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AccueilJournalNuméros parus en 2005N°37 - Février 2005 > L’Afrique, un - continent riche - appauvri par - le Pillage

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L’Afrique, un - continent riche - appauvri par - le Pillage



Lors de son arrivée au pouvoir en 1958, De Gaulle se trouve confronté au mouvement mondial anticolonial. Ne pouvant aller contre le sens de l’histoire, il décide d’accorder l’indépendance aux colonies françaises, à l’exception de ce que l’on appelle aujourd’hui les Territoires d’Outre Mer. Mais, pour maintenir la dépendance de ces états nouvellement indépendants, il charge Jacques Foccart de mettre en place des structures parallèles*. Ces structures n’ont pas seulement maintenu une domination économique, mais également une domination politique, sociale, militaire, culturelle, etc., formant un véritable système d’inféodation.

Un nouveau système d’exploitation de l’Afrique par la France se met donc en place. Il fallait exploiter ce continent tout autant que par le passé, mais, il était désormais nécessaire de mettre en place un nouveau mode d’organisation qui choque moins les esprits parce que moins visible. La Françafrique n’est pas un système qui fonctionne de manière unilatérale, dans le sens où elle repose aussi sur une connivence avec les chefs d’état/dictateurs africains. Ceux-ci y trouvent leur compte parce que le système françafricain est un bon moyen de permettre un enrichissement personnel. En même temps, c’est la garantie d’un soutien politique et militaire qui a parfois pu rendre de bons et loyaux services...

La Françafrique prend donc l’aspect d’une nébuleuse où se croisent et s’entremêlent des acteurs économiques (Elf, Bolloré, Bouygues...), politiques (réseaux Foccart, Pasqua, Mitterrand...) et militaires. La Françafrique renvoie à une multiplicité de réseaux et de lobbies qui ne visent qu’à l’enrichissement en pillant les ressources africaines. Pillage des ressources directes sous forme de matières premières mais aussi détournement des ressources extérieures que sont les aides publiques au développement. L’opportunisme règne en maître.

Evidemment, pour assurer sa pérennité, ce système ne supporte aucune publicité. Son fonctionnement doit être le plus opaque possible afin de garantir à ses acteurs d’agir en toute impunité, ce quelles qu’en soient les conséquences pour les populations. D’ailleurs, en France qui connaît vraiment les implications de la France dans le génocide rwandais de 1994 ? L’opacité touche jusqu’à nos très respectables médias français qui ne pipent mot sur les crimes françafricains. Quoi qu’il en soit, laissez faire implique une part de responsabilité.

Comme on le voit, la Françafrique partage quelques traits de caractère avec le système mafieux... Tout comme ce dernier, la Françafrique tient en horreur tout ce qui touche de près ou de loin à l’idée de démocratie... Par conséquent, les premières victimes sont évidemment les africains parce que comme nous l’évoquons plus haut, les réseaux françafricains seront le plus souvent d’un soutien sans faille aux dictateurs et autres fantoches.

Aujourd’hui et depuis plus de 40 ans, la Françafrique a été un des plus gros obstacles opposé au désir de liberté des peuples africains. Aujourd’hui, la Françafrique n’est rien d’autre que la forme française du néo-colonialisme. Une forme mouvante au gré des événements et des intérêts. Et la France n’est pas le seul pays occidental qui tente d’arracher une (grosse) part du (gros) gâteau africain.

Voilà la réalité recouverte par ce que l’auteur François-Xavier Verschaves désigne sous la dénomination hybride de Françafrique.

Un peu plus de 10 ans après le génocide rwandais, en pleine crise ivoirienne, il nous semblait nécessaire de revenir sur les responsabilités françaises en Afrique. Pas seulement pour se remémorer le passé, mais aussi pour convaincre qu’un génocide tel que l’a vécu le Rwanda pourrait se répéter ailleurs. Certes avec des modalités et des acteurs différents mais, avec un résultat tout aussi tragique. Le combat contre la Françafrique ne se joue pas exclusivement en Afrique. Nous aussi avons un rôle à tenir ici. Botter le cul de ceux qui nous dirigent est le moins que l’on puisse faire... Nos devenirs sont intimement liés, la justice sociale n’existera ici que quand elle sera une réalité là-bas. La décolonisation n’est terminée que dans les livres d’histoire de nos lycées. A nous d’agir.

* Le réseau Foccart a dominé la scène françafricaine pendant quarante ans, au service de de Gaulle puis de Jacques Chirac


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