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AccueilJournalNuméros parus en 2006N°48 - Avril 2006Mouvement anti-CPE > 1986 : mouvement contre la réforme Devaquet

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1986 : mouvement contre la réforme Devaquet



En décembre 1986, la droite est revenue au pouvoir depuis mars. Aux affaires, Jacques Chirac, premier ministre et le tamdem Charles Pasqua-Robert Pandraud au ministère de l’Intérieur. Le Front national a à l’époque 35 députés.

En octobre est présenté un projet de loi pour les universités qui veut instaurer et institutionnaliser le filtrage sélectif à l’université, connu sous le nom de loi Devaquet (frais d’inscription élevé, concours d’entrée...). Très rapidement, les étudiants et les lycéens se mobilisent par dizaines de milliers avec occupations, grèves et manifestations. L’extrême droite attaque plusieurs facs (Sorbonne, Lyon, quartier latin, Jussieu...), parfois au cocktail molotov. Le gouvenement ne veut rien lâcher et s’en prend aux « manipulateurs gauchistes » ; la tension monte.

Le 4 décembre une manifestation rassemble un million de personnes dans les rues de Paris et se termine aux Invalides avec des affrontements très sévères, au cours desquels il y a plusieurs blessés graves.

Le lendemain, idem, des barricades dans le quartier latin et le soir un jeune étudiant, Malik Oussekine, meurt après avoir été tabassé par les « voltigeurs » - des policiers à motos, armés de longs bâtons, qui ratissent les rues. Dans les jours qui suivent, le projet est retiré.

Au travers de cette lutte la gauche, très mal en point, se refait une santé à bon compte. En effet, le virage libéral vers les années 1983-1984 et la conversion à l’idéologie du marché a sonné le glas des dernières illusions sur sa capacité et sa volonté de changer le système et la société. Lors de ce mouvement, le syndicat étudiant, l’UNEF-ID, dont la majorité des membres sont au Parti socialiste, font tout pour contrôler les revendications, refusant une remise en cause de l’éducation dans sa conception même (hiérarchisée, sélective, reproductrice des inégalités sociales). Lors de la manifestation en hommage à Malik Oussekine, il ne doit y avoir aucune remise en cause de l’institution police en tant que telle, et c’est à une marche silencieuse que l’on est convié.

Ce qui n’est pas du goût de nombreux manifestants. Surtout qu’il s’agit de ne pas oublier tous ceux qui sont morts, tués par la police, et notamment Abdel, assassiné par un policier le même soir que Malik, mais à Aubervilliers... La question des bavures policières, de la montée du discours sécuritaire faisait partie d’un combat pour les militants antifascistes radicaux ainsi que celle contre la xénophobie montante. Pasqua voulait « terroriser les terroristes » comme d’autres veulent aujourd’hui « karchëriser les racailles ». Cette victoire n’a pas seulement permis de faire reculer le gouvernement sur d’autres questions, mais elle a aussi été formatrice pour toute une génération militante active dans la lutte contre le Front national ou dans le rock alternatif. Comme aujourd’hui la question de la violence et celle de l’enlisement de la lutte se posaient après plus d’un mois de grève dans certaines universités. Sans la mort de Malik, Chirac aurait-il reculé* ? &

* voir article sur les violences policières


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