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Amérique indienne
Les Etats-Unis se sont construits sur un
génocide non reconnu. Le génocide des peuples
originaires de l’Amérique : les
amérindiens. Ce sont plus de 600 peuples qui ont subi et
qui subissent encore la colonisation et l’exploitation de
leurs terres. Malgré plus de cinq siècles de
guerres, de massacres, de maladies et de politiques
d’assimilation, les peuples amérindiens continuent
à résister à l’Amérique de
Georges W. Bush.
Le nombre
d’amérindiens avant la conquête est
estimée entre 4 à 8 millions de personnes
pour les Etats-Unis. Environ cinq siècles plus
tard, à la fin des soit disantes « guerres
indiennes », le recensement de 1896 ne
dénombrait que 254 300 amérindiens encore
vivants. Même en tenant compte du fait que les
épidémies consécutives à
l’arrivée des colons européens ont
ravagé des populations entières, ces
chiffres sont accablants et démontrent
qu’il y a bien eu un génocide. Un
génocide non reconnus dans l’histoire
officielle des Etats-Unis.
La conquête de
l’Ouest
Jusque dans les années
1830-1840, l’Ouest des Etas-Unis demeure le
domaine des Indiens. La déportation des tribus
amérindiennes de l’Est par les troupes
américaines vers le « Territoire indien »
(une bande de terre au centre des USA « accordée
» aux amérindiens) marque le peu
d’intérêt que les colons
européens portent à cette région
jugée trop aride pour être cultivé.
Tout change en 1848 avec la
découverte de l’or en Californie
(où là aussi de nombreuses tribus vont
disparaître, exterminées pour la folie de
profit des colons). Depuis les grandes villes de la
côte Est des USA, des dizaines de milliers de
colons vont s’élancer vers l’Ouest.
S’en suivront de nombreux accrochages avec les
peuples amérindiens qui habitaient les grandes
plaines des Etats-Unis. Ces accrochages vont se
transformer en de véritables guerres avec
l’envoi des troupes américaines,
envoyées par le Congrès américain
pour protéger l’avancée de leurs
colons. Ces guerres vont se terminer en 1890 par un
triste et célèbre massacre : le massacre
de Wounded Knee, où plus de trois cents
Sioux-Lakotas désarmés vont être
massacré par les mitrailleuses Hotchkiss du 7e régiment de Cavalerie. Les morts
(hommes, femmes et enfants) dépouillés de
leurs vêtements, sont jetés dans une fosse
commune.
C’est le dernier massacre
que les amérindiens ne pourront jamais oublier.
Survivre et résister
Fin XIXe siècle, les
Indiens s’efforcent à survivre. Ils
réussissent à retarder les retarder les
effets dévastateurs de la Loi de Lotissement des
Terres de 1887 (Loi Dawes) qui partagent les
réserves en propriété
privées afin de briser le concept de
propriété collective de ces
communautés. Le but étant de les
transformer les amérindiens en de petits
fermiers pauvres et de déstructurer leur mode de
vie traditionnel.
En 1917, le gouvernement oblige
les amérindiens des grandes plaines à
vendre leurs troupeaux et à cultiver des
céréales sous le prétexte que
l’Amérique manque de blé, comme si
les récoltes de quelques amérindiens sur
les terres infertiles de leurs réserves allaient
sauver l’Amérique d’une
pénurie d’ailleurs totalement illusoire.
En 1920, les cours du blé s’effondrent et
laissent les peuples amérindiens dans la
misère la plus totale. Dans un soucis
assimilationniste, la citoyenneté est
accordée à tous les Indiens des
Etats-Unis en 1924, marquant soit disant «
l’achèvement de leur intégration à
la nation américaine ». Mais en fait, ces
derniers resteront écartés de ce que
certains qualifient de « rêve
américain ».
