Retour accueil

AccueilJournalNuméros parus en 2006N°48 - Avril 2006Mouvement anti-CPE > Solidarité face à la répression

Rechercher
>
thème
> pays
> ville

Les autres articles :


Interpellations et brutalite policière

Solidarité face à la répression


La solidarité est une arme : nous devrons en faire preuve encore dans les prochaines semaines, les prochains mois, pour éviter par exemple qu’un jeune fasse cinq ans de prison pour avoir levé les bras contre des coups de matraque, tout comme un faucheur peut encourir cinq ans de prison fermes pour avoir arraché un pied de maïs transgénique.


Cyril Férez est toujours dans le coma lorsque ces lignes sont écrites et, s’il survit, ce sera avec de graves séquelles neurologiques. Suite à la manif du samedi 18 mars à Paris, alors qu’il était assis place de la nation, il a été piétiné puis tabassé par les forces de police comme le prouvent de nombreuses photos AFP et l’affirment des témoins. Contrairement à la mort de Malik Oussekine en 1986, cette exaction des forces de l’ordre n’a pas perturbé le gouvernement : Sarko a fait venir les syndicalistes de SUD pour affirmer que toute la lumière serait faite, etc. sinon rien d’autre. Alors que l’assassinat de Malik Oussekine par les voltigeurs, flics à motos de l’époque, avait soulevé la jeunesse et entraîné des manifestations de masse le lendemain, le tabassage, jusqu’au coma, de Cyril Férez a entraîné surtout... des communiqués de presse. Alors même qu’il est syndicaliste, cela n’a pas entraîné de réactions dans la rue, de rejets spontanés. En vingt ans, la répression policière a été acceptée, digérée, par la majorité de la population. Ce manque de réactions collectives illustre bien également le niveau d’individualisme dans lequel nous sommes tombés, jusqu’à oublier peut-être ce que peut être une « réaction collective ». Des dizaines et des dizaines de jeunes sont poursuivis dans plusieurs villes (Rennes, Paris, Toulouse), et on note déjà des inculpations avec des comparutions immédiates. De très nombreuses violences policières : les sites Indymedia en font part. Dans la plupart des grandes villes, ne serait-ce que pour une occupation de place comme à Toulouse le jeudi 16 mars, ce sont des dizaines de jeunes hospitalisés à chaque fois.

Le mouvement montre à quel point des outils nous manquent encore trop dans l’hexagone, comme par exemple les legal teams qui permettent d’informer et d’organiser le soutien juridique des inculpés. La résistance face à la répression va nécessiter une solidarité entre les groupes des mouvements alternatifs, radicaux dans une ville ou région donnée. Espérons que cette solidarité l’emportera sur une relative indifférence...

Raph

Possibilité de s’informer sur ces sujets-là via les sites Indymedia ou des ML locales, pour soutenir les inculpés de vos villes...

Bons et mauvais manifestants...

Sarkozy avait annoncé qu’il séparerait manifestants et « casseurs », « voyous ». Le moins que l’on puisse dire c’est que la notion de « casseurs » est très extensive : en gros, tout manifestant qui reste après une manif, qui occupe un lieu, est un casseur potentiel. Le jeudi 16 mars notamment, la répression s’est abattue sur toutes personnes qui occupaient la rue après la manifestation à Paris, Toulouse ou Rennes : la « démocratie » reste soigneusement encadrée au niveau horaire, du genre 14h-17h pour un défilé, après circulez...

Le samedi 25 mars, Sarkozy envisageait d’en finir avec les occupations des facs notamment en permettant aux forces de l’ordre d’intervenir. Ce qui était inimaginable il y a quelques années se met en place : après la Sorbonne, d’autres facs en grèves vont être évacuées. La stratégie qui consiste à diviser « bons » et « mauvais » manifestants vise à éviter rapidement toute radicalisation du mouvement, tout autant dans les actions (occupation de l’espace public, des agences d’intérim...) que dans les discours, et c’est pour casser toute convergence, toute politisation accrue, que la Sorbonne a été évacuée violemment le samedi 11 mars alors que des précaires et des intermittents convergeaient avec les étudiants. L’État cherche à tout prix que le mouvement reste canalisé dans une contestation anti-CPE sans poser la question plus large de la précarité et de la lutte contre le capitalisme. Dans une stratégie à long terme, que l’on retrouve par exemple dans la création du Conseil du Culte musulman en France, il va s’agir pour les États d’avoir des mouvements « contestataires », altermondialistes par exemple, lisibles, encadrés, où les « responsables » collaboreront avec la police, comme cela s’est produit pour la plupart des contre-sommets du G8. Pour en revenir au mouvement, de nombreux responsables de l’UNEF, syndicat étudiant proche du PS, travaillent main dans la main avec la police. Il nous faudra à l’avenir à la fois analyser le renforcement de ces collaborations (qui existaient auparavant) et prendre position après le mouvement.


No Pasaran 21ter rue Voltaire 75011 Paris - Tél. 06 11 29 02 15 - nopasaran@samizdat.net
Ce site est réalisé avec SPIP logiciel libre sous license GNU/GPL - Hébergé par Samizdat.net