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AccueilJournalNuméros parus en 2006N°48 - Avril 2006Mouvement anti-CPE > Grenoble - Récit de la manif du 18 mars

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Grenoble - Récit de la manif du 18 mars



La manif est partie plus tôt que prévu aujourd’hui, il y avait 35 000 personnes, dit-on. Il y en avait peut-être même plus. Sur la fin, des cortèges entiers de la manifestation ont fait un détour pour sortir des embouteillages de manif en direction de la préf !
Très grosse manif, donc, de la gare jusqu’à la préf, en passant par les grands boulevards (maréchal Foch, maréchal Joffre, à bas l’armée). Plein de travailleur-euse-s, de chômeureuses, d’étudiant-e-s, de lycéen-ne-s, de syndicalistes et de non-syndiqué-e-s étaient là.
Assez rapidement, sur le cours Jean Jaurès, des « autonomes » (au sens d’individus non-encartés, quelle que soit leur tendance politique) ont doublé l’habituelle banderole de tête intersyndicale « Retrait du CPE » avec tous ses logos de syndicats réformistes. D’une trentaine de personnes au devant de cette banderole, il y a vite eu de plus en plus de monde, jusqu’à plus d’un millier de personnes...
Quelques CRS protégeaient l’entrée du MEDEF sur le boulevard du maréchal Foch. Ils se sont fait huer et quelques œufs leur sont tombés dessus (ainsi que sur la façade du MEDEF). Continuant dans une ambiance plutôt détendue, de nombreuses personnes de la tête de la manif se sont mises à bloquer une partie des rues adjacentes aux boulevards Foch et Joffre, ainsi que certains carrefours avec du matériel de protection du chantier de la nouvelle ligne de tram. La BAC (Brigade Anti-Criminalité), bien qu’arrivée en trombe, n’a pas osé intervenir (trop de monde face à eux).
Sur la place de la préf, qui a pourtant mis du temps à se remplir, la sono de la CGT nous broyait les oreilles à coups de « Retrait, retrait, retrait du CPE » (certain-e-s leur ont répondu « Retrait, retrait, retrait de la CGT »). On l’avait déjà beaucoup entendu en cours de manif, le slogan de base de la cégète... ainsi que d’autres slogans, moins réformistes, en tête de manif : « Ni CPE ni CDI, autogestion ! » ou « CPE, CDI, on s’en fout, on veut pas bosser du tout » (en référence au mouvement des chômeur-euse-s parisien-ne-s de 1998).
Place de la préf, il y avait quelques personnes assez vénères. Des étudiant-e-s et des lycéen-ne-s bien sûr, mais aussi des anarchistes, des jeunes des tiécars, et même des supporters de foot (pas des fachos, plutôt des supporters d’extrême gauche, même s’ils ont dû venir sur les bons conseils de Sarko, pour qui « les casseurs » de Paris ne sont pas des vrais « manifestants » mais des « voyous » et des « hooligans », ha ! ha !).
Un mec passe les buissons de la préf et se fait attraper par les CRS de l’autre côté (forcément). La plupart des jeunes réagissent activement, des canettes et des pétards volent vers les CRS, ça gueule dans tous les sens et la BAC repère qui fait quoi, etc. L’interpellé est relâché peu après.
L’ambiance se tend peu à peu, des renforts de CRS sur-armés arrivent (bonjour les cagoules des flics, on croirait le GIGN caché sous des uniformes de CRS). La BAC s’active, ils sont au moins douze dont une meuf, on les sent prêts à choper des isolé-e-s, ils se croient tout permis et paradent au milieu de tout le monde. Mais ils vont le regretter...
La place se vide de la plupart de ses manifestant-e-s mais quelques centaines de personnes restent. Un petit groupe joue de la musique et malgré la tension, il y a comme un esprit de fête dans l’air. La route continue d’être bloquée et des motards accompagnés de CRS et de la BAC essaient d’ouvrir une brèche pour laisser passer des bus. Tant bien que mal, ça marche. Quelques projectiles volent à nouveau vers les CRS et la BAC saute sur un mec, peut-être pas suffisamment blanc à leur goût, je ne sais pas, en tout cas il n’avait rien fait du tout mais il se fait embarquer malgré les protestations des manifestant-e-s.
D’autres de la BAC chopent un autre gars un peu plus loin, pas blanc non plus (justice raciste, justice coloniale, il n’y a pas qu’avec le CPE qu’on doit en finir). Là, de nombreuses personnes se jettent sur les mecs de la BAC, qui se mettent à flipper et à sortir flashballs et tonfas pour faire reculer tout le monde. Malheureusement, les manifestant-e-s ne réussissent pas à libérer la personne arrêtée. À ce moment, ça dégénère complètement, et ça se comprend. Ces arrestations mettent le feu aux poudres et de nombreuses canettes (et autres trucs) volent en direction de la BAC, qui fuit sous les huées.
Des canettes volent aussi vers les CRS, qui ripostent en balançant des lacrymos. D’autres canettes volent, un mec de la BAC s’est même mangé un truc en pleine face. Tout le monde avait pas mal la rage contre ces salauds, peut-être la prochaine fois ils se croiront moins tout permis.
Les lacrymos dispersent une partie de la place. Après s’être d’abord replié-e-s dans les petites rues aux alentours, les manifestant-e-s se regroupent à l’entrée de la rue Lesdiguières, sur la place de la préf. La présence policière est massive, les mecs de la BAC sont revenus casqués. La dispersion est progressive, je ne sais pas trop ce qui s’est passé tout à la fin mais on a vu des gens se faire courser par des flics alors que tout semblait s’être calmé.
Restez groupé-e-s quand vous quittez les manifs ! Refusez les comparutions immédiates si vous vous faites arrêter. Mettez des ami-e- s aux courants de vos soucis avec la justice et prévenez du monde sur le campus (par exemple), les personnes arrêtées ne doivent pas rester seules face à la répression !
Un rassemblement a d’ailleurs eu lieu spontanément après la manif, pour demander la libération des deux personnes interpellées. En tout cas la colère et bien là et dépasse le refus du CPE...


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