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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°3 - Novembre 2001 > Milipol : La foir’fouille du flic

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Milipol : La foir’fouille du flic


Milipol, exposition de matos militaro-policier, se dépliera comme tous les deux ans au Bourget, près de Paris, du 20 au 23 novembre 2001. Ce supermarché annuel du petit calibre, qui se tient par intermittence en France et au Qatar (1), est le reflet d’un monde où l’oppression est de mise.


image 237 x 276Les Etats modernes doivent, plus que jamais, faire face aux menaces de la délinquance et de la criminalité qui ne connaissent pas de frontières [...] la population attend donc de ses représentants qu’ils lui garantissent les conditions d’un exercice paisible de ses activités, a écrit le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant dans sa lettre aux exposants. Milipol est réalisé sous son égide. Cet étalage est un événement officiel, au même titre qu’Eurosatory pour l’armement terrestre, Euronaval pour les équipements navals et le Salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget. Et si le parti socialiste a regretté de n’avoir pas battu pavé à Gênes, il n’empêchera pas l’exposition des matraques, et autres armes étalées de manière ostentatoire, les mêmes qu’ont utilisé les carabiniers assassins de Carlo Giuliani. Et plus il en sera vendu, plus Fabius fera miroiter à Cassen et consorts la taxe qu’il aimerait prélever pour la paix et le développement.

Une biennale très courue
Comme au temps des expositions coloniales qui faisaient courir le Tout-Paris, les assassins en cravate s’agglutineront, comme ils le font depuis 17 ans et 11 éditions. Un peu d’histoire n’est jamais inutile. A la fin des années 1970, différents industriels français fournisseurs de matériels de police eurent la bonne idée d’organiser une exposition internationale spécifique : Expol (Exposition police). En 1984, était organisé à Paris le premier Salon international Milipol, ouvert aux professionnels de la sécurité, industriels, utilisateurs, acheteurs et exposants de toutes nationalités. Annuel dans les années 1980, le Salon Milipol Paris trouva son régime de croisière à partir de 1991, quand la périodicité biennale fut adoptée. Grâce et pour ces criminels, Milipol s’est imposé comme le leader mondial des salons dédiés aux technologies policières. Au cours de la dernière édition à Paris, en novembre 1999, les 500 sociétés internationales exposantes ont rencontré 18 000 professionnels et prescripteurs venus de plus de 100 pays.

Surveiller et punir
A Milipol, les policiers, vigiles et autres mercenaires sont comme à la Foir’fouille, ils trouvent de tout, même sans être très malins : armes de petit calibre, mitrailleuses et lance-grenades, armes blanches, munitions, explosifs, poudres, grenades lacrymogènes et autres fumigènes et projectiles. Les canons à eau sont aussi présents. Evidemment, puisque l’on nous parle de "la délinquance et de la criminalité". On peut également se confectionner la panoplie complète "Big Brother" : système de communication mobile, brouilleur de GSM, radars, scanners et portiques, système de surveillance de l’espace aérien et de localisation de véhicule. Même les gardiens de l’Europe forteresse y font leurs emplettes avec les systèmes de surveillance et de contrôle des frontières, avec en vedette les identificateurs biométriques, qui repèrent le clando au fond d’un camion d’oignons. La vidéosurveillance est là aussi pour le plus grand plaisir de nos roitelets municipaux.

Carlo Giuliani
Milipol est un salon échafaudé pour que les sbires des satrapes puissent faire leurs courses contre les mouvements sociaux à venir et maintenir ainsi l’ordre qu’ils ont eux-mêmes établi. Goupillé pour que les dictatures s’équipent contre leur opposition. Mijoté pour que des industriels se gavent de notre pognon et du sang de leurs victimes gisant sur le pavé génois, tuées par des balles, écrasées par des véhicules blindés, et tabassées avec des matraques. Milipol est, à l’instar des expositions coloniales, l’image d’un monde où l’oppression est de mise.

Lionel Raymond

Le RIRe - BP 2402 - 13215 Marseille cedex 02 - Tel et fax 04 91 90 25 04
lerire@wanadoo.fr

(1) Doha, capitale du Qatar, l’avait accueilli en 1996, en 1998, puis en 2000. Ce pays est aussi l’hôte de la prochaine rencontre ministérielle de l’OMC, non pas pour sa maîtrise de la mitraille, mais plutôt pour son paisible désert.


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