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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°5 - Janvier 2002 > Entretien avec trois jeunes Palestiniens

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Nantes

Entretien avec trois jeunes Palestiniens


A l’invitation de différentes associations (France Palestine, CEMEA, Enfants réfugiés du monde, la Maison des Citoyens du Monde, l’ACCOOR et l’association Bien Jouer), la venue de trois jeunes Palstiniens a été organisée à Nantes et Saint-Nazaire. Ces trois personnes font partie de l’institut Canaan qui s’occupe d’action sociale à Gaza. Les actions mises en place par l’institut ont pour but de s’occuper des jeunes de Gaza et de d’organiser une vie sociale démocratique. Le but de ce voyage était d’informer tout un chacun de la réalité des évènements se déroulant dans les territoires occupés, mais aussi de participer à un stage de formation d’animateur afin d’échanger des expériences dans un domaine qu’ils et elle conaissent bien. Nous avons rencontré deux de ces personnes. Salwa et Rafat ont donc répondu à nos questions, avec le concours de Mélodie de l’association France Palestine.


No Pasaran : Pouvez-nous parler du quotdien dans les territoires occupés ?

Solwa et Rafat : Les palestiniens se battent pour leurs droits, on leur a pris leur terre, 86 % des palestiniens sont des réfugiés. Le plus difficile, c’est de circuler entre les territoires. Les israëliens ont construit des routes qui partent des colonies et qui leur sont réservées. Les routes palestiniennes coupent celles des colons. Ceux-ci étant prioritaires, les palestiniens sont bloqués à des barrages où ils peuvent attendre 2, 3 ou 4 heures qu’un colon passe. A ces carrefours, tout a été rasé, arbres, maisons afin de n’offrir aucune possibilité de se mettre à l’abri pour les palestiniens. Ces barrages sont équipés de feux et de miradors d’où les soldats pointent les véhicules. Il est interdit d’être seul dans sa voiture, car ils ont peur que nous nous fassions exploser. Il se forme donc à ces barrages de longues files d’attente où les enfants viennent vendre plein de petites choses ( boissons, cigarettes…) pour se faire un peu d’argent. Ils se vendent en tant que passagers pour que les personnes seules dans leurs voitures puissent passer les barrages sans se faire prendre pour des terroristes.

Qu’attendez-vous de votre visite en France ?

Ce n’est pas nous à titre personnel qui sommes venus en France mais à travers nous c’est le peuple palestinien qui à un message à délivrer à la France et à tout l’occident. Nous sommes là pour dire ce qui se passe en Palestine, pour témoigner et inviter les gens à venir constater par eux-mêmes la réalité des choses.

Vous êtes en France depuis quelques semaines, quelles sont vos réactions par rapport aux informations données par la presse française ?

Les médias comptent les morts de chaque côté. C’est bien d’informer sur ce qui se passe en Palestine, mais les informations sont partielles, ou même fausses. image 315 x 212Les médias mettent les palestiniens et les israëliens sur le même plan, et présentent ça comme une guerre, mais ce n’est pas une guerre. Une guerre, c’est la confrontation entre deux armées, les palestiniens n’ont pas d’armée . Les israëliens ont des avions, des tanks et ils s’attaquent à un peuple, ce n’est pas une guerre.

Est ce que les événements du 11 septembre ont changé quelque chose pour les palestiniens ?

Non, la situation était déjà très difficile pour nous et depuis elle est pire. La lutte contre le terrorisme est devenue un nouveau prétexte pour Sharon, c’est tout ce qui a changé. Nous avons eu très peur que des palestiniens revendiquent cet attentat car nous étions conscients que la Palestine pouvait disparaître en quelques minutes. Nous avons fait une minute de silence… Nous sommes les premières victimes du terrorisme, nous comprenons donc bien ce qu’ont vécu les victimes.

Que pensez-vous des derniers événements qui ont vu s’opposer des palestiniens et la police palestinienne lors d’arrestations de militants du Hamas et donc de la politique d’Arafat ?

Arafat a été élu, il a donc la légimité, mais il n’a pas beaucoup de solutions, s’il arrête les militants, que l’on présente comme des terroristes, il risque de créer une révolte sociale et s’il ne fait rien la communauté internationale dira qu’il ne combat pas le terrorisme et donc Israël pourra continuer sa " guerre contre le terrorisme " .

Que vous apporte la venue d’étrangers en Palestine ?

Le fait qu’ils viennent voir par eux-mêmes ce qui se passe, j’insiste, c’est très important. Mais aussi parce que cela nous redonne espoir, l’envie et le courage de lutter, de continuer à parler, à raconter la souffrance du peuple palestinien et de la jeunesse.

Dans quelques jours vous allez rentrer chez vous, avez-vous des inquiétudes à ce sujet ?

Evidemment, nous sommes un peu inquiets pour 3 raisons : la première, c’est que nous sommes palestiniens, la seconde, c’est que nous sommes venus en France pour parler de la situation en Palestine et enfin la troisième, c’est que nous en avons beaucoup parlé. Peu de temps après notre départ, la frontière avec l’Egypte a été fermée. Près de 500 personnes sont restées bloquées, ne pouvant pas rentrer chez elles pendant plusieurs jours. Nous avons su, il y a quelques jours, que cette frontière avait été réouverte. Mais nous savons que nous risquons d’être arrêtés à notre retour de France à n’importe quel check point israëlien.


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