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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°3 - Novembre 2001 > Rencontre avec AC ! Limoges

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Rencontre avec AC ! Limoges


Le journal No Pasaran continue de vous présenter des collectifs qui conçoivent la politique comme une action au quotidien. Ce mois-ci, le groupe AC ! (Agir Ensemble contre le Chômage) de Limoges revient sur le mouvement des chômeurs et ses pratiques politiques, parfois avec une ironie grinçante et provocatrice, mais qui fait toujours mouche.


No Pasaran : Si on commençait par les présentations ?
Marc :
J’ai une trentaine d’années. Je n’ai pas de travail fixe. J’alterne les périodes de travail avec les périodes chômées, volontairement, parce que ça me laisse plus libre de faire ce que je veux. Mes activités se répartissent entre la musique et le militantisme à AC !, ou dans d’autres structures éventuellement. De quoi s’occuper toute l’année ! J’ai dépassé le stade de la dépendance au travail, et je réfute l’idée que, pour survivre, il en faut absolument un. Sans activité salariée, l’équilibre est selon moi plus facile à trouver. Après, c’est une réponse personnelle à une situation personnelle.
image 247 x 225Christophe : Moi je suis un vieux, j’ai même presque la cinquantaine… J’ai une formation de journaliste, et j’ai été vacataire de la Fac de lettres pendant une dizaine d’années. Comme boulot, je prends ce que je peux trouver. La motivation principale, pour moi, c’est le fric. Je milite à AC !, comme mes camarades ici présents, depuis 1994. Je ne suis pas attaché au travail, mais j’en cherche quand même un car j’aime l’argent (rires). Au sujet de mon parcours politique, j’avais déjà milité dans un comité de chômeurs au début des années 80. En fait, j’ai toujours alterné des périodes de chômage, de formation et de boulot depuis ma sortie de prison. Et avant j’ai été aussi fonctionnaire dans l’école élémentaire ; pas longtemps, pendant 3 ans. Je me suis barré car j’en avais marre. Je trouvais le professorat morne, répétitif, autant pour moi que pour les gosses.
Anne : Je suis essentiellement RMIste, depuis que j’ai arrêté la fac. J’ai suivi une formation de menuiserie, entre temps… J’ai pas trop cherché, donc j’ai pas trop trouvé de boulot. Je ne suis pas motivée. Au bout de 15 jours, j’en ai déjà marre, donc bon… Et puis, paradoxalement, je considère que le salariat c’est la facilité. Je vais quand même essayer de travailler un peu plus pour décrocher les ASSEDICS - j’en ai marre du RMI.

Vous avez l’air nonchalant, comme ça. Mais vous avez quand même des activités associatives et militantes. Vous êtes impliqués à votre façon…
Christophe :
Je ne suis pas quelqu’un de particulièrement nonchalant ! À chaque fois que j’ai travaillé, je me suis complètement défoncé dans mon boulot. J’ai même créé mon entreprise, en 1984-85. En fait, c’est la passion ou pas de passion. Quand il n’y a pas de passion, je travaille seulement si j’ai besoin de tunes. On peut vivre avec moins d’argent, c’est le système productiviste qui impose de nouvelles dépenses afin d’assurer sa pérennisation, qu’elles soient obligatoires (augmentation du coût du logement) ou facultatives (société des loisirs). Vous avez l’air d’être très réticent au salariat…
Christophe :
Au niveau d’AC !, on travaille comme une entreprise, à des moments, avec parfois des tâches ingrates. Le plaisir est plutôt dans le résultat. Mais je considère qu’on est en quelque sorte dans la vérité du travail actuel, car on est très réceptif, très mobile. Mais, bien sûr, les finalités ne sont pas les mêmes et nous ne gagnons pas d’argent avec la politique.

