergne ont décidé de faire pressions sur les élus du Conseil régional pour débloquer un peu la situation. Après avoir fait du bruit dans la presse, passer des coups de téléphones et décorer les locaux des élus, ils ont enfin été reçus. Les groupes d’opposition ­ à gauche en Auvergne ­ ont ouvert un plus les oreilles sur les revendications des précaires que lors des années précédentes. Certains se sont même étonnés de la mise en application de la Lsq pour les fraudeurs par habitude. Une loi qu’ils ont pourtant votée, on se demande à quoi il s’attendait ? Une réunion unitaire réunissant Pc, Ps, Verts et collectifs de chômeurs devraient avoir lieu le 7 octobre. La Droite bien qu¹elle est acceptée d’écouter les revendications des chômeurs n¹envisage pas la gratuité s’il n’y a pas de fin productiviste ­ comme chercher ou aller au travail. Au final, on peut être déçu que la Gauche n’écoute les revendications des plus pauvres que lorsqu’il s’agit de se recomposer... Et pas quand ils sont au pouvoir. À suivre.

Limoges Le collectif Agir pour la gratuité immédiate des transports (Agit) a réalisé une campagne d’information et diffuser la " Carte pour le droit aux transports " durant toute la semaine des transports gratuits - conférence de presse, collage d¹affiches et apéro-débat ont été organisés. La presse, curieuse de cette nouvelle revendication, a bien relayé leur point de vue. Des dialogues ont eu lieu toute la semaine avec de nombreux usagers, quelques chauffeurs, contrôleurs et emploi-jeunes. Dès le lundi, les militants d’Agit ont écopé de deux amendes et les contrôleurs ont appelé les flics pour distribution de tracts dans les bus sans autorisation. Samedi, Agit a fait une action symbolique en prenant le bus gratuitement pour apporter une motion en faveur de la gratuité des transports aux élus chargés de cette question. Un bon moyen aussi de rentrer en contact avec des usagers en manque d¹information, mais aussi d’écoute.

Lyon Cinq cents affiches ont été collées sur la communauté urbaine de Lyon, plusieurs milliers de tracts diffusés, plusieurs dizaines de personnes avec lesquelles nous avons discuté de l’accès libre et gratuit aux transports collectifs. Finalement, un franc succès malgré une participation très limitée lors de la manif pour la gratuité, le samedi 14 septembre. L’expérimentation d’une zone de gratuité sur une partie d’une ligne de tramway nous encourage le collectif à continuer dans ce sens, avec d’autres déclinaisons. En effet, Samedi 21, le collectif lyonnais a ouvert une zone de gratuité, clôturant leur semaine d’activité. Six arrêts consécutifs du tramway - soit 1/3 de la ligne - ont été occupés par une quarantaine de militant-es venu-es expérimenter la gratuité pour toutes et tous. Cette journée avait donc essentiellement pour objectif la mise en place d’une zone libre entre le quartier populaire de la Guillotière et la zone eurocommerciale de la Part-dieu. Durant une heure et demie, les militant-es relié-es par portable s’informaient de la présence de contrôleur-ses ou de la police du réseau . Ils transmettaient cette précieuse info aux usager-es. De nombreuses personnes ont ainsi pu avoir accès librement et "sereinement" au tramway. Les tracts donnaient dans l’ensemble un bon complément à l’expérimentation de la libre circulation. Les affiches et les nombreux autocollants donnaient de la visibilité à l’action et en enlevaient aussi à quelques caméras de surveillance. Ce qui nous a valu en fin d’action une pensée profonde d’un agent de sécurité : " vous portez atteinte à la liberté de consommation et les caméras sont là pour vous protéger. " Beaucoup d’usager-es heureusement ne sont pas de cet avis... Des individus du collectif Tcl

Prochaine assemblée des usagers - le jeudi 3 octobre 2002 à 19 h 30 - au local d’AC ! Rhône Le collectif T.C.L "transports en commun libérés" permanence le mercredi de 17 h à 20 h au local d’AC ! - 37 cours de la République - Villeurbanne - tél. 04.78.84.38.51 - collectif.tcl@free.fr - http://transports.gratuits.free.fr

