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AccueilJournalNuméros parus en 2004N°35 - Décembre 2004 > Raconte-moi une histoire...

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Raconte-moi une histoire...



Oubliez vos clichés sur les américainEs, sur l’histoire de ce pays ! Howard Zinn en lançant ce pavé (pas loin de 800 pages) atteint plusieurs objectifs. Il remet en question la notion d’Histoire. Celle-ci, officielle, n’est jamais que l’histoire que les vainqueurs se racontent, puis imposent comme vérité unique à leur propres troupes et aux perdants. Par la construction de son récit, transversale et chronologique, il laisse apparaître l’enchaînement implacable des défaites, des renoncements, des trahisons des exploités qui ont permit aux puissants de forger le pays selon leur intérêts. Au fil des pages on comprend comment ces faits ont été récupérés, digérés par un système et celles et ceux qu’il sert.

Howard Zinn dépeint les mouvements de résistances qui ont jalonné la construction de l’hyperpuissance d’aujourd’hui. Ce sont souvent les tendances les plus radicales qui servent de guide à l’auteur pour ce voyage dans le temps. L’auteur, enseignant en histoire et en sciences politiques à l’université de Boston, commence son histoire par l’arrivée des européens sur les terres occupées jusqu’alors par des sauvages. Dès ces premières années, l’historien s’appuie sur une documentation riche pour étayer ses propos. Tous les mythes qui fondent aujourd’hui le socle de cette nation sont mis à mal : les pères fondateurs, la constitution, la guerre de session... ne sont que le reflet des aspirations des élites politico-économique. Tout au long de son récit, il s’escrime à dépeindre les solidarités que les classes exploitées ont imaginé afin de résister au rouleau compresseur. On découvre d’un chapitre à l’autre une Amérique bien différente de l’image que renvoie ses dirigeants. Des grèves de plusieurs dizaines de milliers de travailleurs, des actions directes et d’autres qui de nos jours seraient dites de désobéissance civile, des espoirs, des drames (on ne compte plus les massacres de celles et ceux qui ont eu la volonté de
résister)... Tout cela dessine un pays qui aurait pu devenir socialiste (au sens révolutionnaire du terme). Mais au fur et à mesure qu’on avance dans la chronologie, se met aussi en place, par petites touches, les mécanismes d’un système entièrement dédié à la puissance de la Nation et la construction même de cette chimère dont seul les plus riches tirent profit.
On comprend comment les réactions mesurées des réformateurs, les trahisons d’une partie des exploités et leur intégration dans le capitalisme... ont permis à certains gouvernants, d’affiner les méthodes de contrôle dans le but de stabiliser le système. On voit se dessiner, en liés et déliés, les strates du pouvoir.
Plus on avance dans le temps et dans l’oeuvre de Zinn, plus il semble que les mouvements d’oppositions se font rares, face à une mécanique de mieux en mieux huilée... Car la précision du mécanisme capitaliste semble évacuer toute possibilité d’émergence de la vie. L’énumération des luttes et des réactions conduit parfois à une vision trop mécaniste des événements... menant inexorablement aux USA de Bush. Heureusement, on se rend compte également qu’il y a toujours eu, même dans les moments de forte pression, des sursauts biologiques qui viennent gripper la machine.
On peut tout de même reprocher un traitement plutôt rapide des mouvements actuels... mais il s’agit là plus d’une frustration née de l’aboutissement de cette balade au fil des mots.
Toutes ces évolutions sont rendu visibles par le travail de lecture historique de l’auteur mais également par le fait que les USA se sont construit en niant l’histoire des peuples qui vivaient sur ces terres auparavant. Il s’agit alors de savoir déchiffré les histoires dont les puissants bercent leurs esclaves, l’Histoire qu’ils ont écrite sur des pages rendus blanches à force de sang.

Riposte

Une histoire populaire des Etats-Unis, de 1492 à nos jours, de Howard Zinn, aux Editions Agone. 28 euros. Disponible à REFLEX/No Pasaran (+ 2 euros de port).


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