AC ! 87 serait-elle une start-up à but non-lucratif ?
Christophe :
Je n’ai rien contre les starts-up. Pour moi, c’est l’économie de la connivence et de l’immatérielle. Le revenu garanti serait adapté à ce nouveau mode de production, en reprenant tout un discours sur les enclosures et le droit de propriété intellectuelle. Dans les années 70, les grèves des OS, le développement de l’absentéisme et la réapparition du sabotage ont entraîné une critique du mode de production fordiste, de la division du travail. Un nouveau mot d’ordre est apparu : faire de la qualité. Les moyens de production ont évolué dans ce sens, en laissant plus de liberté et de responsabilités aux ouvriers, aux employés. Le schéma traditionnel de gestion pyramidale de l’entreprise a changé, et désormais le " post-fordisme " est devenu un des moteurs du capitalisme. Parallèlement à ça, pour contrer les revendications d’ordre salarial, les gouvernants et les libéraux ont maintenu une " masse critique de chômeurs ", qui a servi à maintenir la pression sur les salariés et à faire passer la pilule de leur politique…

Actuellement, l’encadrement est en crise. Le magazine " Liaisons sociales " a publié, dans son numéro de juillet 2001, un long dossier démontrant que la chasse à l’argent et aux responsabilités motive de moins en moins les salariés. Ceux-ci rechercheraient avant tout la qualité de vie, le temps libre afin de pratiquer des activités choisies.
Christophe :
Je pense que la France est culturellement coupée en deux à ce niveau-là, et que la mentalité " années 80 " est encore présente. Cela dit, il est vrai que l’encadrement a pris du plomb dans l’aile ces dernières années.
Anne : Il y a en effet beaucoup de tactique d’évitement de la montée du pouvoir. Les petits chefs ne sont pas pris au sérieux…
Christophe : C’est dû entre autres causes à la montée du niveau scolaire et des capacités d’analyse qui s’ensuivent. Si un cadre, pour justifier de la politique dégueulasse de sa boîte, montre aux autres salariés des bilans, ceux-ci sont désormais capables de le déchiffrer et de trouver les vices de forme. Sinon, le commandement a changé en France.
Progressivement, les chefs sans réelle aptitude sont remplacés par " ceux qui savent " et qui sont capables de conduire des projets…

Passons à un tout autre sujet. Votre association s’appelle " Agir Ensemble contre le Chômage ". Hors le chômage baisse depuis deux ou trois ans… Votre lutte est-elle toujours d’actualité ?
Christophe :
Pendant le mouvement des chômeurs de décembre 97, une revendication forte est apparue : celle du revenu garanti ou d’existence, avec ou sans emploi (ndr : il s’agirait d’un revenu minimal au moins équivalent au SMIC, pour toutes et tous, qui serait complété par le revenu d’autres activités et par diverses formes de gratuité - logement, transports…). Pour nous, la question importante est non pas celle de la possession d’un emploi, mais celle des moyens d’existence, du revenu. Cette revendication va dans le sens du développement de la précarité, qui s’est faite en parallèle avec celle de la baisse du chômage.
Anne : Les chiffres du chômage, on pourrait en discuter longtemps. Ils ont été remaniés maintes et maintes fois, avec de nombreux changements des modalités de calculs. Parallèlement, les contrats intérimaires et CES (ndr : revenu inférieur à 3000 F/mois) car ils sont plus adaptés aux exigences de flexibilité que les CDI. Le problème, pour nous, c’est vraiment les tunes. En avoir ou pas… Une des questions centrales, c’est un revenu fixe et " suffisant pour vivre " pour les précaires et les moins de 25 ans.
Christophe : Le chômage progresse à nouveau et de nombreux plans sociaux sont en cours ou prévus pour cet automne, un peu partout dans le monde. Tout cela, ça me fait penser à la reprise du début des années 90, avec la crise qui s’est ensuivie… Le type d’emploi proposé change, et l’on assiste à un certain retour à la domesticité. Parallèlement à cela, les secteurs publics, comme on les appelle encore, se veulent de plus en plus compétitifs et embauchent eux aussi de la main d’œuvre précaire en grand nombre, dans les hôpitaux, les centres de tri postaux, etc.

Pouvez-vous nous retracer les premières années d’AC ! Limoges ?
Christophe :
En 1993, AC ! se crée au niveau national, sous l’impulsion de syndicalistes de la CFDT oppositionnelle, de SUD, de chercheurs, sociologues, etc. À cette époque, l’unique but d’AC ! était d’endiguer la montée du chômage, alors qu’elle-même ne  image 315 x 211 comptait pas réellement de chômeurs en son sein. En 1994, la première marche nationale décide de passer par Limoges et un collectif AC ! local se crée par la même occasion. Il regroupe alors des anciens du PC, du CCR ainsi que quelques chômeurs et étudiants. À ses débuts, AC ! Limoges a un côté institutionnel très marqué, presque caritatif. La Marche nationale passe à Limoges pour le premier mai, et une grande manif est organisée à cette occasion, avec succès. Nous en profitons pour avoir des discussions avec les marcheurs, qui traversent la Haute-Vienne pendant cinq jours. Ensuite, le collectif des marches reste à Paris ; un réseau se constitue mais sans local fixe…

