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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°3 - Novembre 2001 > L’unité des anarchistes en débats…

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L’unité des anarchistes en débats…


Le 22 mars 2001, quelques personnes lançaient un "Appel pour l’unité du mouvement libertaire" (voir No Pasaran n°85)... Depuis, plus de 400 personnes l’ont signé...


image 227 x 187Les 13 et 14 octobre 2001, une centaine de signataires se sont retrouvées à Niort pour débattre des suites concrètes à donner à cette initiative. Ils y réaffirmèrent que l’unité n’était pas l’uniformité mais la diversité, que le sectarisme n’avait fait que trop de dégâts dans le mouvement anarchiste et qu’il était temps d’y agir ensemble dans le pluralisme. Sans remettre en cause l’existence des organisations et de toutes autres structures, ils ont affirmé vouloir s’efforcer de favoriser, de soutenir des dynamiques collectives de lutte tant au niveau local, régional, national, qu’international. Leur objectif est de participer, dès maintenant, à la construction de morceaux d’utopies créatrices afin de proposer un autre futur fondé sur la solidarité, l’internationalisme, l’égalité sociale, pour en finir avec l’exploitation et la domination. Dans cette perspective, ils/elles ont décidé d’organiser, en novembre 2002, les premières assises des Etats Généraux du mouvement libertaire sur le thème du fédéralisme.

Essai de synthèse...

L’hétérogénéité des signatures. La première constatation concernant la variété des personnes participantes est celle de l’âge, ensuite vient celle de la résidence. La seconde remarque concerne l’investissement militant et la longévité dans l’engagement politique libertaire, celui-ci est très diversifié. Parmi les personnes présentes, les 2/3 environ, sont membres d’organisations anarchistes (FA, Réseau No-Pasaran, AL, OCL, CNT, collectifs autonomes...). Il y avait peu de femmes aux rencontres de Niort, à peu près 10% seulement. Nous sommes loin de l’égalité.
Pourquoi elles/ils ont signé l’Appel ! Il s’agit la plupart du temps de démarches individuelles, mais il y a eu aussi des démarches collectives. On peut noter la présence d’ancien/ne/s militant/e/s qui se remobilisent à l’occasion de cet Appel. Il y a déjà beaucoup de pratiques unitaires locales, qui se font sans trop de problèmes. Parmi les raisons évoquées pour s’inscrire dans la démarche collective initiée par cet appel, il existe un souhait, pour certaines personnes, de redéfinir socialement et idéologiquement le mouvement libertaire. Il s’agirait alors d’aller vers un dépassement de ce qui existe actuellement. Beaucoup de personnes se sont prononcées contre le cloisonnement et le sectarisme. Il a été constaté que beaucoup de personnes partent dégoûtées au bout de quelques temps à cause de cela. Il s’agit d’une " déperdition " de personnes militant/e/s, qui est néfaste au développement du mouvement anarchiste. Le besoin d’avoir des espaces de débats, des lieux de confrontations, de réflexion a été une attente répétée de nombreuses fois. Si la démarche pour l’unité libertaire pouvait commencer de répondre à ce manque chronique, ce serait bien. Pour d’autres personnes, ou parfois les mêmes, il est important de parler de la crise du mouvement libertaire. Cette crise implique, à leur avis, de se poser la question du renouveau du mouvement libertaire. La nécessité de sortir des mythes (Espagne 36, Commune de Paris …) a été soulignée.La fracture entre les ancien/ne/s et les jeunes semble poser une difficulté. Les jeunes refusent d’assumer les vieilles querelles. Le besoin de coordination dans notre mouvement a été un souhait presque unanime.

