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AccueilJournalNuméros parus en 2006N°48 - Avril 2006Mouvement anti-CPE > Bordeaux - L’étudiant, le policier et le journaliste

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Bordeaux - L’étudiant, le policier et le journaliste



Jeudi 23 mars, il y avait environ 10 000 personnes dans les rues de Bordeaux contre le Contrat Première Embauche. Les cortèges étudiants, lycéens et ceux des syndicats. Samedi dernier, la manif avait fini à la Victoire, la grande place de Bordeaux, par des affrontements avec le service d’ordre de la CGT d’abord et les CRS ensuite. Il a fallu passer le premier barrage des flics « syndicalistes » responsables avant de se retrouver devant nos traditionnels CRS qui nous manquaient un peu... Non, non, rien n’a changé : un groupe devant un barrage de CRS n’est pas toujours très malin. Il y a ceux qui se croient anarchistes et jettent des canettes de bières à dix mètres du premier rang de manifestants, il y a ceux qui s’engueulent devant les flics, il y a ceux qui discutent avec les flics pour le retour à l’ordre, il y a ceux qui vont donner leur petit avis de responsables lycéens aux journalistes. Jeudi, la manif a été plus calme, il y avait toujours le putain de service d’ordre de la CGT mais on notait beaucoup de prudence de la part des flics et des « organisateurs » pour éviter les affrontements.

Cette fois, j’arrive déguisé en clown. J’avais lu un texte dans un numéro d’Agone sur le carnaval : « Se préparer à organiser une grande fête populaire et revendicative, c’est comme se préparer à l’insurrection générale » Plutôt que des canettes, c’est des avions en papier qu’on balancera sur les flics, et du premier rang (soyons responsables !!). Ça symbolise mieux l’absurdité d’une colonne de gros virils prêts à taper sur un troupeau de jeunes en vacances (le meilleur du travail, c’est toujours les vacances !) En rentrant, j’entends sur France Inter que « la manif a dégénéré à Paris par des affrontements avec des militants d’extrême gauche, de la CNT et de la LCR et des jeunes venus des cités. » Le même refrain dans métro qui titrent : « le retour des casseurs ». Pour les médias, ces jeunes-là n’auraient « rien à voir avec le mouvement » et seraient venus juste pour casser. Comme si la précarité au travail, le chômage n’avaient « rien à voir » avec les jeunes de cités. Comme si la misère devenue colère n’incitait pas à la violence.

Les mensonges énormes que peuvent dire les grands médias sans être inquiétés marquent sans doute la faiblesse de notre engagement contre eux. Je suis souvent étonné de nous voir toujours crier « CRS SS » ou « Pétain reviens t’as oublié tes chiens » toujours face aux CRS alors que les journalistes eux, filment et mentent sans être inquiétés. Je ne dis pas que les CRS ne sont pas des « chiens », mais je me demande quels flics sont les plus dangereux, de ceux armés d’une matraque ou de ceux armés d’une caméra. Surtout quand les seconds fabriquent des flics jusque dans nos rangs. Il y a bien des jeunes influencé par le discours médiatique, qui manifestent, et pour qui le premier pouvoir à détruire est celui des casseurs. Il y a toujours les services d’ordre qu’ils soient lycéens, étudiants ou syndicalistes à fliquer ceux qui veulent défendre autre chose qu’une seule revendication contre le CPE. Plutôt que participer à un affrontement stérile avec les CRS, je crois que notre premier combat est un combat d’information contre les flics, contre tous les flics. Les flics me font peur, surtout ceux qui se croient de gauche. De toutes les manières, c’est toujours bon la grève. L’avenir qu’ils nous préparent est laid, on peut aujourd’hui se donner un beau présent... et trinquer à la lutte !

Pierre Ramine (Toulousain bordelais par intérim)


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