Décembre 95 a-t-il été un moment fort pour AC ! Limoges ?
Anne :
Non, nous avons été relativement absents de cette lutte car le collectif et la défense des droits de chômeurs ne trouvait pas sa place. La CGT a imposé une chape de plomb à l’occasion de ce mouvement, et nous n’avons pas réussi à trouver d’espace politique… Christophe : En fait, en 1995, AC ! Limoges était moribond. Nous faisions autre chose, tout simplement. Par contre, il s’est relancé en 1996, à l’occasion du contre-sommet du G7 à Lyon. À cette époque, nous avions été invité à la création de SUD Limoges. Dans la foulée, on a monté un collectif - " les autres voix de la planète ". Il s’agissait de mener une campagne politique et aussi de récupérer de l’argent pour le déplacement jusqu’à Lyon. On a donc contacté un cirque afin qu’il fasse une animation dans le centre ville, suivi de débats politiques, de bouffe gratuite distribuée par la Confédération paysanne, etc. En trois jours, on avait vendu tous les billets, malgré de nombreuses pressions politiques notamment de la part de la mairie PS, qui a main basse sur la ville depuis 50 ans. Mais, au dernier moment, ça a fait un flop : toutes les roues des camions du cirque ont été percées et celui-ci n’a pas pu se déplacer jusqu’à Limoges… On a essayé néanmoins de maintenir un maximum d’activités, et nous avons récolté au final suffisamment d’argent pour se rendre en bus à Lyon. Ensuite, en 1997, nous nous sommes rendus via les Marches européennes à Amsterdam. Cette mobilisation a constitué le véritable lancement du collectif, et un autre s’est formé à Guéret, en Creuse, autour de personnes que l’on ne connaissait pas auparavant. À cette époque, on avait aussi enchaîné trois jours d’actions débridées, lorsqu’une marche de chômeurs toulousains était passée dans la ville… Anne : Des jeunes SDF se sont joints à nous. Ils se battaient pour pouvoir s’exprimer dans la rue et pour d’autres revendications de type quotidiennes, comme celle de l’eau potable ou de l’accès gratuit aux chiottes. Quant tes seules ressources sont celles de la manche, ce sont des revendications importantes. À cette occasion, on a posé la question du revenu beaucoup plus fortement.
L’autre moment important de l’année 97, pour AC !, a été son premier camping. Réalisé sans véritable logistique, dans un joyeux bordel, il a permis de fixer l’identité de notre réseau. On a abordé plusieurs thématiques : le transport, le revenu, le travail, les questions d’urgence (les coupures d’électricité)… On a aussi peaufiné une semaine d’urgence sociale, avec toute une stratégie à la clé, pour le début de décembre 1997. Mais on ne pensait pas qu’elle déboucherait sur un tel mouvement…

