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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°3 - Novembre 2001 > L’Etat sacrifie la santé des femmes

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L’Etat sacrifie la santé des femmes


Le 13 octobre, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Paris à l’appel du Comité de défense de la gynécologie médicale. Elles réagissaient face à la disparition annoncée d’un acquis de la lutte des femmes, une régression à laquelle participe la " réforme Kouchner ".


En mars 2000 déjà, une manif à laquelle avait participé le réseau No Pasaran, dénonçait l’abandon de cette spécialité médicale. Depuis 1986, celle-ci n’est plus enseignée dans les écoles de médecine qui privilégient la gynécologie obstétrique et chirurgicale. Conséquence : alors qu’il reste 2 000 praticien-nes à l’heure actuelle (il faut prendre rendez-vous un mois à l’avance), dans dix ans, il n’y en aura plus que 500.
Dans les années soixante, IVG et contraception obligent, de nouvelles structures dédiées aux femmes sont nécessaires. Alors qu’il n’existait que des gynécologues obstétriciens, une profession voit le jour, à 87 % féminine, qui effectue un travail hors du cadre hospitalier, essentiellement de prévention et basé sur la confiance. Aujourd’hui, 6 millions de Françaises consultent régulièrement, dont 69 % de femmes d’ouvriers. Et les résultats sont là : une baisse de 30 % de la mortalité par cancer du sein des femmes après 50 ans ; un développement de la contraception ; une prise en compte des problèmes hormonaux de la vieillesse… Grâce à cette particularité française, seules 14 % de Françaises ont subi l’ablation de l’utérus contre 46 % des Anglaises !
Et pourtant c’est au nom d’une uniformisation européenne des diplômes médicaux que les autorités éliminent une discipline indispensable pour les femmes. Ce sabotage est surtout dû à une volonté d’établir un système de santé rentable économiquement. Il s’appuie sur un lobby de médecins pro-chirurgie pour qui les gynécos de proximité sont des " mémères à frottis " dont la spécialité trop clinique et trop personnalisée (!) est digne de mépris. Autre aspect inadmissible de l’affaire : le projet gouvernemental du système de médecin référent pour remplacer le vide médical ainsi créé. La patiente devra consulter exclusivement (y compris pour son suivi gynécologique) un généraliste qui aura eu deux mois de formation spécialisée, si elle ne veut (ou ne peut) avancer les frais. Aux oubliettes la liberté de choisir ! Et bienvenue à la médecine à deux vitesses (une fois de plus) !
Dans son projet actuel, B. Kouchner ne tient pas compte des revendications des femmes et maintient un diplôme commun en gynécologie obstétrique et médicale. Les besoins en personnel des services de maternité sont certes urgents, mais la santé des femmes doit être prise en compte même si elles ne choisissent pas d’être reproductrices. Notre santé nous appartient, elle ne se brade pas !

Leila

Pour plus d’infos : le site du Comité de défense de la gynécologie médicale : www.multimania.com/cdgm


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