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Résistances à l’écranComme chaque mois, voici une sélection partielle (et partiale) de quelques films, plus ou moins récents, jugés intéressants au vu des thèmes sur lesquels lutte le réseau No Pasaran… Pirouli (Paris) Les films chroniqués ce mois-ci
Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures De 1974 à sa sortie en 1985, Claude Lanzmann (qui est aussi Docteur Philosophiae Honoris Causa de l’Université Hébraïque de Jérusalem) travaille sur Shoah, monument cinématographique de 9 heures consacré entièrement à l’holocauste nazi. C’est alors, en 1979, qu’il interviewe Yehuda Lerner, qui fut partie prenante de la seule révolte jamais réussie dans un camp de concentration : à Sobibor, le 14 octobre 1943 à 16 heures. Devant un témoignage si poignant, Lanzmann ne peut se réisgner à l’intégrer à Shoah et décide d’en faire un film à part entière. La première image du film est un très gros plan du visage de Lerner qui explique n’avoir jamais tué avant Sobibor : cet aveu déguisé de meurtre semble presque incongru. Puis défilent des images (récentes) d’un trajet jusqu’à Sobibor, alors que Lerner raconte en voix off son périple jusqu’au camp. Enfin réapparaît le visage de Lerner, pour entreprendre un récit minutieux, minute après minute, de la révolte. Le suspens du récit, tant vanté par les médias, provient d’une identification progressive avec le narrateur. Le premier plan nous le montre très étranger, avec cette référence au meurtre. Puis le trajet, retransmis en caméra quasi-subjective, amorce l’entrée dans le récit, le plongeon au sein de l’année 1943, sur les lieux mêmes de Sobibor. Enfin, la vision de Lerner racontant, séparée de la compréhension effective de ses paroles (la traduction effectuée en direct lors de l’entretien a été conservée telle quelle), augmente petit à petit l’identification au personnage (ses mimiques le rendent de plus en plus humain au fur et à mesure qu’il se replonge dans les évènements). L’effet du propos est alors saisissant. Devant le film, on devient petit à petit ce mystérieux inconnu, qui avoue ne pas avoir tué avant la révolte de 1943. Même cet aveu de meurtre prend peu à peu tout son sens. Cette révolte était nécessaire. Et, face aux questions très intimes de Lanzmann, les propos de Lerner ne cessent de le répéter : non la question du remord ne se pose pas, car il était question de vivre ; non le meurtre ne l’a pas bouleversé, car il n’y avait rien d’autre à faire ; non la question n’était pas d’avoir peur ou pas, mais d’être humain, d’être libre - c’est-à-dire non pas faire ce qu’il voulait, mais faire ce qu’il fallait. La révolte apparaît alors inéluctable, dernier rempart face à l’inhumain, à l’innommable. Non pas qu’il était impossible de ne pas se révolter (très peu de camps ont été témoins de tels mouvements), ou que la révolte ne pouvait pas échouer (Sobibor est le seul lieu où une révolte ait abouti), mais qu’il s’agissait bien dela seule et unique chose à faire. Face à l’horreur du nazisme et de la destruction systématique, seule la révolte était envisageable. C’est en cela que le film de Lanzmann est un grand film. Cette nécessité de la révolte, évidence qu’explique Lerner au cours de l’interview (il n’y avait pas le choix : c’était ne plus être humain ou se révolter, c’était mourir ou tuer), la construction du film la met en scène brillamment. Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures, révèle quelque chose de fondamental, quelque chose qui est à la fois profond et trivial : face à la barbarie, lutter, c’est vivre… Quelques sorties récentes à aller voir : La question, de Laurent Heynemann, tiré du livre éponyme d’Henri Alleg qui raconte la torture pendant la guerre d’Algérie ; Le cas Pinochet, de Patricio Guzman, sur le déroulement de l’affaire Pinochet de 1998 à janvier 2001. Et éventuellement : Documentaire sur des libertaires dans la guerre d’AlgérieOn oublie trop souvent que les réseaux de " porteurs de valises " qui ont soutenu les indépendantistes algériens pendant la Guerre d’ Algérie n’ont pas débuté leur existence en 1957 avec les réseaux Jeanson puis Curiel. Tout d’abord pour son apport à l’histoire de l’anarchisme. L’engagement des libertaires dans les luttes de l’époque est retracé dans très peu de livres, hormis dans ceux de Daniel Guérin ou de Georges Fontenis. Cette absence contente certains libertaires, enfermés dans leur dogmatisme et leur pureré idéologique pour qui le soutien aux peuples opprimés signifie complicité avec le nationalisme le plus étroit. Une résistance oubliée (1954-1957), un film de Daniel Goude et Guillaume Lenormant. Pour commander la vidéo, adresser un chèque de 60 F (50F+10F de frais de port) à l’ordre d’Alternative libertaire à Alternative libertaire, BP 177, 75967 Paris cedex 20. |
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