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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°3 - Novembre 2001 > BOUCHERIE D’HIER et BUSHERIES D’AUJOURD’HUI

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BOUCHERIE D’HIER et BUSHERIES D’AUJOURD’HUI



1914. Ouvriers et paysans désertent ateliers et labours et gagnent les tranchées. L’honneur de la patrie est en jeu ; on prédit une victoire éclatante et rapide... le conflit durera quatre ans : quatre années de violence, de misère et de haine.
En 1914, le mouvement ouvrier révolutionnaire a subi sa plus terrible défaite, victime de l’hystérie nationaliste, de l’esprit revanchard. Les prolétaires qui n’avaient pas de patrie se sont enchaînés aux appêtits de puissance et de domination de leur bourgeoisie nationale. Et au sein du mouvement ouvrier, cette dernière a trouvé un allié précieux : la social-démocratie, bien heureuse qu’on l’appelle à la rescousse pour défendre un Etat qu’elle rêvait de conquérir et une Nation qu’elle prétendait incarner.
En 1914, le "Monde" a changé de siècle. les vieilles puissances Européennes ont scellé leur destin en choisissant de se faire la guerre. Elles ont ainsi fait des Etats-Unis d’Amérique la première puissance mondiale.
Le 11 septembre 2001, le "Monde" a peut-être changé de siècle. En s’attaquant à quelques édifices symboliques de la superpuissance américaine, les auteurs des attentats ont ébranlé la suffisance des nations prospères. (...) Que personne ne soit dupe ! Nos gouvernements démocratiquement élus ne s’embarrassent guère des droits des êtres humains quand, hors de nos frontières, ils défendent " nos " intérêts en soutenant des régimes corrompus et impopulaires, en permettant aux multinationales de piller encore et toujours les richesses des pays du Sud. La barbarie n’a ni couleur de peau, ni religion attitrées, elle est une des formes que prend la lutte pour le pouvoir économique et politique. Et l’assassinat brutal, spectaculaire et médiatisée de plusieurs milliers d’Américains ne doit pas nous faire oublier que chaque jour ce sont 35 000 enfants qui décèdent victimes de la faim et de l’absence de soins, de cette barbarie qui s’appelle "capitalisme" ou "loi du marché".
Après Saddam Hussein, Slobodan Milosevic, le "Nouvel Hitler" a pour nom Ben Laden. L’islamiste "fou de Dieu" a remplacé le communiste "sanguinaire" comme représentation du Mal. Mais cela est sans importance : l’ennemi c’est avant tout l’Autre, quand bien même cet Autre est issu du ventre fécond de la politique étrangère des grandes puissances. Car l’islamisme radical n’est pas né de rien : il est le fruit de la crise sociale et politique dans laquelle nombre de pays composés essentiellement de Musulmans sont enlisés depuis des décennies ; crise sociale qui fait vivre dans la misère des centaines de millions de personnes ; crise politique qui se traduit par une répression féroce à l’égard de celles et ceux qui refusent de vivre à genoux. Les islamistes n’ont fait que récupérer et instrumentaliser les frustrations des populations arabes, de l’Iran à la Palestine, en passant par l’Algérie. Par opportunisme, le gouvernement américain a soutenu les "Fous de Dieu" afghans et pakistanais dans leur lutte contre l’invasion soviétique ; aujourd’hui, c’est la population des États-Unis qui récolte les fruits amers de cette politique étrangère meurtrière.
En 1991, Georges Bush Senior annonçait fièrement l’avènement d’un Nouvel ordre mondial basé sur le droit, la justice et l’économie de marché.
L’heure était à l’optimisme : l’Irak était à genoux, le bloc soviétique à terre. Et la principale zone pétrolifère mondiale sous protection. Si le "Monde" a changé, il a changé en cela : deux blocs ne se font plus face et ne se font plus la guerre par guerillas interposées.
Mais la paix promise s’est tranformée en une effroyable succession de conflits armées : éclatement de l’ex-Yougoslavie, multiplication des guerres civiles en Afrique (Rwanda, Liberia, Zaïre...). En une décennie, la plupart des pays pauvres se sont enfoncés encore plus dans la crise économique et le malaise social : une crise économique dûe notamment au poids insurmontable de la dette et aux politiques libérales imposées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ; malaise social qui se traduit par une exacerbation des luttes pour le pouvoir, la multiplication des bandes armées et la montée en puissance des radicalismes religieux.
Ce Nouvel ordre mondial est en réalité un beau désordre et cela ne doit Rien au hasard. Le but des Etats, et notamment des Etats puissants, capables de peser sur la scène internationale, n’est pas la Justice mais l’Ordre. Il faut que l’Ordre règne, c’est-à-dire que leurs intérêts politiques et économiques soient préservés des aléas de la vie internationale. Tant que ce Monde sera régi par la loi des Etats, celle des multinationales, du Profit et du sacro-saint marché, il vivra ainsi, au rythme de l’évolution des rapports de force entre Grandes puissances (installées dans leur arrogance et contrôlant la planète par FMI, Banque mondiale, ONU et OTAN interposés) et les puissances moyennes ou émergentes, désireuses de se faire une petite place sous le soleil capitaliste.
C’est pourquoi il faut dire "Non à la guerre ! Non aux fauteurs de guerre !"
- Car la guerre ne résout rien : elle frappe les peuples, les rend plus misérables encore et réceptifs aux discours populistes, chauvins et religieux ;
- Car la guerre n’est jamais une opération de " Justice " : elle oppose des États, des stratégies politiques, des appétits de pouvoir et de domination.
Il faut dire Non à la guerre ! Non aux profiteurs de guerre ! (...) Construisons un autre futur en prenant nos affaires en main !
Groupe de résistance et d’opposition à la guerre (Nantes)


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