Renaissance indienne
En 1950, le gouvernement
américain passe une Loi ayant pour but de
démanteler les réserves indiennes et de
déplacer leurs habitants vers les grands centres
urbains. Les Indiens sans terre sont fortement
incités à aller « tenter leur
chance » dans les villes. On leur promet des
emplois bien payés, des logements pourvus du
confort moderne. On donne au candidat au départ
un billet de train et un petit pécule qui leur
permettra de tenir quelques semaines. Le gouvernement
veille à rendre les réserves invivables
afin de décourager les Indiens d’y rester.
Les routes, les maisons ne sont plus
réparées, on ne construit plus.
Les amérindiens ne
trouvent pas en ville les conditions de vie
agréables décrites dans les brochures du
gouvernement. Ils logent dans des taudis.
L’Indiens est toujours embauchés le
dernier. Il n’a ni les connaissances
professionnelles, ni le mode de vie adéquat pour
s’en tirer dans le monde des Blancs. Beaucoup
d’Indiens finissent dans la rue, dans les centres
d’accueil des institutions charitables, dans les
bars ou en prison. Le taux de suicide est
énorme, l’alcoolisme galopant dans la
communauté, à la mesure de la
déception et du désespoir.
C’est en 1968 à
Minneapolis que des Indiens Chippewa vont fonder
l’American Indian Movement (AIM), une
organisation inspirée de
l’expérience du Black Panther Party mis en
place par les africains-américains, qui se
propose d’organiser la défense des
habitants des quartiers indiens contre les exactions
policières et racistes. Leur volonté
d’améliorer le sort des Indiens des villes
est sous-tendue par la nécessité de se
battre pour la culture et les droits des populations
autochtones de ce pays en se basant sur les 250
traités signés avec le gouvernement
américain, des traités qui n’ont
jamais été respectés par ce
dernier. Les raisons de lutter, les jeunes militants de
l’AIM iront les chercher dans les
réserves, chez les derniers tra
ditionalistes qui ont toujours
refusé de se soumettre au monde dominant des Blancs. Le
mouvement acquiert ainsi une force et une
légitimité sans pareilles. L’AIM
étant un mouvement pan-indien qui essaime sur tous les
Etats-Unis et le Canada, il prend une place importante dans
l’histoire moderne des peuples amérindiens.
La lutte de l’American Indian
Movement
Du 27 février au 8 mai 1973
se déroule l’occupation du hameau de Wounded Knee
par les traditionalistes Oglala Lakota et l’AIM. Ces
derniers seront encerclés par le FBI et la police de
l’Etat du Dakota du Sud, équipés et
conseillés par des militaires du Pentagone. Cette
occupation se termine tragiquement par la mort de deux membres
de l’AIM tombés sous les balles des policiers.
Elle s’achève également à
l’issue de promesses faites par le gouvernement
américain qui ne les honora jamais. A partir de
cette période, la violence s’intensifie contre les
membres et supporters de l’AIM, dont 64
d’entre eux vont être assassinés en
toute impunité sur la réserve de Pine Ridge entre
1973 et 1976. De plus, le FBI procéda à 562
arrestations liées à l’occupation de
Wounded Knee, mais n’ouvrit jamais aucune
enquête sérieuse sur ces meurtres violents. En
1975, Leonard Peltier, un militant Lakota/Anishinabe,
s’engagea avec d’autres membres de
l’AIM à protéger et à aider la
famille Jumping Bull résidant sur la
réserve et étant menacée par la police
tribale. Le 26 juin 1975, deux agents du FBI, Jack Coler et
Ronald Williams pénétrèrent sans
mandat avec leurs voitures sur la propriété
privée des Jumping Bull sous prétexte
d’y arrêter un jeune indien accusé du
vol d’une paire de bottes de cow-boy. Dans
l’atmosphère de violence et de psychose
quotidiennes qui régnait alors, l’intrusion
des deux étrangers a déclenché un
échange de coups de feu nourri qui laissa pour
morts un jeune Indien, Joe Killsright Stuntz et les deux
agents. L’intervention immédiate de plus de
150 agents du FBI, de Marshals, de troupes
fédérales d’intervention
armée, de la police tribale qui étaient
alors massés à proximité laissa
à penser que cet incident était
préparé à l’avance. Avec des
moyens et des armes rudimentaires, Leonard Peltier et ses
compagnons ont couvert l’évacuation des
femmes, enfants et personnes âgées qui
constituaient alors la majorité des résidents de
la propriété des Jumping Bull.Une fois tous
enfuis, il s’ensuivit alors une des plus grandes
chasses à l’homme menées par le
gouvernement des États-Unis. Il faut noter que le jour
précédant la fusillade le gouvernement tribal
(hostile aux actions de l’AIM et aux ordres du
gouvernement américain) a négocié en
secret et en toute illégalité le transfert
de 76200 acres du territoire de la réserve au
gouvernement fédéral dans le but d’y
exploiter un gisement d’uranium.