On en vient au mouvement des chômeurs de l’hiver 1997/98…
Christophe :
À Limoges, on a centré notre semaine d’action sur la question des coupures d’électricité. On est donc rentré en force à EDF, où il y avait une réunion des crabes de la direction avec des militants de la CGT. On a foutu le souk et mis la pression sur les cadres. Avec la CGT EDF, par contre, le courant est tout de suite passé. On a signé une charte avec eux sur le refus des coupures, avec l’idée supplémentaire d’un service public géré par les travailleurs et les usagers… Anne : Après arrivent les vacances de Noël. AC ! national demandait des occupations dès le lundi avec une date d’occupation nationale le mercredi. Pendant ce temps-là, une ASSEDICS limousine était déjà occupée, celle de Brive, par un collectif de deux associations. Cela a été une motivation supplémentaire. Le mercredi venu, nous étions une quinzaine à nous diriger le matin vers l’ANPE, car c’est l’administration la plus proche de notre local. Là, il y avait deux mecs de la CGT chômeurs qui tractaient un appel à un rassemblement devant les ASSEDICS le jour même. Nous, on leur a répondu qu’on venait occuper l’ANPE. Ils étaient sidérés... On est alors rentré en force et on a commencé l’occupation par une intervention devant les médias, suivie d’une AG où l’on s’est mis d’accord pour aller au rassemblement de la CGT. Devant les ASSEDICS, on est tombé sur les salariés de la CGT, qui ont trouvé notre arrivée sympathique car " ça changeait de la routine ". Il y avait également des copains, quelques gens de la LCR, des enseignants… La CGT avait déjà bouclé son scénario : ils attendaient leur élu, en réunion avec le directeur des ASSEDICS. Celui-ci devait " claquer la porte ". Le problème, c’est qu’il en a mis du temps, pour claquer cette porte. Nous on a attendu, puis on a perdu patience, puis on s’est agacé et on s’est dit "on y va". Les copains ont poussé des slogans. On est rentré et on a grimpé les escaliers ; mais au dernier étage nous ne pouvions pas rentrer parce qu’il fallait un code. On a attendu. Tout le monde gueulait des slogans, ça résonnait "Qui sème la misère récolte la colère", c’était impressionnant. Un cadre a fini par sortir. Il a accepté de recevoir une délégation. Nous, on a refusé.
Christophe : C’était tout le monde ou personne. Ou alors, les cadres descendaient dehors pour discuter, ce qui était impossible pour eux. Pendant ce temps, tout le monde continuait à gueuler des slogans. À la fin, on fait mine de rentrer en délégation, puis on fonce tous ensembles dans le tas et nous parvenons à rentrer dans le local de l’ASSEDICS. Les cadres ont fini par lâcher prise, dégoûtés. Après, c’était ambiance camping avec la logistique de la CGT, les matelas apportés, les premières courses, etc. L’occupation a duré quatre jours, dans une atmosphère bonne enfant. Le lieu était ouvert aux quatre vents, afin que l’on ne s’enferme pas dedans. Des AG permettaient la prise de décision. Les occupants s’alternaient pour faire des sorties vers l’extérieur afin de distribuer des tracts. Au niveau de la logistique, nous bénéficiions de celle des ASSEDICS, fax, téléphone et photocopieuses, ce qui nous permettait de maintenir des liens avec les lieux occupés par les collectifs de chômeurs de la France entière…

Comment cette occupation s’est elle terminée ?
Christophe :
Le samedi, nous avons organisé les assises de la précarité, qui ont eu un franc succès : une foule d’associations et de chômeurs présents, les médias également. Le soir, les CRS sont venus évacuer le lieu, en nous chargeant violemment. L’un d’entre eux a néanmoins été assommé par une pile d’annuaire tombée du troisième étage. Un malencontreux accident : un camarade avait cru le moment choisi pour vérifier la théorie d’Archimède.

Et c’est alors la fin du mouvement ?
Christophe :
Non, il a repris de plus bel quelques jours plus tard. Nous avons en effet occupé la mairie de Limoges, avec une base de soixante personnes. Dès le début de cette occupation, le mouvement a enflé et a commencé à devenir réellement populaire. La mairie a été métamorphosée en gigantesque squat, avec ses dortoirs, ses lieux de vie, ses salles de commission…

C’est allé loin !
Anne :
Nous avons eu à cette occasion des promesses sur les transports gratuits et sur un local ; promesses en parties tenues.
Christophe : Mais de graves tensions ont commencé à apparaître, notamment avec un groupe de personnes qu’on appelait " les individuels " et qui semaient la zizanie. Après notre départ de la mairie, les occupations se sont enchaînées, notamment avec l’occupation de la CCI. Suite aux occupations, six militants dont quatre d’AC ! ont été assignés au tribunal, mais la mobilisation a été très forte dans la rue et la plainte a été levée. Néanmoins, le mouvement a commencé à s’essouffler…

Quelles ont été les causes de la fin du mouvement ?
Christophe :
La CGT n’avait pas de vision ni de stratégie d’ensemble, et elle était divisée en trois factions : les hyper-staliniens de la coordination communiste, la CGT chômeurs en tant que tel et l’appareil. Ce dernier a considéré que le mouvement devait s’arrêter avant qu’il n’aille trop loin, et ils se sont repliés sur les manifestations autour des 35 heures comme moyen de combattre le chômage. C’est pour cela que nous, nous avons hésité à y aller. Dans les manifs contre le chômage on était en tête du cortège, mais pour les 35 heures nous nous sommes mis en queue, avec nos propres revendications, pour marquer notre différence.
Anne : Il y a eu des violences à notre encontre, qui auraient pu très mal tourner, de la part des "Individuels" (1). Après, il y a eu l’occupation du Crédit Lyonnais, dont on a été évacué assez vite, ainsi que de la Direction Régionale du Travail où l’on a été coupé en deux. La moitié du cortège est rentrée puis un cordon de flic nous a rapidement séparé. On était en plus en face des RG qui en ont profité pour refaire leurs fichiers.