Quelles attentes vis à vis de ces rencontres de Niort pour l’unité du mouvement libertaire ? Pour certains et certaines, il n’y a pas spécialement d’attente, car l’unité leur semble irréalisable. La prise en compte de la diversité du mouvement libertaire est une nécessité pour beaucoup de gens. Les divergences sont alors perçues comme une richesse et non un handicap. On peut déjà commencer à les assumer en faisant l’état des lieux de ces différences. Le refus de la pureté idéologique a été souligné. Ce refus ne signifie pas que nous allons accepter n’importe quoi, mais de noter que la volonté de pureté idéologique est un bon moyen pour se diviser et s’affaiblir. Pour un certain nombre de personnes, il est important de ne pas mettre en avant systématiquement de l’étiquette politique. Il s’agit plus de diffuser largement les idées anars et de les mettre en oeuvre dans nos pratiques sociales et politiques. Le dynamisme propositionnel en terme d’actions et de pratiques collectives est un souhait presque unanime. Être contre ne suffit pas, il faut pouvoir amener un projet de société alternatif au capitalisme contemporain. La mutualisation de nos ressources humaines et matérielles (compétences, finances, etc.) est une attente très souvent exprimée. Cette mise en commun de nos capacités peut permettre une efficacité politique plus importante. La recherche d’un projet social et culturel libertaire est un souhait plusieurs fois évoqué. Ce projet se doit de veiller à sa crédibilité. Pouvoir répondre au désir de politique semble un axe important aujourd’hui. La dimension internationale, avec notamment le réseau Solidarité Libertaire International, est une attente affirmée plusieurs fois. Visibiliser et valoriser les expériences alternatives concrètes. Beaucoup de signataires souhaitent que soit mises en avant la convergence avant l’urgence. Le fait de pouvoir travailler de façon solidaire est une attente assez générale. L’unité entre libertaires est aussi souhaitée et désirée pour pouvoir s’ouvrir sur l’extérieur du mouvement libertaire stricto sensu. Cette attente est formulée au travers de l’idée de pouvoir peser politiquement et de pouvoir un jour élargir notre influence, de pouvoir enfin sortir du fait minoritaire. Soyons créatifs ! Car comme le dit Gilles Deleuze : "Résister, c’est créer !".
Des lignes de fracture. Il existe visiblement une différence d’appréciation sur le besoin ou non d’une recomposition du mouvement libertaire. Le besoin de stratégies communes est un autre sujet de divergences.

Quels enjeux ? Quels projets ?

Pouvons-nous mettre en oeuvre des initiatives communes ? Il semble possible de mieux diffuser l’information, afin de développer la transversalité dans nos pratiques (peut-être un journal, une revue des revues ?). Un annuaire libertaire est un projet qui paraît assez facile à réaliser. L’idée d’États Généraux thématiques est une notion fédératrice qui semble à notre portée. Pour cette initiative future les thèmes de l’éducation, des transports et de la santé sont mentionnés. Sur le plan des actions, plusieurs idées sont émises : le sommet de Bruxelles en décembre 2001, le salon Eurosatory, les élections l’année prochaine, le Forum ou le Contre-sommet à Séville en 2002.

Babar

- Pour en savoir plus : les textes issus de la rencontre de Niort sont disponibles en ligne .
- L’appel à signer est toujours ouvert : rejoignez-nous ! Adresse de contact : Roger Noël, Les Colombiers, Route de la Cotinière, 17310 St-Pierre d’Oléron, libertaire@swing.be

Les premiers pas effectués à Niort ne doivent pas nous faire oublier que de nombreuses réticences existent pour une convergence entre les différents regroupements libertaires. A l’heure actuelle, l’incapacité des libertaires à mettre en commun leurs forces tant d’un point de vue politique que matériel pour développer la résistance "Contre la guerre, pour la Justice" symbolise bien tous les obstacles à franchir pour créer des dynamiques collectives qui n’enlèveront rien à la spécifité et à la légitimité de chaque organisation, mais créeront les conditions politiques pour que les idées et pratiques libertaires puissent peser réellement dans les mouvements sociaux, dans des espaces alternatifs, et dans l’élaboration d’un mouvement anticapitaliste révolutionnaire.

Laurent


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