Marseille Le jeudi 19 septembre, les Collectifs sans ticket de Marseille et d’Aix ont fait une action dans le train Aix-Marseille. Le Cst a diffusé des tracts et discuté avec les usagers et les contrôleurs. Ces derniers leur ont demandé de stopper la diffusion de tracts et de fournir des pièces d’identité - une loi de 1942, du régime pétainiste, interdit tout tractage à l’intérieur des transports publics. Pour toute pièce d’identité, les membres du collectif ont donné les cartes du Cst qui revendique la gratuité des transports. Les contrôleurs, ne jugeant pas ces pièces d’identité convenables, ont fait appel à la police nationale qui a accueilli le collectif à la gare de Marseille. Après un certain temps passé dans le local de la police, et des tentatives de diffusion du tract arrêtée de nouveau, tous les membres du Cst se sont vus infliger une amende de 52 euros. Cette nouvelle verbalisation montre que la lutte sociale est de plus en plus criminalisée, prouvant, s’il le fallait, la nécessité de ces combats. Daniel Le Petit ­ Cst

Nantes Le collectif Tgv de Nantes est intervenu dans les transports lors de la journée hexagonale pour la gratuité des transports du samedi 21 septembre. La Tan ­ société de transports nantaise - avait profité de la " journée sans ma voiture " pour faire dans le caritatif, offrant l’accès à l’ensemble du réseau Nantais pour le prix d’un seul ticket. L’idée était d’inciter les nantais à abandonner leur véhicule personnel par un slogan faisant allusion au tabagisme " le 21 et 22 septembre, j’arrête ! " - au passage, on se demande pourquoi pas le reste de l’année. C’est d’ailleurs dans cette perspective à plus long terme que le collectif pour les transports gratuits s’est inscrit. Il a collé une affiche évoquant le ticket de bus avec pour mot d’ordre : " après les 21 et 22 septembre, on arrête ! ". Les pro-gratuités ont dès le samedi matin détourné la campagne de la Tan en remplaçant les affiches dans les tramways par leur magnifique pastiche. Une bonne manière d’interpeller les usagers !

Paris Le Réseau pour l¹abolition des transports payants comptait bien sur cette semaine pour enrayer le discours unique sur les transports publics, en posant le débat du libre et égal accès à la mobilité. Un débat qui débuta avec les utilisateurs des transports en commun lord d¹une assemblée d’usager-es. Le besoin d’information sur la réglementation dans les transports en commun s’est fait ressentir, surtout suite aux nouveaux dispositifs liés à la Lsq. Ce qui pose la question de " quel espace public est le métro ? " Où encore " espace PUBlic ? " pour reprendre le tract du Collectif contre le publisexisme distribué lors d¹une action dans le métro réunissant une soixantaine de personnes. À observer les forces de l’ordre de la Ratp, il s’agirait plus d¹un espace privé... de liberté : " pas question de décoller ou tagger les pubs ! " Voilà, la réponse des " Crs de la Ratp" exprimée de manière plus brutale. Heureusement qu’en face, les militant-es étaient un peu plus calmes ! Comme on doute de plus en plus que les transports pourtant publics soient un espace public, le Ratp avait jugé bon d’organiser un débat sur le service public.

Il rappela que la lutte pour les transports gratuits s’inscrit dans une perspective plus large. La présence d’une personne luttant pour l’accès gratuit aux bibliothèques en était l’exemple. Bon ! Comme le samedi, les autorités compétentes n’avaient toujours pas mis en place un libre accès aux transports, encore une fois, les militant-es du Ratp ont dû se relever les manches et ouvrir les portes du métro eux-mêmes pour montrer que la gratuité, ce n’est pas compliqué ! La semaine s’est achevée de manière festive et réfléchie. Dans un happening digne des meilleures caméras cachées, les pro-gratuités ont imaginé la mise en place de l’accès payant aux rues piétonnes ; une manière d¹interroger les passants sur le financement de la voirie... mais plus loin des biens collectifs, comme des transports qui seraient gratuits.

17 millions d’euros la seconde Le temps, c’est de l’argent dit un adage, fort peu inspiré. Le Syndicat des transports d’Île-de-France (Stif) lui y croît dur comme fer. Il a ainsi dépensé 4,4 millions d¹euros pour le tapis roulant le plus rapide du monde, qui permet de faire gagner 90 secondes aux usager-es... Bon pour l’instant il fait plutôt perdre du temps. Trop dangereux pour ces utilisateurs, il a été arrêté ! Le deuxième projet - qui ravit Big Brother - est la mise en place de la carte Navigo qui permet, selon les documents de la Ratp, de passer les portillons en 2 dixième de secondes contre 1 seconde auparavant. Gain de temps : 98 dixième de secondes. Malheureusement, ils n’ont pas voulu entendre le projet du Réseau pour l’abolition des transports payants qui réduit le passage des portillons en, au plus lent, 0 seconde. Au final, le Stif a dépensé un peu plus de 17 millions d¹euros pour chaque seconde qu’il fait gagner aux franciliens...


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