Est-il resté quelque chose du mouvement des chômeurs ?
Christophe :
Sa portée a été quand même forte. Dès ce moment-là, on a été capable d’impulser des actions avec notre seul collectif. Après d’autres mobilisations ont suivi : le déménagement d’un huissier, avec la vente aux enchères de son mobilier sur le trottoir ; l’occupation de l’INSEE pour avoir les vrais chiffres du chômage et de la précarité ; une action à l’ANPE avec des sans-papiers ; rencontre avec les chômeurs de Brive, etc. Certaines personnes son restées. On en a revu d’autres plusieurs mois après, des fausses individualités qui se sont greffées avec nous.
Anne : Quant à ceux que l’on n’a pas revu, cela leur a permis de développer des réflexions politiques assez poussées, me semblent-ils. Ce n’est jamais perdu…

Qu’avez-vous fait jusqu’à aujourd’hui ?
Christophe :
Après, on a diminué petit à petit. Nous avons alors mis en place des permanences, au moins une fois par semaine. Cela permet d’avoir des contacts humains et les autres collectifs savent qu’on est joignable à ce moment-là… Anne : Sinon, on fait de l’autodéfense sociale. Des personnes viennent aux permanences exposer des problèmes, d’ordres administratifs surtout. Nous leur proposons alors de participer à leur défense en menant des actions avec un discours global. Pour cela, nous sommes aussi aidés par des juristes bénévoles et militants. On contacte des personnes du cercle affinitaire, puis après on va sur les lieux du litige pour l’action. C’est de la réplique au coup par coup ! Christophe : on a aussi un courrier mensuel, qu’on envoie à notre cercle affinitaire, une centaine de personnes, pour les tenir informées et maintenir des liens…(...). Anne : Récemment, on a repris des contacts avec la CNT Poitiers, à l’occasion d’actions contre le PARE (Plan d’Aide au Retour à l’Emploi). Tous ces liens vont être renforcés et développés, notamment à l’occasion de la campagne sur les transports gratuits que l’on va mener avec SUD-rail et l’AGEL-Solidarité Étudiante. Christophe : on a aussi une chorale, qui nous permet de faire des interventions culturelles et de rencontrer beaucoup de monde et ce en chantant des textes à caractère social et politique.

Tout cela me fait penser à un livre de Miguel Benasayag et de Diégo Sztulwark intitulé " Du contre-pouvoir ", où toutes ces formes de luttes sont théorisées…
Christophe :
Effectivement, on ne veut pas le pouvoir donc on est bien dans une optique de contre-pouvoir. Contrairement aux partis politiques comme la LCR, par exemple, qui participe à des élections nous on ne représente personne… Par contre, on joue un certain jeu démocratique, qu’on assume. On veut interroger la population, les élus, sur les questions du chômage, de la formation et de la précarité. Les rencontres politiques ne sont pas fixées par un sommet, mais se font grâce au partage d’expériences communes…
En cela, nous sommes contre l’instrumentalisation de quiconque par quiconque… Pour moi, ce rejet de la bureaucratie est viscéral. Considérer des personnes comme des pions qu’on déplace sur un échiquier est une aberration. Non seulement ça ne marche pas, mais les anciens du PCF connaissent bien le genre de dégâts que cela occasionne. La revendication du revenu garanti vient aussi combattre ce type de comportement ; il octroierait les moyens de vivre pour tout le monde, mais aussi permettrait au plus grand nombre de participer à la vie politique.

Propos recueillis par Raphaël

Coordonnées : AC ! 87, 37 rue de la Boucherie, 87000 Limoges. Permanence : les mardis après-midi à cette adresse (téléphone : 05 55 32 58 76)
http://ac87.free.fr
ac87@free.fr

(1) NDR La plupart des Individuels dont parlent Christophe et Anne sont apparus au plus fort du mouvement des chômeurs de Limoges. Après l’avoir divisé, ils ont disparu de la circulation. Personne ne savait qui ils étaient et d’où ils venaient. De là à en tirer des conclusion...


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