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AccueilJournalNuméros parus en 2005N°37 - Février 2005 > Les bêtes des Vosges : quand les sangliers se prennent pour des dragons

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Les bêtes des Vosges : quand les sangliers se prennent pour des dragons



Neuf membres des Jeunesses Identitaires étaient poursuivis pour « incitation à la haine et à la discrimination raciale » suite à un collage massif dans la région d’Epinal. Les affiches « Islamistes hors de France », « Face à la racaille, tu n’es plus seul », « Européen et fier de l’être », « Immigration invasion, les jeunes disent non », ne sont pas passées inaperçues au milieu des sapins à la douce odeur de bonbons vosgiens. Leur garde à vue a été suivie de perquisitions aux domiciles. Des armes ont été trouvées.

ll faut remettre cette affaire plutôt banale dans le contexte vosgien. Haut lieu d’excitation néo-nazie, les petites montagnes de l’Est sont les témoins réguliers des frasques politico-sordides d’une partie de sa population. Pour mémoire, rappelons-nous le solstice d’hiver 1999, où le FN local (son délégué régional Douissard et son responsable FNJ Christophe Klein) organisait une petite sauterie nazie où tous les rasés des monts se rendirent avec moult bras tendus et propos antisémites. Ils passeront en procès, une vidéo de la soirée tombant dans les mains de la justice.Rappelons-nous la virée en septembre 2002 de Stéphane Bisot et Jérôme Laurent - à l’époque membres d’Unité Radical - qui, prétextant devant le juge être venu en Alsace pour la journée du patrimoine, se rendaient en fait à un concert nazi en commémoration de la mort de Ian Stuart (sur l’invitation de Stéphanie Fontanié ancienne MNR aujourd’hui à Alsace d’Abord). Arrivés en avance, ils feront un crochet par le seul camp d’extermination présent en France et situé au Struthof pour gribouiller des saloperies négationnistes. Ils se feront chopper par le gardien des lieux rappelons nousrappelons nous.rappelons nous. Nous pourrions multiplier les exemples des nombreuses péripéties, rassemblements, concerts, bagarres de baloches à bûcherons qui émaillent la chronique judiciaire vosgienne. Mais revenons à nous moutons.

Début janvier, la fine fleur des Jeunesses Identitaires champêtres comparaissait devant le tribunal correctionnel. Le groupe était défendu par Bonneau de Toulouse. Avocat d’extrême droite, il profitera de sa plaidoirie pour en faire une tribune politique. « Richard Durn, l’auteur de la tuerie de Nanterre, était membre de la Ligue des Droits de l’Homme. Pourquoi n’a-t-elle pas été dissoute ? » Le bavard travaille également pour une association France-Palestine et dans le cadre d’une association de défense des prostituées bulgares et roumaines sur Toulouse. Soutenus dans la salle d’audience par quelques boneheads tout déguisés et des têtes connues comme Christophe Klein, les accusés, penauds, ont tenté de justifier leurs engagements politiques. Délicat pour Creusot Rémy du bled de Xertigny, âgé de 19 ans et leader du groupe, de justifier les trouvailles des pandores à son domicile : outre les munitions et la poudre noire, des photos le représentant bras tendu en tenue de combat, des portraits d’Adolf (pas son grand père, celui de « La chute »). Heureusement qu’il ne s’est pas présenté au procès avec son T-shirt à l’effigie de la division Charlemagne, ça aurait fait désordre. Celui-ci expliquera avoir, dans le passé trouble de son adolescence perturbée, éprouvé de la fascination pour la Seconde guerre mondiale mais avoir aujourd’hui « un engagement politique mature ». Son père, présent, a dû être rassuré.

Le plus drôle est la carte d’identité « des Trois Dragons » retrouvée sur lui. Il expliquera que l’association « des Trois Dragons » a pour objet de défendre et promouvoir la culture celte. Lui même est, tenez-vous bien : Grand Chevalier de l’Ordre des Trois Dragons ! Désormais faudra envisager ses randonnées dominicales armé d’une lance de St Georges  ! On avait déjà vu, à la grande époque, des croix celtiques et autres dérivés de croix gammées être brûlées lors de sauteries vosgiennes, mais là on se met à frissonner à l’idée de croiser au coin d’une grange, une troupe de « chevaliers » déguisés avec les draps blancs de maman et des chapeaux pointus ridicules.Remarquez, ce serait l’occasion de leur demander le rapport entre

les Celtes, le KKK, les Vosges et le Moyen Âge. Mais revenons à nos moutons Sir Creusot, Grand Chevalier de l’Ordre des Trois Dragons, expliquera également devant le tribunal avoir « trouvé » le fusil Mauser qu’il a refourgué à son pote facho Zamaron Patrice, âgé de 22 ans et résidant à Château Neuf. Ce dernier n’est pas le seul à avoir commis une infraction sur les armes puisque son copain Identitaire Dupont Mathieu, 20 ans, de Vaxoncourt, possédait un pistolet à grenaille avec ses cartouches. Tout cet attirail certainement pour flinguer un des dernier lynx de la vallée, accusé par les chasseurs de décimer le cheptel de chevreuilà moins que les dragons Mais revenons à nos moutons ! Dernière brebis galeuse intéressante, un petit gars de 31 ans, Perry Mickaël, ancien du PNFE, déjà attrapé par les pandores locaux en 1996 après avoir griffonné de saloperies négationnistes le livre d’Or du camp d’extermination du Struthof. Vous me direz avec raison : « ils font toujours la même chose ces idiots ! ». Ben ouaih, c’est pas facile d’être original. A noter tout de même l’effort d’originalité de la petite bande de colleurs (et colleuse : Martin Léa de Viviers-le-Gras) d’affiches en allant recouvrir les murs de Rebeuville ! Bravo ! Mes respects mon Chevalier. Presque aussi bien que les cinq abrutis (en novembre dernier) qui s’étaient photographiés, toujours dans l’enceinte du camp, en train de tendre le bras à côté du four crématoire et qui ont eu l’idée de faire développer les photos dans un magasin. Mais revenons à nos moutons !

Les joyeux drilles qui tous jurent ne plus être des néo-nazis, d’avoir renoncer au nazisme pour devenir des « Identitaires » (le juge : « c’est quoi pour vous un identitaire ? » réponse « c’est quelqu’un qui veut se rendre utile aux autres en les protégeant des délinquants en tous genres » le juge «  alors moi aussi je suis identitaire ? ») écoperont pour sept d’entre eux d’un mois avec sursis et le propriétaire du Mauser choppera le double. Le chevalier Creusot, défenseur des celtes et des blonds aux yeux bleus se prendra 3 mois de sursis.

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