À la suite de ces
évènements, le FBI utilisant son programme de
contre espionnage interne (le COINTELPRO)
entreprend de déstabiliser et
neutraliser l’AIM. Leonard Peltier est
arrêté, inculpé des meurtres des agents et
condamné à deux peines de prison à
perpétuité alors qu’il n’existe
aucune preuve de sa culpabilité. Depuis 1976, Leonard
Peltier clame son innocence. En 1981, grâce à la
Loi de Liberté d’Information, sur 30 000 pages
détenues par le FBI, ses avocats en obtiennent la
déclassification de 12000. Dans ces pages se trouvent de
nombreuses preuves des malversations du FBI dont un rapport
balistique stipulant que l’arme attribuée à
Leonard Peltier n’est pas l’arme du crime. Au vu de
ces nouveaux éléments, un demande pour
l’obtention d’un nouveau procès est
déposée. Le gouvernement américain
reconnaît alors qu’il « ne peut pas prouver
qui, en particulier, a tué les agents. »
Malgré cela, à cause d’une
« technicité judiciaire », la demande
d’un nouveau procès est rejetée. Leonard
Peltier est devenu le symbole de la résistance des
peuples amérindiens aux USA.
Aujourd’hui,
l’Amérique indienne
Aujourd’hui, les amérindiens
continuent à survire dans ce qu’ils appellent leur
cauchemar américain. Bien que la période de
répression des années 1970 se soit
atténuée, ils vivent toujours dans une
pauvreté endémique sur leurs réserves et
font toujours face à la discrimination et au racisme au
quotidien. En plus des politiques gouvernementales, les peuples
amérindiens continuent à lutter pour
préserver leurs cultures et leurs droits. Depuis la
crise énergétique, ils font face à un
nouvel ennemi : les multinationales, qui n’ont de cesse
de vouloir les exproprier de leurs terres pour exploiter
charbon, gaz, pétrole et uranium qui dorment sous la
terre de leurs réserves. Il est de plus en plus
difficile de survivre pour un amérindien, un
africain-américain, un xicano, un pauvre dans le monde
de Bush.
Comme l’a écrit un indien
Mohawk de l’Etat de New York : « Mon regard sur
l’histoire des Etats-Unis est différent : nous ne
devons pas accepter la mémoire des Etats comme
étant la nôtre. Les Nations ne sont pas des
communautés égalitaires et ne l’ont jamais
été. L’histoire de tout pays, qui serait
présentée comme l’histoire d’une
famille, cache de féroces conflits
d’intérêts qui explosent parfois
mais, le plus souvent, sont réprimés
entre conquérants et conquis, maîtres et esclaves,
capitalistes et travailleurs, dominants et dominés par
la race ou le sexe. Alors dans un monde de conflits de cette
sorte, un monde de victimes et de tortionnaires, il appartient
à ceux qui réfléchissent, comme l’a
indiqué Albert Camus, de ne pas être du même
bord que les tortionnaires. »
Sylvain , CSIA-Nitassinan
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